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Tract de l’OCL Île-de-France pour le 8 mars

Pas de révolution sociale sans libération des femmes
Pas de libération des femmes sans révolution sociale !

mercredi 6 mars 2024, par OCL Paris


Les femmes, des travailleurs pas comme les autres

Avoir obtenu l’inscription de la « liberté » de l’avortement dans la constitution française ne doit pas faire oublier que cette année a été une année difficile du point de vue du droit des femmes au niveau mondial. L’avortement a été remis en cause dans plusieurs pays. En France, le moins qu’on puisse dire est que #metoo n’a suscité de réprobation ni dans le milieu établi du cinéma, ni du côté du gouvernement (ah ! L’exception française !). Ces mêmes autorités françaises qui ont réussi à partiellement vider de son sens une loi européenne sur le viol. Cela donne l’occasion de rappeler que notre société est bien une société patriarcale (domination instituée des hommes sur les femmes). C’est le travail reproductif fourni en grande partie par les femmes qui produit et forme des travailleurs (santé, éducation). C’est le travail domestique gratuit qui permet aux travailleurs de retourner travailler. C’est la plus faible rémunération des femmes qui permet de dégager des profits supplémentaires. Les travailleuses ne seront jamais des travailleurs comme les autres tant que la division sexuelle du travail mettra à disposition du patronat le corps et le travail domestique des femmes en même temps que le travail de tous.

Les femmes de ménage n'ont pas de femme de ménage

Le patriarcat touche toutes les femmes, toutes peuvent être exploitées, déconsidérées, violentées, échangées entre familles, prostituées. Mais une femme peut aussi très bien louer les bras d’une autre et se payer ses services : femme de ménage, domestique, gouvernante, cuisinière. Les patronnes ne font pas de cadeaux à leurs employé·e·s des deux sexes. Elles se regroupent même en lobby pour défendre leurs intérêts de femmes riches et briser un plafond de verre qui est bien trop haut pour qu’il nous concerne, comme dans les conseils d’administration des grandes entreprises. Dès lors qu’une femme a du capital, elle cherche à le faire fructifier, quitte à exploiter d’autres femmes. Les patronnes sont des patrons comme les autres, fussent-elles dominées en tant que femmes, et nous ne sommes pas dans le même camp.

Genres et classes…

Pour abattre ce monde de merde, et en finir avec l’exploitation sous toutes ses formes, il faut donc penser le patriarcat à partir d’une position sociale, la position de celles et ceux qui, avec ou sans travail, sont exploité·e·s, et ne pas se perdre en alliances avec les bourgeoises, ou borner notre horizon au fait pour quelques unes de parvenir en sortant du lot. Toute position féministe qui ne combattrait pas l’exploitation capitaliste revient donc à maintenir en place un système qui exploite femmes et hommes, qui bénéficie du travail gratuit ou sous-rémunéré des femmes, et donc uniquement à négocier des places au soleil pour les quelques femmes nanties.

… et « races » ?

Trop souvent, sous couvert d’intersectionnalité (imbrication des différentes dominations), les luttes contre les différentes dominations sont fragmentées en des groupes séparés, mises toutes à égalité, et liées à des identités qu’il s’agit de défendre, que ce soit le genre, la « race », l’invalidité, l’orientation sexuelle, la transidentité, la religion… La parole du groupe perçu comme dominé aurait plus de valeur que celle des autres, vus au mieux comme des alliés, au pire comme des ennemis (potentiels) en raison de leur couleur de peau (les « Blancs »), de la supposée adéquation entre sexe et genre (les « cis ») ou de leur validité. La seule perspective d’émancipation sous-entendue repose alors sur les épaules de chaque individu, qui devrait déconstruire ses supposés privilèges et utiliser le « bon » vocabulaire pour ne pas froisser une catégorie. La perspective d’une lutte commune de tou·te·s les exploité·e·s partageant un intérêt commun (mettre fin à ce monde de merde) s’efface au profit de la demande de reconnaissance et d’intégration de groupes particuliers.

Lutter ensemble, à égalité

Il ne s’agit pas de nier les discriminations existant au sein des classes laborieuses, ni de repousser la lutte qui s’impose contre elles aux calendes grecques. Au contraire, ces questions doivent être posées et débattues, tous et toutes ensemble, à égalité, car construire une nouvelle société implique de construire dans la lutte les rapports égalitaires que nous souhaitons voire advenir. La supposée « race » ou la religion avalisent, comme des frontières, la domination, l’exclusion, l’autorité aussi bien dans qu’entre ces groupes. À l’heure où les puissants cherchent à détourner la colère sociale vers des boucs émissaires, c’est au contraire l’égalité de toutes et tous et la solidarité entre tous et toutes qu’il faut affirmer, et certainement pas des identités qui nous séparent les uns des autres.

Peut-on choisir d'être une femme ?

Un vif débat au sein du féminisme concerne la possibilité ou pas de s’identifier individuellement à un genre ou l’autre, comme c’est désormais le cas au Royaume-Uni ou en Espagne. Toutefois, le fait de pouvoir choisir à quel genre on appartient revient à nier une inégalité qui se mesure et se construit à partir d’un fait biologique (naître femme ou homme). Les luttes féministes ont au contraire toujours affirmé que la construction du genre (auparavant appelé sexe social) reposait sur des rapports sociaux entretenus par l’État, par l’économie, par des structures de pouvoir matérielles (famille, école, entreprise, médecine, services sociaux, loi) et idéologiques (maternité, infériorisation), qui ne peuvent être détruits par un changement individuel d’identité. Abolir les différences sociales entre les hommes et les femmes, et donc abolir la violence sexuelle, les inégalités matérielles… ne peut se faire qu’en identifiant ces structures et en luttant contre elles.

Travailleurs de tous les pays, qui lave vos chaussettes ?

Les hommes tirent tous un bénéfice matériel du patriarcat (accès au corps des femmes, temps libéré…), mais on aurait tort de ne les présenter que comme une classe homogène d’ennemis. Le pouvoir de nuisance d’un bourgeois est démultiplié par ses ressources, son influence, son impunité. De plus, le revers de la médaille, la virilité, est un fléau dont les hommes ont tout intérêt à se débarrasser. Quel homme n’a pas souffert de l’impératif d’être fort, insensible, performant (dans tous les domaines), de devoir s’imposer pour exister ? Éducation des filles ET des garçons, pour des relations libres et humaines entre femmes et hommes !
Le féminisme de lutte des classes n’est pas une abstraction
La libération des femmes n’est pas un grand principe lointain. C’est dès aujourd’hui qu’elle se construit. Tout à la fois en soutenant les travailleuses en lutte, omniprésentes dans les métiers du « care » (et ailleurs : nettoyage, santé, éducation), en participant aux luttes (hôpitaux de proximité, éducation à la sexualité, avortement libre et gratuit, groupes d’entraide matérielle et morale…) qui permettent aux femmes le contrôle de leur corps et de leur sexualité – et en luttant pour des meilleurs revenus pour tous et toutes.


Le patriarcat, c’est de la merde.
La capitalisme, c’est tout pareil.
D’une pierre, deux coups : révolution !

Groupe OCL Île-de-France

P.-S.

Pour télécharger le tract format pdf :

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