mercredi 1er février 2006, par
salut,
ayant quitté l’engagement concret à AC (collectif du Rhône) pour des raisons de divergences personnelles (un peu) et des raison politiques (beaucoup), ceci un peu avant la "scission" je n’avais plus pris la peine de me renseigner sur le fond des difficultés que j’ai toujours connues à AC (je participais aux assises).
La vision que donne l’article est peu lénifiante de mon point de vue, pour avoir passé quelque temps à Paris et vu le mode de fonctionnement des deux camps "scissionnistes", je ne conclurais pas de la même façon.
Quant aux questions de vote, il est intéressant de constater qu’à propos de la prise de position par rapport à la constitution, il manque quelques éléments un peu plus réels, les voici.
Lors de ces assises, après un (trop) long moment pour savoir si AC ! devait faire campagne ou non, appeler à voter quelque chose, le consensus ne pouvant pas se faire, il y eut autant de membres du courant "centralisme démocratique" (je reprends ce terme à volonté stigmatisante de l’article) que le "vrai rézo" qui demandèrent un vote, tant le consensus avait du mal à arriver ; or, il avait été proposé que chaque individu de chaque collectif prenne sur lui de faire ce qu’il entendait en fonction de ses opinions, propositions étant peu entendues de quelque camp que ce soit... Je ne suis pas sûr que tirer des conclusions sur les "collusions" que semble vouloir faire apparaître l’article entre des membres d’AC et les "Copernic" ou autres soient vraiment l’élément essentiel à retenir.
Mais effectivement si le but du jeu est de laisser sous-entendre que tout ce qui peut sembler un peu plus académique (j’en conviens tout à fait) pourrit toute action, c’est réussi - mais il n’est pas certain que cela soit forcément la réalité.
Quand à l’action réelle de ceux qui auraient été expulsés sur le terrain, rien n’empêche de vérifier sur le terrain ; si réussir à faire réintégrer 2 chômeurs radiés par des gesticulations intempestives est toujours bien pour ces 2 chômeurs, il reste que sur le territoire nationale il y a en moyenne plus de 150 000 radiations (donc un goutte d’eau dans l’océan : 2 sur 150 000) ; croire que c’est bien et une réussite reste tout de même un peu de l’autosatisfaction, voire de l’autisme, les radiations massives s’arrêteront peut-être massivement quand les règles seront changées... il semble peu probable de changer les règles à partir du local et surtout pas d’un quelconque camps scissionniste...
Quant à "derrière cet antagonisme il y a deux conceptions radicalement différentes de l’organisation" me paraît plutôt, au mieux une affirmation gratuite, au pire une prise de position pour l’un des 2 camps, ou enfin entre les deux un avis mal renseigné par absence de participation à AC ! ou sur le terrain. Nul ne sait quoi inventer pour remplacer l’obligation de travailler dans une économie qui progresse en détruisant les emplois et du même coup la société.
François Menduni
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Réponse : Mise au point
François Menduni pointe des désaccords qu’il a avec mon article paru dans le dernier CA.
D’abord à travers l’emploi de guillemets, il semble contester le terme de scission pour rendre compte de ce qui vient de se passer dans AC ! Pourtant en s’appuyant sur la définition qu’en donne le Robert, "action, fait de se scinder, division, partage", l’emploi de ce terme me semble pertinent pour décrire la situation. Il y a à présent au moins deux entités qui ne communiquent plus, ne font plus rien ensemble.
Ce qui m’amène à réaffirmer qu’il y a bien d’un côté, un réseau de collectifs, peut-être pas très nombreux (une dizaine) mais réellement existant, c’est à dire ayant chacun des pratiques identifiées, produisant des analyses et réalisant un journal en commun dont le deuxième numéro vient de sortir . Ce réseau a certainement sa fragilité, ses faiblesses, mais il existe malgré tout. De l’autre j’aurais envie d’écrire qu’on a une poignée de bureaucrates mais pour être plus soft, disons qu’on a un certain nombre de militants qui ont fait d’autres choix stratégiques dont peut-être celui de la clandestinité puisque plus personne ne les voit, à part les médias où ils peuvent intervenir occasionnellement, allant même jusqu’à récupérer ce que font des collectifs du réseau précédemment cité. Sinon l’opacité reste leur règle de fonctionnement. La scission les arrange bien puisque leur secrétariat n’a plus de compte à rendre. Ils peuvent enfin participer librement à toutes les réunions unitaires qu’ils veulent et signer tous les appels qui vont avec. Ils peuvent se donner l’illusion d’exister en vivant intensément cette situation idéale de gouvernance qui est de gouverner sans avoir personne à gouverner, situation plus proche d’un jeu de rôle que du mouvement réel.
Ce qui n’est pas sans rappeler cette fiction du printemps dernier, autoproclamée "Forum des luttes sociales" qui prétendait réaliser "la convergence des luttes" et qui réunissait en fait un cartel de représentants autoproclamés du "mouvement social", dont le permanent d’AC !, par ailleurs membre de la Fondation Copernic. J’appuie cette affirmation sur l’expérience des marcheurs de Montluçon qui ont marché pendant trois semaines de Montluçon à Paris, qui ont souvent été accueillis par des militants d’associations ou de syndicats, soit-disant participants au FLS, et qui en ignoraient l’existence. Illusion de puissance ? Tentative de donner un contenu à une recomposition politique possible, sur fond de référendum ? Mais sans doute et surtout, une puissance de l’illusion.
Cette scission d’AC ! n’est pas binaire. Entre les deux pôles que je mentionne, il y a des collectifs qui ne se sont pas positionnés et qui continuent leur activité locale. C’est sans doute le pôle le plus important, mais il n’est ni visible, ni homogène. Ajoutons aussi que seul le réseau des collectifs ayant signé le texte "Ensemble" entretient le site Internet et rend public ses activités contrairement aux deux autres pôles.
Derrière cette scission, il y a bien deux conceptions de l’organisation. L’une est horizontale et s’apparente à la figure du rhizome. Le secrétariat y a une fonction purement technique. L’autre a une conception plutôt verticale. Elle fonctionne à la représentation. Elle s’apparente à la figure de l’arbre avec un sommet et une base. Au nom de l’efficacité et de l’urgence, les décisions doivent être prises rapidement. D’où un secrétariat jouant un rôle politique important. C’est cette idée qui émerge de ce pitoyable texte qui a servi de base au putsch et intitulé "L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt".
Car il y a bien eu un putsch prémédité. J’appuie mon hypothèse sur le fait que le trésorier des Amis d’AC !, par ailleurs membre du Parti des Alternatifs (ex-Alternative Rouge et Verte, scorie du PSU et des Comités Juquin) avait bloqué l’accès au compte en banque au président, à son insu, AVANT les assises du Mont Dore qui ont renversé le dit président par un simulacre de démocratie .. On peut aussi ajouter qu’avant les Assises, des textes pertinents ont été proposés au débat mais n’ont pas été débattus.
Sinon je suis d’accord avec ce qu’écrit François Menduni sur le fait que l’autonomie avait été laissée à chaque collectif par rapport à une position pour le référendum du 29 mai, devant l’impossibilité d’arrêter une position commune. Ce qui n’a pas empêché le permanent de revenir à la charge lors d’une coordination et vouloir faire valider la signature d’un texte émanant de l’APEIS et appelant à voter Non. Et comme le dit permanent est aussi membre de la Fondation Copernic, bien mouillée dans la campagne pour le vote Non, on peut poser l’hypothèse d’une relation de cause à effet. Copernic œuvre à une recomposition de la gauche de la gauche. Son fondateur Jacques Kergoat avait été militant du PSU avant d’être à la LCR. Il était certainement dans un rêve de recomposition politique. Il poursuivait aussi le même objectif au niveau syndical dans le RESSY. Le président actuel, Yves Salesse est conseiller d’Etat. Il a été membre du cabinet de Gayssot, le ministre communiste des transports du gouvernement Jospin qui s’est illustré avec le vote de la Loi de Sécurité Quotidienne (LSQ) qui permet d’envoyer en prison ceux qui prennent le train sans payer. Dans la Fondation Copernic, on retrouve des Verts, des membres du PCF, de la LCR et du PS qui travaillent ensemble sur de grands sujets de société. On est vraiment dans un style d’architecture politique propice à une recomposition. C’est leur droit. C’est leur choix. C’est leur problème. Il n’y a aucun jugement dans mon propos. Le problème, c’est que ce genre de regroupement en amène certains à vouloir instrumentaliser des luttes pour les faire entrer dans leur cadre. C’est toute la question du débat sur d’une part l’autonomie du mouvement social, l’action directe et d’autre part la question du débouché politique, de la représentation, de faire entrer le multiple dans le Un. Là aussi, on peut émettre l’hypothèse que c’est bien un des ressorts de la scission d’AC ! en particulier et sans doute d’autres mouvements, en général.
Christophe