Dimanche 27 décembre 2009
Appel à la solidarité internationale
jeudi 7 janvier 2010, par
La journée de dimanche a été la plus sanglante depuis le début du soulèvement en Iran. Cette répression dont nous ignorons encore les détails et toute l’ampleur est la réponse du pouvoir à la persistance, à la montée et à la radicalisation du mouvement de rébellion en Iran ; un mouvement qui brave les interdictions de manifester, ne recule pas devant les menaces et la peur, occupe massivement les rues et n’hésite plus à dresser des barricades et à s’affronter aux diverses forces répressives (police, milices…) et à demander, non plus de nouvelles élections, mais la fin du régime dictatorial de la République islamique.
Une situation nouvelle qui, maintenant, place de toute évidence ce mouvement de révolte à un tournant dans sa lutte pour en finir avec la dictature des mollahs.
Une situation qui ne peut que susciter la solidarité partout où cela est possible, comme le demandent diverses organisations de l’opposition laïque et révolutionnaire, dont le Parti Communiste-Ouvrier d’Iran (non stalinien).
Voici rapidement les dernières informations sur le bilan de cette journée.
Voir en ligne : Iran en lutte
MediArabe, 28 décembre 2009 :
Selon la télévision iranienne officielle, les affrontements de dimanche ont fait au moins 15 morts. Jusque dans l’après-midi d’hier, les autorités refusaient de reconnaître l’usage de la répression et l’existence des morts. Dans la soirée, les médias iraniens ont reconnu cinq morts, puis huit. Aujourd’hui, il s’agit de 15 victimes. Il y aurait également des centaines d’arrestations. L’opposition affirmait, depuis hier, que 40 blessés sont dans un état grave, et que l’usage de la force par le régime a produit l’effet inverse. Les opposants, plus que jamais déterminés à poursuivre leur mouvement, affirment que Téhéran a du mal à endiguer la vague humaine déferlante, et le recours à la force ne fait qu’alimenter la contestation, et que de ce fait, le régime peut désormais trembler sur ses bases.
Dans un communiqué daté du 27 décembre 2009 et faisant le bilan de la journée, le Parti Communiste-Ouvrier d’Iran explique que malgré les immenses forces répressives déployées, la population est descendue en masse dans les rues de Téhéran, et qu’à certains endroits les forces de répression ont même dû reculer face au peuple. En plus des nombreuses manifestations et protestations dans différents quartiers de Téhéran, ce communiqué confirme des protestations et des affrontements dans toutes les principales villes du pays, notamment à Kermanshah, Mashhad, Arak, Lahijan, Najafabad, Salmas, Chiraz et Ispahan.
Dans un autre communiqué du même jour intitulé “ Il faut en finir avec la République Islamique ! “, le PCOI explique que la journée a une fois de plus montré qu’en descendant par millions dans les rues le peuple d’Iran ne se laissait pas intimider par les forces de répression. Outre les informations sur les protestations à Téhéran, ce communiqué indique que selon un rapport les forces répressives auraient ouvert le feu à Chiraz et fait trois morts. Ce texte insiste sur la nécessité d’en finir avec l’ensemble du régime islamique et il note que la radicalisation des slogans, s’en prenant directement à la constitution, montrent l’échec de l’aile réformatrice du régime de contenir les protestations dans un cadre acceptable pour la République Islamique. En conclusion, le PCOI appelle à continuer sur le chemin de la révolution pour démanteler radicalement le “système islamique criminel” et instaurer une société libre, égalitaire et humaine.
L’organisation à l’étranger du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran appelle à descendre dans les rues des villes du monde entier en solidarité avec les manifestants iraniens qui demandent la fin de la dictature.
Dans un communiqué daté du 27 décembre, l’Organisation à l’étranger du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran appelle à descendre dans les rues des villes du monde entier pour crier “dégage République Islamique !” :
Destiné aux “Iraniens de l’étranger” et aux “amoureux de la liberté du monde entier”, ce communiqué considère qu’avec “les manifestations de millions d’iraniens à travers toutes les villes du pays” on assiste aux “derniers jours de la République Islamique”. Et que c’est là “le meilleur cadeau que le peuple iranien puisse offrir au monde.”
“L’heure n’est pas à rester chez soi. Cela fait trente ans que nous attendons ces jours et ces jours sont devenus réalité. ” Aussi le communiqué appelle “à partir d’aujourd’hui, à manifester chaque jour en solidarité avec le peuple d’Iran” pour “réduire l’espérance de vie de l’infâme régime islamique”.
Le communiqué appelle tout le monde, partout, à descendre dans la rue pour déclarer : “Dégage République Islamique !”. “C’est-là l’ordre de la Révolution !”. Le communiqué déclare enfin qu’il faut demander la suspension des relations entre les gouvernements occidentaux et la République Islamique, la fermeture des ambassades du régime et d’annoncer que tous les chefs assassins de la République Islamique seront jugés.
Ce communiqué se termine par :
“Vive la révolution humaine pour une république humaine !
Liberté, égalité, pouvoir ouvrier ! A bas la République Islamique ! Vive la République Socialiste ! ”
Les rendez-vous suivant sont d’ores et déjà annoncés :
Informations (presque) en direct ici :
Documents
Rappel des revendications immédiates du PCOI
Pour consolider encore le mouvement révolutionnaire du peuple, sécuriser ses acquis et faciliter son avance pour le renversement de la République Islamique d’Iran, le Parti Communiste-Ouvrier d’Iran défend ces dix revendications immédiates et minimums :
1) Arrestation et procès public de ceux qui sont responsables des meurtres actuels et de tous les crimes commis pendant ces trente dernières années.
2) Libération de tous les prisonniers politiques.
3) Abolition de la peine de mort.
4) Fin du voile obligatoire et de l’apartheid sexiste.
5) Abolition de toutes les lois misogynes et discriminatoires contre les femmes et établissement d’une égalité complète entre les hommes et les femmes.
6) Séparation complète de la religion de l’Etat, de la justice, de l’éducation et liberté complète de religion et d’athéisme comme affaire privée.
7) Liberté inconditionnelle d’expression, de pensée, d’organisation, de presse, de manifestation et de grève.
8 ) Reconnaissance de l’égalité de tous les citoyens, quelques soient leur religion, langue, ethnie ou nationalité.
9) Procès public des ayatollahs, des responsables gouvernementaux et de leurs fonctionnaires pour détournement de fonds du peuple et récupération des richesses publiques volées.
10) Prestation et garantie d’un niveau de vie convenable basé sur les critères les plus avancés du monde pour tous les citoyens, augmentation immédiate du salaire minimum à un million de Tomans (1.000 $).
Voici le décret du mouvement populaire pour la liberté en Iran et les revendications minimums et immédiates du peuple qui descend dans les rues et appelle au renversement de la République Islamique. Ce sont les conditions minimum que tous ceux qui se proclament du côté du peuple devraient défendre.
Le peuple d’Iran continuera vigoureusement sa lutte jusqu’au renversement du régime islamique.
Parti Communiste-Ouvrier d’Iran, 26 juin 2009
Adopté à l’unanimité par le 7ème Congrès du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran les 5 et 6 décembre 2009.
La révolution qui a commencé en juin 2009 est l’explosion de la colère refoulée du peuple contre le régime islamique criminel d’Iran. C’est une révolution pour la libération d’un système corrompu, pour détruire une machine de meurtres, de pillages, d’ignorance et de mensonges qui a écrasé la vie du peuple pendant trente ans. Cette révolution ne s’arrêtera pas avant d’avoir démoli tout le système inhumain au pouvoir.
Mais cette révolution ne concerne pas seulement la libération du peuple d’Iran du cauchemar islamique. Elle n’est pas seulement une source d’espoir et d’inspiration pour les régions soumises à l’islam. Cette révolution parle depuis le cœur du peuple du monde.
Fondamentalement, elle est une révolution contre la sombre période caractérisée par l’offensive de la Nouvelle Droite et du Nouvel Ordre Mondial, le 11 septembre et l’ascension de l’Islam politique, la guerre contre la terreur et l’embrasement du monde dans la guerre des terroristes. Une période qui, par la métamorphose de l’être humain par la religion, l’ethnie et la nationalité, par la définition des relations entre les membres du genre humains par le Choc des Civilisations, et par la négation des droits universels des êtres humains par la notion du relativisme culturel, a, dans les faits, imposé un Moyen-Age post-moderne à l’humanité.
La révolution iranienne est en fait la voie du troisième camp contre cette régression de la bourgeoisie de notre époque . Elle est une voix qui crie « Liberté, Égalité, Identité humaine ». C’est pour cette raison qu’à travers le monde des chansons ont été écrites pour cette révolution et que Neda est devenue l’héroïne du peuple du monde.
La révolution iranienne est, d’abord et avant tout, contre le pouvoir religieux et islamique . Elle est profondément laïque et s’oppose au pouvoir de l’ignorance, de la superstition et du clergé. Par cela, elle poursuit, par une voix radicale, les tâches inachevées ou oubliées de la Révolution Française. Avec la victoire de cette révolution, non seulement la religion sera complètement séparée de l’Etat et du système éducatif, mais tous les privilèges, lois ou traditions qui donnent aux appareils religieux le droit d’interférer dans la vie sociale seront également abolis. La religion sera confinée à la sphère du choix volontaire et des croyances privées des adultes. La religion officielle sera abolie et ce sera la fin de l’emprise de la religion sur la société et les affaires sociales. Aussi, pour la première fois, la véritable liberté d’avoir ou de ne pas avoir de religion sera établie.
La révolution iranienne a déjà, de façon pratique, délivré sa sévère censure à la complaisance vis-à-vis de l’Islam politique des gouvernements européens et occidentaux et leurs reculs honteux sur la laïcité. La révolution anti-religieuse en Iran est le début d’une nouvelle Renaissance dans l’histoire humaine.
L’actuelle révolution en Iran est une « révolution féminine » , non seulement parce qu’elle est se place directement contre l’apartheid sexuel et un gouvernement misogyne, non seulement parce que les femmes et les filles sont aux premières lignes dans les ferventes manifestations et les combats de rue, mais aussi parce que la maxime « la liberté des femmes mesure la liberté de la société » est de plus en plus présente dans la conscience des masses populaires. L’égalité inconditionnelle des femmes est le décret inviolable de l’actuelle révolution.
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Cette révolution est une nouvelle étape dans les efforts de l’humanité moderne pour la libération du vil esclavage de genre . Depuis la Révolution russe d’Octobre 1917 jusqu’aux mouvements de libération des femmes en Occident, des manifestations de femmes en Iran contre le voile en mars 1979 aux trente années de résistance et de protestations des femmes contre le voile islamique, les discriminations et l’humiliation, elles sont la colonne vertébrale et l’inspiration de l’actuelle révolution en Iran. La victoire de l’actuelle révolution aura non seulement un impact phénoménal sur le statut et la lutte des femmes dans les pays frappés par l’Islam, mais fera aussi avancer le mouvement de libération des femmes dans le monde dans sa globalité.
La révolution en Iran est pour la liberté . La réalisation de la plus radicale et humaine définition de la liberté individuelle, civile, culturelle et politique est la tâche immédiate de la génération « Twitter » et « Facebook » qui surgit dans la révolte. Elle n’accepte aucune restriction dans la liberté d’expression, d’assemblée, de grève et d’organisation ou d’autres libertés politiques. Elle ne reconnaît aucune limite dans la liberté de critiquer les « sanctuaires ». Elle n’accepte aucune censure sur la culture, l’art, la littérature et l’activité créatrice humaine. Elle est contre toute ingérence de l’Etat ou de toute autorité officielle dans la vie privée, y compris dans les relations et préférences sexuelles, des membres de la société. Non seulement les prisonniers politiques doivent être libérés, mais la notion même de prisonniers politiques devrait être abolie.
C’est une révolution contre la peine de mort et contre tous les châtiments brutaux et islamiques . Elle n’est pas seulement contre Kahrizak, mais aussi contre Guantanamo et la culture politique qui y correspond, de la thérapie de choc aux viols et à la torture qui ont été élevés aux rangs d’outils officiels par l’Etat. Ce n’est pas seulement une révolution pour la libération culturelle de l’Islam, de la dictature et de tout obscurantisme et du recours à « c’est leur propre culture », mais elle se lève pour une culture globale, humaine et moderne. Dans ce sens, la comparaison la plus proche de la révolution iranienne sont les mouvements pour les droits civiques des années 1960 et 1970 aux États-Unis et en Europe Occidentale, avec cette différence que cette révolution, avec Marx, va plus loin que la « société civile » et vise une « société humaine » ou une « humanité sociale ».
Cette révolution est la puissante réponse d’une société frappée par la pauvreté aux parasites au pouvoir. C’est une révolution pour abolir la pauvreté, le chômage et le terrible fossé entre la vie d’une minorité milliardaire et la grande masse des gens défavorisés vivant sous le seuil de pauvreté. C’est une révolution non seulement contre le non-paiement des salaires à des millions d’ouvriers, mais dans son essence contre la vente et l’achat de la puissance créative humaine et le pouvoir des lois aveugles et brutales du marché sur la vie des gens. C’est une révolution pour mettre fin à la toxicomanie, à la prostitution, à la situation des enfants ouvriers des rues, à l’absence de logement, à la dépression, au suicide et à toutes les conséquences de la pauvreté qui se déchaînent au sein de la société iranienne. C’est une révolution pour « le bien-être et la dignité », pour « le pain mais aussi les roses ».
Aussi, l’actuelle révolution en Iran concerne la libération de l’être humain dans toutes ses dimensions politiques, sociales, intellectuelles, culturelles et économiques. C’est une révolution contre les fausses identités de l’être humain, qu’elles soient religieuses, ethniques ou nationales, et finalement pour mettre un terme à la division en classes.
C’est une révolution pour la dignité humaine, pour le bonheur, la liberté, le bien-être et l’égalité pour tous dans la jouissance des richesses matérielles et intellectuelles de la vie sociale. Elle est en effet une révolution pour la restauration de la volonté de l’être humain, tant dans ses capacités individuelles que sociales.
En un mot, comme nous le disons depuis le premier jour, c’est « une révolution humaine pour le règne de l’humain » . Aussi, la révolution en Iran est liée aux grands efforts de l’histoire, de Spartacus aux jacobins de la Révolution Française, des Communards de Paris aux ouvriers de Petrograd, des conseils de la révolution de 1979 en Iran aux mouvements anti-capitalistes des débuts du troisième millénaire allant de Seattle à Rome.
La révolution iranienne est fondamentalement contre l’esclavage salarié moderne , dont le temps est depuis longtemps révolu, et qui pour sa survie a eu besoin de recourir à la religion, à la superstition, à la torture, à la terreur et à la bombe nucléaire. Ce slogan des étudiants de Téhéran exprime les bases de la révolution iranienne : Socialisme ou barbarie !
Le triomphe de la révolution du peuple d’Iran sur la République Islamique ouvrira un nouveau chapitre dans le monde et sera une nouvelle pierre de départ pour mettre un terme à l’histoire des classes et commencer une véritable histoire humaine.
Le 7ème Congrès du Parti Communiste-Ouvrier d’Iran appelle le peuple du monde au soutien le plus résolu et enthousiaste de la révolution et du peuple d’Iran. Le Congrès envoie ses salutations aux femmes, jeunes et travailleurs en Iran et les appelle à rejoindre les rangs du parti pour la victoire de cette révolution et la réalisation de ce manifeste.
A lire sur le site ocl : un regard anarchiste sur les mouvements de protestation en Iran