mercredi 9 mars 2016, par
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Le gouvernement de gauche est donc arrivé à l’os avec le projet de loi El Khomri sur le code du travail, après avoir rongé la protection sociale qui restait encore en place. Non seulement les remboursements, garanties et prestations sociales - qui constituent un salaire indirect - ont été bien rabotés sous la présidence Hollande, mais il leur faut aujourd’hui détruire ce qui reste du code du Travail, les dernières garanties collectives et individuelles du travailleur face à l’employeur et les accords de branche qui permettent un rapport de forces moins dégradé dans cette période de chômage galopant.
Lemotif officiel de tellesmesures est bien sûr de faciliter l’embauche – combattre le chômage ! – en permettant à l’entreprise plus « réactive » de suivre et s’adapter aux aléas économiques de plus en plus rapides et chaotiques, mais en fait cette précarité du contrat de travail va surtout donner un avantage considérable à l’employeur qui pourra virer au nomde l’équilibre de son entreprise un salarié récalcitrant à un simple changement d’horaire, de cadence, de travail. L’employeur pourra aussi avec une grande facilité se délocaliser et aller chercher des aubaines et conditions plus rentables. Bref, pour le salarié de base, il sera impossible de prévoir un avenir à moyen terme. Il serait logique de voir rapidement de plus en plus de populations nomadiser en caravanes ou camions, comme aux USA où ils forment de grands camps. En fait la jungle de Calais pourrait bien être un modèle bon marché appelé à se multiplier.
Cette « souplesse » réclamée par le patronat accompagne une automatisation progressive qui va probablement envahir tous les secteurs. Les masses d’informations gérables par les machines augmentent vertigineusement, au point demettre l’humain sur la touche. Par exemple un robot médical qui dispose d’un million de photos de mélanomes serait aujourd’hui aussi compétent qu’un dermatologue ayant fait une dizaine d’années d’études, pour détecter une tumeur de la peau. Idem pour les robots chirurgiens ou dentistes, appelés à un grand avenir... Il n’y aura pas que les prolétaires qui seront mis sur la touche.
Mais tout cela n’explique pas ce qui anime l’équipe gouvernementale et la pousse à faire le contraire de ce pour quoi elle a été élue. Même un milliardaire corrupteur et marchand de canon comme Serge Dassault admet n’avoir jamais connu un aussi bon ministre des armées que Le Drian, et il salue le couple exécutif pour son talent. Car l’actualité du secteur social, avec El Khomri, reflète les politiques des autres secteurs : politique étrangère et exportations, écologie, choix industriels et agricoles, répression, l’équipe Valls-Hollande n’en rate pas une ! Même la droite admirative en reste bouche bée quand elle voit l’état d’urgence et la déchéance de nationalité des binationaux prônés par le PS, se demandant jusqu’où elle devra pousser le curseur pour se différencier. Mais on leur fait confiance pour gérer au mieux de leurs intérêts.
Le dispositif européen, ses lois, sa commission et sa monnaie unique, auxquels l’Etat français ces quinze dernières années a confié ses diversmoyens d’action, pèsent de tout leur poids pour imposer le dogme libérale et une ligne budgétaire au service de la finance toute puissante. Hollande n’a pas tenté grand chose pour s’en dissocier ; l’ancien « Flamby » se révèle même un va-t’enguerre assidu qui entame le quatrième conflit de son quinquenat, en envoyant l’armée en Lybie, toujours au nom de la paix bien sûr,même si elle sent un peu le pétrole. Il a même été question d’un retour du service civique pour tous les jeunes qui le souhaiteraient mais ça coûte cher. Le duo Hollande-Valls prépare le terrain pour une droite vraiment « décomplexée » pour le coup, ce que Schröder et Blair avaient brillamment fait en Allemagne ou Grande-Bretagne avec les minijobs et les contrats « zéro heure ». Même Jospin n’avait pas fait aussi bien, et pourtant !...
Toutefois si l’esquisse demobilisation sociale contre la réforme du code du travail, pour le moment surtout virtuelle avec un million de pétitionnaires, se concrétise le 9 mars prochain dans la rue et dans des grèves suivies comme à la SNCF ou dans l’enseignement, nous devrons tout faire pour favoriser une montée en puissance d’un mouvement de classe, que les états-majors syndicaux et politiques redoutent, à quelquesmois des primaires, et qu’ils feront tout pour limiter et cadrer, malgré leurs dénégations. Nous avons besoin de victoires pour que la confiance dans l’action collective revienne, malgré tous les dispositifs installés pour la bannir de l’espace public. Osons lutter !
Nantes le 01/03/16.