mardi 9 mars 2010, par
Denis- Reims
Les champs d’éoliennes se multiplient. Cette industrie crée des emplois. Pour l’écologie citoyenne, la remettre en cause c’est « naturellement » être pronucléaire.
Et pourtant…
(Jérôme – Strasbourg)
Le terme de biocarburant, souvent utilisé, est fallacieux. Il n’y a en effet rien de « bio » dans ces nouvelles transformations énergétiques, si ce n’est le volet idéologique qui voudrait nous faire croire qu’il y a dans les agrocarburants un aspect « écologique ». Sous ce vert vernis, la promotion actuelle qui est offerte aux agrocarburants cherche à prétendre limiter à court terme les émissions de gaz à effet de serre, pallier à moyen terme l’épuisement des réserves de pétrole et favoriser à long terme le développement agricole.
En fait, il s’agit avant tout de trouver de nouvelles ressources énergétiques, à n’importe quel prix, par n’importe quel moyen, afin de servir le désastre du modèle de production capitaliste.
(Langard)
Sauver le capitalisme est l’unique souci des capitalistes. Comme l’écrivait l’économiste britannique Stern en 2006 : « Si nous continuons à émettre en aussi grande quantité qu’actuellement des gaz à effet de serre, la croissance mondiale pourrait baisser de 20 % ou plus. Il est temps de se réveiller ! »
(Alain-Claude Galtié)
A défaut d’un mouvement plus combatif, la crise écologique planétaire et l’expansion des industries qui en étaient principalement à l’origine poussaient les nouveaux révoltés vers le mouvement de la protection de la nature. Parisien depuis peu, j’étais allé vers la Fédération nationale des sociétés de protection de la nature qui avait ses locaux au Museum d’histoire naturelle, et étais devenu membre de Jeunes et nature, une association récemment créée par François Lapoix. Nous y étions plus éducateurs que militants. Sensibiliser les plus jeunes pour que, devenus adultes, ils changent peut-être les décisions politiques sur lesquelles nous n’avions pas su agir ne satisfaisait pas tout le monde. Il y avait un décalage entre cette mission d’éveil au long cours auprès des scolaires et l’urgence que nous ressentions. Nous voulions nous-mêmes agir sur le présent.
Premiers pas écologistes
Un mouvement très courtisé, voire plus sans affinités
Un mouvement beaucoup trop gênant
Vers l’ultra-capitalisme, toutes voiles vertes dehors
(Jean Transenne)
Lorsque, au milieu du xxe siècle, Malraux avait prédit que le xxie serait religieux ou ne serait pas, nous ne pensions pas que ce retour s’immiscerait aussi vite dans nos plates-bandes. Nous étions jusque-là confrontés à certains aspects religieux du militantisme : la « croyance » en l’inéluctabilité de la révolution ou du communisme, le messianisme des grands mouvements paysans en Amérique latine ou des insurrectionnalistes, l’attachement aux organisations, etc. Ce n’était cependant qu’une tendance vers le religieux, une pesanteur dont il fallait sans cesse s’affranchir, mais qui n’était pas de l’ordre d’une réelle acceptation de la transcendance. Il s’agissait du paradis sur Terre, certes paradis tout de même, mais l’enjeu restait l’Homme social, et non l’Homme individuel créé par Dieu ou par un ordre supérieur.
On assiste, depuis vingt ou trente ans, à une inflation de nouveaux « -isme », nés pour la plupart dans la très protestante et puritaine Amérique du Nord, et qui ont transité par la Grande-Bretagne ou par la très « réformée » Allemagne. Cela va du primitivisme à l’antispécisme, de l’écologie profonde à l’anarchisme vert, des mouvements « anticivilisation » à l’« éco-féminisme » en passant par le mouvement Gaïa qui les coiffe en réalité presque tous… et même le satanisme (que nous laisserons de côté !).
Toutes ces néo-idéologies affirment avoir un rapport avec l’écologie et prétendent apporter un éclairage neuf sur des questions brûlantes. Les frontières entre elles sont perméables, des sous-groupes s’y déchirent parfois ; aucune n’est totalement homogène, et les contradictions, comme les débats, y sont multiples. On pourrait se livrer à une critique minutieuse de chacune d’elles. Ce n’est pas ce que nous ferons. C’est que, sans ignorer la complexité des thèses défendues et les différences qui existent, il nous apparaît que les éléments qui les distinguent pèsent d’assez peu de poids par rapport à ce qui les unit. Et ce sont ces points communs que nous allons examiner.
La suite :
• Dans le pot commun, un retour aux fondements religieux :
la transcendance, le péché, les mythes originels…
[…]
• La Préhistoire au service de l’idéologie
[…]
• La culpabilisation, une arme religieuse
[…]
• Derrière le culte du vivant, l’angoisse de la mort
(Fab)
En Aveyron, sur les cendres de l’altermondialisme, des individus commencent à se rassembler autour d’une même idée de la liberté…
(Manolo)
La volonté de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est pas nouvelle : le projet a été révélé en 1972 après une étude de presque six ans. Mais il est resté ensuite durant vingt-cinq ans dans les tiroirs, freiné par la crise pétrolière, et n’a été réactivé qu’en 2000 par... le gouvernement Jospin. Depuis, Jean-Marc Ayrault, le maire PS de Nantes, l’a pris à bras-le-corps et il multiplie les démarches pour la création de l’« aéroport Grand Ouest ».
(Sylvie – Paris et Denis – Reims)
Qu’il soit civil ou militaire, le nucléaire est mortifère ! Ses deux principales applications, civile et militaire, sont indissociables, comme nous le rappellent si souvent les craintes de l’Occident quant au nucléaire iranien. Les mouvements antinucléaires, qui ont été aussi parmi les plus massifs, durables et déterminés de la France de la fin des années 70, se sont développés bien après la naissance des applications militaires et industrielles du nucléaire.
La suite :
• Création du CEA
• Le lancement du nucléaire
• L’émergence d’un mouvement antinucléaire dans les années 60-70
• Le tournant de « Malville »
• Les moments forts de la lutte de sites
• L’échec de la structuration du mouvement antinucléaire
• Tchernobyl, une amorce de réveil… qui fait long feu
• Le gouvernement Jospin :le parti « Vert » entre au gouvernement
• Le réseau Sortir du nucléaire
• Et en dehors du Réseau ?
(Scylla – Lyon)
Pour nombre de ceux qui ont le pouvoir (scientifique, politique, économique et j’en passe), la technologie trouvera un remède à tous les désordres écologiques, et si ce n’est pas aujourd’hui ce sera demain. Cela relève de la croyance dans le progrès, dans la science, mais aussi de la perspective de se faire un gros tas de pognon. Non ? Si, quand même. Et tant pis si la mise en œuvre de ces projets ne fait qu’empirer les problèmes qu’ils sont censés résoudre ou s’ils en génèrent d’autres tout aussi graves.
(Philippe Godard)
Désormais, les nuisances apportées par les OGM sont bien (trop) connues, même si, dans certains pays, ils continuent de s’étendre, faute, prétendent certains, d’un modèle « alternatif » sérieux. C’est la société dessinée par les OGM que nous dénonçons ici, et nous esquissons quelques-unes des réponses que nous pouvons y apporter, y compris pour en finir très vite avec l’agro-industrie.
(J.-F)
L’irruption de l’écologie dans les combats pour l’émancipation humaine au cours du dernier quart du siècle dernier a modifié sensiblement les coordonnées politiques, et même, en deçà et au-delà, a remis en cause toute une tradition du devenir révolutionnaire jusque-là construit sur un sens de l’histoire, celui du développement du capital, des forces productives, des sciences et techniques. Ce devenir, la révolution socialiste, était centré sur les luttes ouvrières et l’accumulation des forces de cette classe, et donc conçu à partir de la centralité d’un sujet de l’histoire, le prolétariat, qui devait ou allait tôt ou tard « produire » les conditions de sa libération et de celle de l’humanité tout entière en… développant les forces productives que les rapports de production capitalistes entravaient.
Beaucoup de production dans tout cela. Héritage d’un K. Marx obnubilé par ce paradigme au point de faire du monde un gigantesque champ de production : les hommes sont insérés et soumis à des rapports de production ; les prolétaires sont les produits d’une histoire qu’ils produisent, en produisant aussi des richesses dont ils ne bénéficient pas même si les hommes sont producteurs de leurs moyens d’existence et, par là même, producteurs de leur vie matérielle, mais aussi producteurs de leurs représentations, de leurs idées… et avec les outils, machines, ils ont à faire avec des forces productives tandis que le temps du non-travail, le sommeil, les repas, et le salaire versé servent à reproduirent leur force de travail, etc., tandis que continuellement se reproduisent globalement les conditions de la production matérielle et spirituelle, la division en classes, les moyens de l’exploitation des ouvriers tout autant que ceux de leur libération…
L’irruption de l’écologie vient renverser notablement l’axe à partir duquel il est possible de définir un projet d’émancipation.
La plupart des partis et organisations qui se piquent de vouloir changer notablement l’ordre du monde ont « pris conscience » de la question écologique : ces thèmes sont tout naturellement venus d’ajouter à la liste déjà longue des « fronts de lutte », des revendications transitoires et autres axes programmatiques qui leur tiennent lieu de projet.
Pour l’OCL et quelques autres (1), l’écologie est depuis longtemps venue modifier la caractérisation même du capitalisme, et donc la manière et les contenus avec lesquels il est pertinent d’argumenter la nécessaire rupture avec lui : nous ne visons pas une république des producteurs prenant possession de la machine économique et la faisant tourner selon les objectifs d’une planification – d’Etat avec plus ou moins de « démocratie participative » – censée répondre à des besoins non satisfaits. Si l’appropriation collective des moyens de production demeure à l’ordre du jour comme condition nécessaire à la transformation de l’ordre social, c’est bien la production elle-même qui doit faire l’objet d’une remise en cause dans ses présupposés, et non seulement dans ses effets (répartition des richesses, pollution).
L’écologie que nous défendons s’inscrit dans le combat contre la domination capitaliste et le modifie radicalement. C’est pourquoi il nous semble important de remonter aux sources de ce système, qui n’est pas seulement un ensemble de moyens de production orienté vers la recherche du profit pour des minorités possédantes, mais renvoie à des déterminations beaucoup plus profondes, dont les effets sont plus amples, et que l’on peut qualifier de civilisation capitaliste dont l’élément productiviste et son sous-ensemble techniciste sont les principaux piliers.
A l’heure où l’« écologie » se réduit à la question climatique et à l’administration capitaliste des catastrophes, il nous a semblé utile de revenir sur quelques fondamentaux qui proposent un renversement des perspectives susceptible d’éclairer et de dessiner les contours d’un nouveau devenir révolutionnaire.
L’écologie que nous défendons se veut sociale et révolutionnaire au sens où elle s’inscrit dans une critique renouvelée du capitalisme et non dans son aménagement, sa moralisation, l’illusion d’un capitalisme propre, aimable, respectueux des hommes et de la nature. Contre le ravalement en vert du capitalisme et au-delà du moralisme ambiant qui veut promouvoir une consommation responsable, citoyenne, éthique et équitable avec comme projet sous-jacent de revenir à une « vraie » économie rationnellement organisée, relocalisée, durable, basée sur une science et des techniques « neutres », sur des comportements vertueusement altruistes et un capital productif bénéfique et utile en opposition au mauvais capital financier parasite, rapace et incontrôlable. Ces projets, ces visées, même si elles traduisent confusément des aspirations légitimes, ne sont que la vieille conception de l’économie socialiste, qui dans sa forme adoucie et réaliste s’est aussi appelée keynésianisme, remise au goût du jour par des critiques issues d’une écologie politicienne de surface mâtinées de règles morales issues du christianisme social : d’un côté mettre plus de local, de marché, de troc, de pathos, de partage, de qualité relationnelle, d’authenticité, de sens, de proximité, de souplesse que la vieille planification centralisée ; de l’autre, ne proposer que des solutions technobureaucratiques et institutionnelles, cette fois à l’échelle planétaire (mondialisation contrôlée oblige !) à même de « réguler » tout cela, de surveiller, d’orienter, de huiler les rouages de la mégamachine. Une écologie compatible avec le productivisme inhérent au capitalisme est au mieux une illusion, au pire une escroquerie.
La suite :
• Rompre avec l’économisme
• Quelle production, avec quels moyens, pour quels besoins ?
• Le progrès et ses déraisons
• Sortir de l’économie
• Les natures de l’homme
• Défaire l’imaginaire productiviste