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Courant Alternatif n° 257, de février 2016, est sorti

samedi 6 février 2016, par ocl-lyon


{{SOMMAIRE}}

ÉDITO - PAGE 3

DES TAS D’URGENCES

  • PAGE 4 L’exceptionnel risque de devenir la règle

ON VOUS EN CAUSE

  • PAGE 7 Notre-dame-des-landes, le dernier combat
    N° 35 de la revue Réfraction sur l’Ecole
    Le Chiendent, une nouvelle revue syndicale

SANS FRONTIÈRE

  • PAGE 8 Soutenir et aider les roms migrants devient un délit
  • PAGE 12 Une histoire sans frontière (collectif « soutien migrants 13 »)
  • PAGE 13 Appel transnational pour un 1er mars contre les frontières

L’ÉCONOMIE EN BRÈVES -PAGE 15

SOCIAL

  • PAGE 16 Remise en cause du droit du travail

SOLIDARITÉS

  • PAGE 19 Clap de fin pour l’affaire de Labège
    Entartreur contre TGV - Euskadi sud... Clap de fin ?

BIG BROTHER- PAGE 21

VERTEMENT ÉCOLO- PAGE 22

ENVIRONNEMENT

  • PAGE 23 La COP c’est le climat mais le COP c’est la forêt

ENFER TECHNOLOGIQUE

  • PAGE 24 Google au secours du terrorisme salafiste

RÉPRESSION

  • PAGE 26 A ceux qui se croient libres : une vie de taulard, une vie de lutte

LE COLLECTIF CONTRE CULTURE
UN PROJET AUTOGÉRÉ ET VOLONTAIRE- PAGE 28

LUTTES DE LIBÉRATION NATIONALE

  • PAGE 30 Corse, bilan du mouvement nationaliste

INTERNATIONAL

  • PAGE 33 Libye, la descente aux enfers

{{ÉDITO}}

Après les attentats de Paris, F. Hollande : en chef de la nation, décrète que la France est en guerre contre le terrorisme. L’état d’urgence est aussitôt décrété. Certes, il n’a pas l’accent « Pagnolesque » de Pasqua ancien ministre de l’intérieur, qui en 1986 prévoyait déjà de « terroriser les terroristes », ni la hargne de Poutine parlant des tchétchènes en 1999 : « Nous poursuivrons les terroristes partout […] Si on les prend dans les toilettes, eh bien, excusez-moi, on les butera dans les chiottes ». Aussi, le Président flanqué de son martial et viril premier ministre et autres acolytes, s’en vont guerroyer depuis l’Élisée. Après l’Afghanistan et l’Irak, ils bombardent en Libye, au Mali, en Syrie et prochainement de nouveau en Libye contre Daesh. Ici, ils protègent la France et sécurisent les français disentils. Malgré les protestations de La Ligue des droits de l’homme qui déplore : « une grave atteinte aux libertés fondamentales », malgré JJ. Urvoas député PS, qui constate : « l’essoufflement et l’extinction progressive de l’intérêt des mesures », F. Hollande a confirmé qu’il prolongeait l’état d’urgence pour trois nouveaux mois, au prétexte que la menace terroriste n’a pas diminué. L’angoisse protectrice est telle, qu’un projet de loi du gouvernement prévoit même « d’accroître considérablement les pouvoirs de la police ». Des mesures qui n’empêcheront pas un terroriste décidé, d’agir, mais ouvrent la porte à tous les abus et à toutes les dérives. Il en va de même pour la déchéance de la nationalité pour les binationaux ! Malgré les soubresauts provoqués dans la majorité et même jusqu’au sein du gouvernement, Hollande, Valls et les politiciens les plus réacs de droite comme de gauche, admettent que la mesure sera peu efficace et uniquement symbolique. En 2010 répondant à Sarkozy après son discours de Grenoble, Hollande déclarait : « attentatoire à ce qu’est finalement la tradition républicaine et en aucune façon protecteur pour les citoyens ». Impressionner et rassurer l’électeur, est ce qu’ils recherchent. L’état d’urgence comme la déchéance de la nationalité ou d’autres mesures à venir ne sont que des outils prêtes à l’emploi dans la constitution. La crise que traverse l’économie conduit la bourgeoisie à en faire usage pour défendre ses intérêts de classe comme elle accroît ses forces de répressions et militarise la société.

L’état d’urgence cache des tas d’urgences, lit-on ici ou là ! Et, en effet, les pouvoirs répressifs dont l’État se dote, servent les petites urgences du patronat. Si « quelqu’un a un comportement radicaliste, le devoir du chef d’entreprise, comme tout citoyen, c’est de signaler à la police ce comportement... Nous avons recommandé à nos adhérents d’être vigilants sur des dérives radicalistes dans les entreprises » a déclaré le vice président du MEDEF. En effet, quoi de plus naturel, qu’une collaboration étroite entre chefs d’entreprise et services de renseignements, que la délation contre tout salarié dont les idées ou le comportement seraient « suspects ». L’État policier permettra– sans rapport avec l’islam – s’il existe des raisons sérieuses de penser qu’un comportement constitue un danger pour la sécurité et l’ordre public, aux forces policières dotées de pouvoirs énormes de neutraliser et réprimer toute volonté potentielle de contester l’ordre social, dans et hors de l’entreprise. C’est donc bien l’ensemble de la classe ouvrière qui est menacée par l’état d’urgence constitutionalisé et permanent que le gouvernement socialiste impose.

Autre urgence patronale où le président et son gouvernement savent se montrer fermes et prendre les mesures adaptées : la guerre que conduit le patronat contre les travailleurs. Hollande, toujours secondé de son fidèle M. Valls : « qui aime les patrons et l’entreprise », flanqué d’ E. Macron qui déclare au forum économique de Davos : « « La vie d’un entrepreneur, elle, est bien souvent plus dure que celle d’un salarié. Il ne faut jamais l’oublier », partent en guerre contre… le chômage. Or depuis que Hollande est élu, Pôle emploi enregistre 670.000 chômeurs de plus en catégorie A (sans aucun travail) et 1,12 million de plus si on inclut ceux qui ont eu une activité réduite. Cela fait plus de trois ans que les gouvernements socialistes traquent le chômage, et pendant que les patrons engrangent des milliards et licencient, ce sont surtout les chômeurs qui sont traqués et rayés des listes de pôle emploi. Rappelons que F. Hollande a conditionné sa candidature de 2017 à une inversion de la courbe du chômage.

« Face à une conjoncture économique incertaine il faut proclamer un état d’urgence économique et social » proclame le président, lors de ses voeux 2016. Dans son plan présenté le 18 janvier, aux milliards déjà distribués au MEDEF, il ajoute une nouvelle prime de 1 000 à 2 000 euros pour chaque embauche dans les très petites entreprises. Dans la foulée, il annonce le dégagement d’un milliard d’euros pour financer 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d’emploi, « afin de mobiliser tous les acteurs ! » A 16 mois de son échéance électorale, le Président a dû préciser que « ce dispositif n’était pas un artifice statistique », visant à faire baisser le taux de demandeurs d’emploi. C’est lui qui le dit ! Et puis, il y aura la loi de la ministre du Travail, El Khomri, qui poursuit le détricotage du Code du travail entamé voici peu par E. Macron pour faciliter la tâche des patrons : CDI, 35 heures, indemnités prud’homales, exonérations de cotisations sociales etc. Autant d’urgences patronales à satisfaire contre les salariés. Des naïfs espéraient encore qu’ un gouvernement dit de « Gauche » arrêterait l’hémorragie des licenciements : EDF 4000, SNCF 1400... Qu’il augmenterait les bas salaires, les petites retraites, le SMIC... Bref qu’il viendrait en aide aux plus démunis, à ceux qui peinent à vivre décemment, pire, sont dans l’urgence de survivre : 8 millions de pauvres ! Mais Hollande n’a rien à faire de cette urgence-là. Représentant des intérêts de la bourgeoisie, il a pour rôle de répondre au besoin du capital Français et aux exigences du patronat, pour faciliter leurs affaires et les profits des actionnaires. L’état d’urgence et le renforcement policier permettra à la bourgeoisie, au patronat et au gouvernement de neutraliser et réprimer toute opposition à leur politique, de stigmatiser les étrangers et faire accepter les mesures antisociales, en entretenant un climat de peur, de chantage du chômage et par la suspicion du terroriste.

L’urgence n’est pas tant de lutter contre l’état d’urgence en lui même, mais de lutter contre les guerres impérialistes que mène la France et qui massacrent des peuples. De lutter contre les mesures que nous imposent le patronat, avec l’aval du gouvernement et avec l’acquiescement des confédérations syndicales qui redoutent tout autant les débordements et les prochaines révoltes sociales, qui ne manqueront pas de se produire. De lutter pour défendre et reconquérir des acquis sociaux. Bref ! l’urgence pour la classe ouvrière et les prolétaires c’est de virer les capitalistes. Il n’y a pas d’autre alternative.

OCL Caen le 29 01 2016

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