mercredi 5 octobre 2016, par
Édito page 3
Loi travail
page 4 Le mouvement contre la loi travail hier
page 9 Quelles suites pour le mouvement dès demain
page 14 Drôle de mouvement à Paris
page 16 Nuit debout
l’économie en brèves page 17
Anti-nucléaire
page 18 A Bure on reprend confiance
page 19 Démantèlement des centrales, où en est-on ? (2e partie)
Vertement écolo page 21
Aménagement du territoire
page 23 NDDL : mobilisation générale ou grandes manœuvres ?
Touchons le fond
page 24 Postmodernisme, une mode qui sape la critique sociale
Intervention de Renaud Garcia
page 26 La déconstruction, l’intersectionnalité et le post-modernisme
page 27 Jusqu’ici tout va bien ?
page 28 Parler à la place des prostituées
Big brother page 30
Notre mémoire
page 32 Le Bund, une compréhension lucide et précoce du sionisme
Environnement
page 33 Le COP 2016-2020 a été signé dans l’indifférence générale
Immigration
page 35 Calais, vers une nouvelle expulsion de la jungle
Nous avons suffisamment accolé le « et son monde » à la revendication de retrait de la loi travail pour ne pas l’oublier au moment de tirer un bilan. Nous avons aussi maintes fois affirmé qu’une grande part de ce qui constituait cette loi était déjà auparavant en application ici ou là et surtout dans les petites entreprises. Autrement dit cela n’a guère de sens de raisonner en terme de victoire ou de défaite en ne s’en tenant strictement qu’au maintien ou au retrait de cette loi.
Cette dernière n’a pas été retirée et son monde nullement aboli ! Pourtant nous avons remarqué que bien souvent les manifestants qui battaient encore le pavé le 15 septembre n’étaient nullement abattus. Ils savaient que la loi était passée, qu’ils étaient minoritaires dans la société mais ils étaient contents d’être encore dans la rue et déterminés à ne pas en rester là dès que l’occasion se présentera. Et le plaisir d’être dans la rue a été un élément important du printemps dernier. Il est en effet une victoire qui ne doit pas passer inaperçu c’est que, malgré la répression, malgré la propagande médiatique, les manifestants ont partiellement fait la nique à l’état d’urgence. Interdictions contournées ou désobéis, affrontements assumés avec des forces de l’ordre sensées débordées par le simple état d’urgence pour nous protéger contre les terroristes, le consensus républicain n’était pas au rendez-vous. Nous étions loin du prétendu unanimisme du temps de « Je suis Charlie ».
La question qui se pose maintenant est de savoir jusqu’à quel point cette dynamique, ces failles vont se faire absorber par un vent contraire, celui qui conduit aux élections présidentielles. Nous savons bien que nombre de celles et ceux qui ont déclaré sous le coup de la colère « jamais plus je ne voterai pour le PS ou la gauche », ou bien « voter, pour moi c’est fini ! » se rangeront le moment venu, même en se bouchant le nez, sous la bannière des sirènes supposées antifascistes. Il est fort probable que l’embellie abstentionniste de ces dernières années cesse dès le premier tour. N’y voyons pas là matière à désespérance absolue ! Le refuge sur la voie électorale n’est pas le fait de traîtres qu’il faudrait dénoncer, d’idéologies autoritaires qu’il faudrait débusquer, mais bel et bien la traduction d’un faible rapport de force en faveur des exploités de toutes sorte sur le terrain des luttes sociales.
Car finalement tout ce qui compte c’est dans quel état ce rapport de force se trouvera-t-il au moment ou tel ou tel parti, de gauche, de droite ou d’extrême droite, prendra le relais de Hollande-Valls.
Très nombreux sont celles et ceux qui veulent continuer à s’opposer à ce monde. Plus nombreux encore qu’avant le dernier printemps. La loi travail a été un objectif catalyseur, une sorte de prétexte. Les objectifs qui « fonctionnent » ne se décrètent pas, ils apparaissent sans qu’on s’en rende compte et ne sont jamais le fruit des réflexions de telle ou telle avant garde. Ce que nous pouvons faire en revanche c’est favoriser, participer, initier des luttes en y favorisant la confrontation directe avec l’Etat. Dans les petites entreprises où la répression est de fait aussi importante que celle qui s’exerce dans la rue, mais reste invisible. Sur le terrain de la précarité, où là encore les possibilités d’organisation sont difficiles. Et bien entendu sur les combats en cours de NDDL à Bure en passant par Roybon, et à tous les projets d’aménagement du territoire.
Nous savons bien que si un rapport de force moins défavorable peut naître c’est dans la rue et dans les entreprises qu’il se construira. Et les très nombreuses petites structures locales qui sont nées du mouvement, aux noms souvent porteurs d’illusions quant à leurs représentativités (assemblées populaires, AG de lutte, coordinations…) pourraient y jouer leur partition, mais à condition d’assumer un rôle politique local minoritaire.
Reims-Poitiers le 20/09/2016