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A propos du hezbollah

vendredi 1er décembre 2006, par Courant Alternatif

La quasi-totalité de la presse s’est largement questionnée, au cours du dernier conflit au Proche Orient en juillet août 2006 sur la nature exacte de cette entité se faisant appelé le Hezbollah, apparu comme le gagnant inattendu face à la suprématie de l’armée israélienne jamais démentie à ce jour. Cet article est la suite du précédent publié dans Courant Alternatif No 162 en octobre 2006. Celui ci avait abordé de manière partielle la réalité du Hezbollah. Ce nouvel article se propose d’éclaircir ce qui fait débat dans l’ensemble du mouvement de soutien aux peuples du Proche Orient. En effet, au nom du soutien à la résistance du peuple libanais, peux-t-on soutenir un mouvement se revendiquant clairement national religieux ?


Rappel historique

L’instauration de la République islamique en Iran, en février 1979, et la politique d’exportation de la révolution pratiquée au début par le nouveau pouvoir ont été, à l’évidence, le principal catalyseur du développement de la mouvance intégriste chiite dans le pays. Lorsque l’Ayatollah Khomeyni prit les commandes à Téhéran, des groupuscules islamistes chiites étaient déjà actifs au Liban, mais à une échelle réduite. Il s’agissait essentiellement du Rassemblement des ulémas de la Békaa, des " comités islamiques ", et de la branche libanaise du parti chiite irakien al-Daawa (dont sayyed Mohammad Hussein Fadlallah se faisait le porte-étendard au Liban). Cette nébuleuse s’est maintenue jusqu’à l’opération israélienne " Paix en Galilée ", en juin 1982. La rapide percée des troupes de l’armée israélienne jusqu’aux portes de Beyrouth a incité ces groupuscules chiites à mener des opérations ponctuelles de résistance. Les rangs de cette mouvance intégriste ont été renforcés durant ce mois de juin par l’apparition d’une dissidence au sein du mouvement Amal, dirigé par Nabih Berry depuis la disparition de Moussa Sadr en Libye, en août 1978. À la suite de la décision de Nabih Berry de faire partie du Comité de salut formé en juin 1982 par le président Élias Sarkis (et regroupant le chef du gouvernement, Chafic Wazzan, ainsi que Béchir Gemayel et Walid Joumblatt), plusieurs responsables et cadres rentreront en dissidence en créant le mouvement Amal islamique.
Ce mouvement politico-religieux chiite est donc le produit d’un double mouvement identitaire, religieux et politique.
Identitaire,parce qu’il a réussi à exploiter le fait que les chiites, qui représentent près du tiers de la population essentiellement dans la partie sud du Liban, ont longtemps été considéré comme citoyens de seconde zone et que le parti Amal de Nabih Berri, miné par la corruption, ne défendait pas ou trop peu les intérêts de cette communauté.
Religieux,parce que la référence à l’islam est une constante dans le discours et le projet politique de cette structure, en particuliers à travers l’affirmation d’appliquer la charia dès que cela sera possible.
Politique, rassemblant plusieurs tendances - le " Amal islamique " (une dissidence d’Amal) et la branche libanaise du parti Daâwa -, il va rapidement s’imposer socio-politiquement et militairement en évinçant son rival chiite Amal du sud du Liban en 1987 et du sud de Beyrouth en 1988, n’hésitant pas à affronter l’armée syrienne alliée d’Amal, avant de se lancer dans une résistance armée contre l’occupation du sud du Liban par Israël entre 1990 et 2000. Dans les zones qu’il contrôle, il impose un ordre social religieux comparable à celui de l’Iran des mollahs. On peut considérer à ce jour que le Hezbollah est un état dans l’état, ce que a bien compris Israël.

Les principes de base constituant le projet politico religieux

  • L’islam constitue la ligne de conduite globale en vue d’une vie meilleure. Il représente le fondement idéologique, pratique, de la pensée et de la foi sur lequel devrait être bâtie la nouvelle formation politique.
  • La résistance contre l’occupation israélienne est une priorité. Il est par conséquent nécessaire de créer une structure adéquate pour le jihad et de mobiliser toutes les potentialités nécessaires sur ce plan.
  • Le commandement revient au Guide Suprême (à l’époque l’Ayatollah Khomeyni), en tant qu’héritier du Prophète et des imams. C’est à lui que revient la charge de définir les grandes lignes de l’action au sein de la nation (islamique), et ses décisions sont contraignantes.
    À la lumière de ces trois principes fondamentaux, les responsables des groupuscules chiites multiplieront les réunions et les débats internes afin de jeter les bases de la nouvelle formation politique en gestation. Ces débats déboucheront sur l’élaboration d’un document politique fondateur. Un comité de neuf - trois représentants du Rassemblement des ulémas de la Békaa, trois des Comités islamiques et trois du mouvement Amal islamique - sera chargé de soumettre ce document au guide suprême. Après avoir obtenu l’aval de l’Ayatollah Khomeyni, les différents groupuscules concernés se sont auto dissous pour former un seul parti fédérateur qui prendra pour nom le Hezbollah.
    Ce processus de fusion a donc été lancé dans le courant de l’été 1982, mais ce n’est qu’à la fin de l’année 1983 que le Hezbollah verra formellement le jour. Le processus ne viendra à maturation qu’au début de 1985 lorsque le Hezbollah dévoilera son premier programme politique.
    Rapidement, la nouvelle formation bénéficiera de l’appui politique, logistique et militaire de l’Iran par le biais, notamment, de l’envoi, via la Syrie, de cadres et d’experts des Gardiens de la Révolution qui mettront sur pied des camps d’entraînement militaire dans la Békaa afin de former les militants du Hezbollah.

Le culte du martyre

Dans un premier temps, entre 1982 et 1985, la mouvance intégriste accordera la priorité absolue aux opérations de résistance contre l’armée israélienne. Malgré le profond déséquilibre des forces en présence, les combattants chiites ont rapidement réussi à porter des coups durs à l’armée israélienne. Ces réussites ponctuelles contre le géant israélien s’expliquent essentiellement par l’importance que revêt la notion de martyre dans l’inconscient chiite.
Le martyre de l’imam Hussein lors de la bataille de Kerbala (680) constitue pour les chiites croyants un mythe, un exemple à suivre au niveau de chaque individu. Le jeune chiite reçoit, dès son jeune âge, une éducation basée sur l’idéal du martyre. Le " numéro deux " du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, souligne à ce propos, dans son livre sur le parti, que " si les gens reçoivent une éducation fondée uniquement sur la recherche de la victoire, qui devient ainsi à la base de leur action, leur lutte contre l’ennemi s’estompera s’ils réalisent que la victoire est lointaine ou incertaine ". " Par contre, précise-t-il, si les gens reçoivent une éducation fondée sur le martyre, leur don de soi a pour effet d’accroître au maximum l’efficacité de leur action. S’ils tombent martyrs, ils auront réalisé leurs vœux. S’ils réalisent une victoire, ils auront obtenu une vive satisfaction au cours de leur vie ici-bas. L’éducation basée sur la notion de victoire ne garantit pas la victoire et inhibe la force potentielle de la nation. Par contre, inculquer la notion de martyre revient à tirer profit de toutes les potentialités, ce qui permet de réaliser le martyre ou la victoire, ou les deux en même temps. Cela ouvre la voie à toutes les possibilités. Inculquer la notion de victoire implique de miser sur les moyens matériels, mais inculquer la notion de martyre a un effet mobilisateur au niveau du moral (de la population), ce qui implique que des moyens limités deviennent nécessaires (pour mener la lutte)". Tomber martyr au service des préceptes de Dieu devient ainsi un honneur suprême pour tout jeune chiite. Et l’objectif sur ce plan n’est pas tant de remporter une victoire militaire directe et immédiate, mais plutôt d’avoir eu le privilège d’être martyr, de s’être sacrifié par amour du Tout-Puissant, d’autant que la vie dans l’au-delà promet le bonheur éternel. Rester attaché à la vie d’ici-bas, motivée par les contingences matérielles, est donc insignifiant devant l’honneur que représente le martyre au service de Dieu. C’est cette profonde divergence au niveau de la valeur accordée à la vie terrestre qui fait toute la différence avec l’Occident, tant au niveau de la perception du sens de la vie que du comportement dans la gestion de la chose publique. " L’Occident, du fait des fondements de sa pensée, sacralise la vie matérielle et y reste attaché, quel que soit le prix, souligne cheikh Kassem. Il n’est donc pas en mesure d’assimiler le sens du martyre. Il est normal que les Occidentaux ne comprennent pas le sens spirituel de l’orientation de l’islam car une telle compréhension ne peut se limiter à la seule perception rationnelle. Elle nécessite de côtoyer de près et d’observer les étapes de la vie des moudjahidine, ainsi que les réalités de la société islamique en général. " La résistance menée par les jeunes de la mouvance intégriste chiite avait ainsi pour élément moteur un cadre socioculturel qui correspond à l’inconscient populaire chiite et qui explique le succès aussi bien de la Résistance que du Hezbollah. Le précédent du Vietnam, en tant que soulèvement populaire contre l’occupant, a constitué sur ce plan un exemple à suivre.
Au-delà de ces péripéties internes, c’est au niveau international que s’effectuera l’identification de ce mouvement, en l’occurrence les attentats suicide contre les marines - 200 morts - et les parachutistes français - 58 morts le 28 octobre 1983-, qui seront clairement attribués au Hezbollah, constituant ainsi son véritable acte de naissance, et cela bien qu’il ne les ait pas tout à fait revendiqués. Et, bien qu’il s’en défende, il ne fait aucun doute que derrière le Jihad islamique auteur d’une bonne partie des 150 rapts de ressortissants étrangers, dont le chercheur français Michel Seurat, se cachait le Hezbollah. Le Parti de Dieu est de ce fait vite catalogué comme " mouvement terroriste " par l’Occident . À partir de 1985, le Hezbollah fait croire à sa mue politique et se transforme en mouvement de résistance politico-religieux, s’interdisant toute action paramilitaire - enlèvements ou attentats - à l’intérieur ou en dehors du territoire libanais. Il est pourtant à peu près certain que le Hezbollah a maintenu son activité de lutte armée, en sous traitant certains attentats revendiqués par d’autres mouvements
Il faut rappeler, à ce propos, que c’est à la suite des attentats du 11 septembre 2001 que le Hezbollah a été placé par Washington sur la liste des organisations terroristes, alors qu’il figurait sur celle des mouvements de libération. Et si l’Iran de Khomeiny l’a aidé financièrement et militairement lors de sa création dans la plaine de la Bekaa, il serait faux de le considérer comme l’instrument des mollahs iraniens ou des " moukhabarat " (services secrets) syriens. En réalité, le Hezbollah s’est surtout affirmé comme force politique et militaire en prenant la tête de la résistance armée contre l’occupation israélienne du sud du Liban entre 1990 et 2000, non sans liquider violemment les autres composantes de la résistance, en particulier les groupes armés communistes.
Dirigé par Hassan Nasrallah, le Hezbollah contrôle plusieurs organisations caritatives : l’association Al-Jarih, qui vient en aide aux blessés et aux handicapés, l’association Al-Shahid, qui prend en charge les familles des " martyrs ", et l’association Jihad et Binaa, qui réhabilite les sites détruits par l’armée israélienne. Il entretient également un vaste réseau d’écoles coraniques, de dispensaires et d’hôpitaux et dispose d’une radio et d’une chaîne de télévision, Al-Manar. Celle-ci a bien tenté de diffuser par le biais de chaînes satellites en Occident, notamment en France où elle était en l’occurrence soutenue par Dieudonné, mais le caractère clairement antisémite de ses programmes n’a pas plu au CSA.
D’un point de vue politique, le Hezbollah a choisi l’option pluraliste. Suite aux élections législatives de 2005, il dispose d’un groupe de 28 députés dont 11 proviennent directement de ses rangs. Il dispose de trois portefeuilles ministériels, dont celui de l’Énergie est occupé par un de ses dirigeants. Enfin et surtout, le 8 juin 2006, il a conclu une alliance politique, dite " Document d’entente ", avec le Courant patriotique libre (CPL) du général Michel Aoun. Document qui stipule que le désarmement de la branche militaire du Hezbollah devra être décidé dans le cadre d’un " dialogue national ". Ce rapprochement inattendu, qui avait pris au dépourvu le " camp anti-syrien ", a radicalement modifié le champ politique libanais. On peut considérer que c’est cette nouvelle alliance - et non la capture de deux soldats israéliens - qui a été l’élément déclencheur de l’offensive militaire israélienne.

Une force avant tout conservatrice

Tout en devenant la voix des déshérités libanais, le Hezbollah est le vecteur d’une idéologie islamiste virulente. Pendant longtemps, le mouvement a été influencé par l’ayatollah Muhammad Hussein Fadlallah, né dans la ville sainte irakienne de Najaf de parents libanais. Il a d’ailleurs fait ses " armes " dans la résistance chiite contre Saddam Hussein, au titre de fondateur du parti Dawa. Plus tard forcé à l’exil, il s’est retrouvé au Liban où il est rapidement devenu le leader spirituel du Hezbollah et la référence obligée d’une grande partie des Libanais. La vision du monde de Fadlallah est restée longtemps volontairement ambiguë. Sans prôner la mise en place d’un État islamique (" impossible dans le contexte multiconfessionnel du Liban " selon l’ayatollah), le Hezbollah s’est aligné sur la révolution iranienne et son code rigoriste et exclusif. Les femmes sont confinées au rôle traditionnel de mères de familles et pour le reste, la vie quotidienne est réglementée par la charia. Parallèlement, le Hezbollah a imposé dans les zones dont il a pris le contrôle une domination sans partage, qui exclut des forces politiques historiquement enracinées au Liban, des organisations de gauche principalement. À plusieurs reprises même, les militants du Hezbollah ont pourchassé et malmené ces autres organisations dans le sud où Hezbollah fait la loi.


Rôle social

Par ailleurs le Hezbollah traite d’affaires sociales par le biais d’hôpitaux, d’écoles, d’une chaîne de télévision et d’orphelinats. Il est le premier employeur au Liban. Suite aux élections législatives de mai-juin 2005, le mouvement a compté 14 sièges au parlement libanais qui en compte 128. On remarque qu’à chaque élection, le mouvement présente des candidats sunnites et chrétiens en plus de candidats chiites. Le Hezbollah est actif principalement dans la vallée de la Bekaa, dans la banlieue sud de Beyrouth et au sud du Liban. Le Hezbollah, par sa présence concrète sur le terrain du social, a pu ainsi développer un véritable clientélisme en répondant aux besoins des populations, ce que n’a jamais pu faire l’état libanais.

La place des femmes

On peut noter que le mouvement a une forte mixité : si seulement quelques femmes ont participé à des actions combattantes, elles sont très nombreuses dans les structures sociales et certaines ont des hommes sous leur direction. Pour autant les cellules féminines sont représentées par un homme à la Majlis Choura (l’assemblée de la consultation - organe directionnel du mouvement - où sont également présents 2 représentants de l’Iran). Selon les dirigeants du Hezbollah, une femme pourrait entrer à la Majlis Choura, mais l’occasion ne s’est pas encore présentée. Le Hezbollah s’est beaucoup fait remarquer dans le monde musulman en étant favorable au Ziouaj el Moutaa (qui n’existe que chez les chiites), traduit littéralement par "mariage de jouissance", aussi appelé mariage temporaire. Comme son nom l’indique cette forme d’union est temporaire et peut ne durer qu’une heure. Cette forme de mariage évite l’adultère car il ne nécessite que le consentement des époux (et du père de l’épouse si celle-ci est célibataire -ni veuve ni divorcée). Dans les années 80, de nombreux islamistes sunnites et politiques ont accusé le Hezbollah de pratiquer une prostitution déguisée.

Un financement controversé

Le groupe est financé principalement par l’Iran et la Syrie, sans doute à hauteur de 7 à 800 millions de dollars par an ainsi que par des fonds privés. Cependant, certaines sources tendent à prouver une source de financement plus occulte. Suite à un coup de filet des polices brésiliennes et équatoriennes, mené le 21 juin 2005, mettant à jour un réseau international de trafic de drogues, des soupçons se portent sur ce mouvement comme éventuelle destination des fonds issus de ce trafic. La fin justifiant les moyens, le Hezbollah n’a aucun scrupule à côtoyer la mafia internationale pour assurer une partie de son financement. De la même manière, on n’oublie pas le financement de l’armée israélienne à hauteur de 70% de son budget annuel par les USA sans négliger le financement indirect par le biais de grandes entreprises américaines dans le cadre d’expérimentations communes de nouveaux systèmes d’armes. On oubliera pas non plus les millions de dollars versés par certaines organisations juives américaines à titre caritatif et qui vont remplir directement pour une bonne partie les caisses du Yesha, structure regroupement les colonies dans les territoires occupés palestiniens.


Le Hezbollah et la gauche libanaise

Comment la gauche a-t-elle pu continuer à travailler avec des groupes comme le Hezbollah, que certains dans cette même gauche qualifient d’islamistes intégristes fascistes ?
Le meilleur exemple est celui concernant la position du parti communiste libanais, le PCL. Ce parti communiste libanais est l’un des partis les plus anciens et les plus sérieux dans la région et était aussi l’un des plus influents. Le PCL, pour ce qu’il en reste, travaille à ce jour main dans la main avec le Hezbollah en s’efforçant d’avoir une alliance critique à l´égard du Hezbollah, sauf que ce parti a largement perdu son influence passée et sert finalement de caution de gauche au Hezbollah. Après 2000, date du retrait israélien du sud Liban, le PCL qui avait encore un peu d’influence, a considéré que le Hezbollah avait gaspillé, pour ne pas dire trahi, la victoire, parce que dans la politique interne libanaise, le Hezbollah s´est allié à ses ennemis, à ceux qui étaient contre la libération, la bourgeoisie néolibérale. A partir de 2003, il envoie régulièrement des gens participer au forum social mondial. Il recherche ainsi une reconnaissance et une crédibilité internationale dans les milieux alter mondialistes pour apparaître comme le seul mouvement de libération du Liban. Dans la foulée se met en place une alliance pratique et politique entre le Hezbollah, le Parti communiste libanais et le Parti du peuple -qui est un parti nationaliste de gauche. Ils se voient régulièrement et ne dissimulent pas les points de divergence. Le PCL par exemple reproche au Hezbollah de n´avoir jamais participé à des manifestations de revendications sociales, alors que sa base est une base composée de pauvres, de paysans, d´ouvriers et de la classe petite-bourgeoise défavorisée au Liban. Ce reproche est complètement justifié dans le sens où le Hezbollah a toujours développé une approche interclassiste en cohérence avec son projet religieux. Et ce n’est pas les pratiques de façade d’être au plus des gens et de leurs préoccupations qui masquera l’absence de contenu de classe de ce parti.
En d’autres termes, la gauche libanaise n’a plus d’autre fonction que d’être l’imbécile utile d’un Hezbollah qui cherche désespérément une reconnaissance au niveau international.
Les mouvements islamistes sont une nébuleuse complexe. Comme chez les communistes et les gens de la gauche, les mouvements islamistes ne sont pas tous les mêmes. Il n´y a aucun lien de parenté entre Ben Laden et le Hezbollah. Il y a des fascistes chez les islamistes comme chez des gens de gauche, mais il y a aussi des gens libérés, progressistes. Cependant, il est peu probable qu’il puisse y en avoir dans le Hezbollah. Celui-ci n´aspire à rien d’autre qu’à être reconnu comme un mouvement de théologie de la libération, d’où sa volonté de travailler avec les communistes, jusqu’au jour où ceux perdront leur utilité et seront liquidés.


En ce qui nous concerne

Suite à l’invasion du Liban par l’armée israélienne en juillet et août dernier, s’est développé le mouvement de solidarité que l’on sait. Mobilisations diverses, manifestations, tracts avec signatures communes. Il était évident qu’en tant que révolutionnaires et donc internationalistes, nous nous devions d’apporter notre soutien et notre solidarité au mouvement de résistance libanais. Devions nous pour autant manifester conjointement dans les cortèges sous les drapeau du Hezbollah ? Sûrement pas. Que la gauche et l’extrême gauche le fasse, il n’y a là rien de surprenant. L’œcuménisme est une valeur montante, au nom de l’unité. Comment pactiser avec un mouvement, même s’il représente la réalité de la résistance, dont les bases sont l’obscurantisme religieux, qui n’a pas hésité à liquider en son temps toute la frange progressiste et laïque afin d’asseoir son hégémonie sur le sud Liban ? Comment cautionner un mouvement dont l’identité se fonde, malgré le pragmatisme de façade, sur un concept religieux situé à des années lumières de nos principes d’émancipation des femmes et de l’individu en général ? Non, pour nous le Hezbollah est d’abord un état dans l’état qui utilise la lutte légitime contre l’état d’Israël comme un moyen devant permettre l’instauration d’un état islamique au Liban. C’est pour cette raison que nous ne pourrons, en tant que libertaires, entrer dans le jeu des confusions cher à la gauche et à l’extrême gauche qui n’a pas hésité à mêler ses drapeaux à ceux du Hezbollah lors des mobilisations de soutien à la résistance libanaise. Notre tâche reste à trouver les capacités autonomes de mobilisation pour le soutien au peuple libanais en refusant l’inféodation et donc l’amalgame avec un parti comme le Hezbollah avec lequel nous n’avons strictement rien à voir et que nous combattons.

Sources :
journal l’Humanité du 24 juillet Hassane Zerrouky
Robert Pape The Observer Août 2006
L’Orient-Le Jour juillet, août 2006
Michel Hajji Georgiou et Michel Touma
N° 77 de la revue Travaux et jours de l’Université Saint-Joseph. Beyrouth.
Wikipédia
BBC news infos en ligne 21 juin 2005

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