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Poitiers

Non au passe sanitaire ici ou ailleurs !

Texte distribué le 31 juillet

jeudi 5 août 2021, par admin x

Précisons-le d’entrée, nous ne sommes pas contre les vaccins par principe. C’est contre la politique du gouvernement que nous réagissons : en assénant à la population à la fois des arguments d’autorité, l’« expertise » de personnalités, des discours mêlant la culpabilisation, l’infantilisation et des menaces diverses, il « gère » la pandémie en cours depuis mars 2020 de façon autoritaire, chaotique et contradictoire.


Après ses déclarations sur la non-nécessité des masques, des tests ou des vaccins, il les a tour à tour imposés ; et aujourd’hui, en interdisant l’accès aux magasins, lieux de loisirs, voire travail à quiconque refuse d’être vacciné-e, il rend de fait la vaccination obligatoire.
Mais précisons aussi que ce n’est pas contre le seul Macron que nous réagissons : quoique ce politicien soit particulièrement caricatural, les autres ne valent pas davantage et ne géreraient pas mieux la situation actuelle. Face à l’irruption dans nos vies de la Covid-19, ce n’est pas d’une démocratie représentative plus « sociale » ou d’un Etat plus « réactif » que nous avons besoin – les institutions en place ont montré ces derniers mois (notamment avec « l’état d’urgence sanitaire ») le caractère illusoire des libertés qu’elles prétendent défendre. C’est un autre mode d’organisation sociale qu’il nous faut, et très vite, parce que si le système capitaliste n’est pas directement responsable de ce nouveau virus, il favorise son émergence par le développement industriel et sa diffusion par la mondialisation des échanges, et il en ira de même pour les prochains virus qui ne manqueront pas d’apparaître. Il s’agit donc de détruire sans plus tarder le système capitaliste – ne nous leurrons pas avec ses « crises », il ne s’effondrera pas tout seul !

Le passe sanitaire, c'est quoi et pourquoi est-il mis en place ?

Le passe sanitaire, c’est un QR code sur papier ou sur smartphone que fournit l’Assurance maladie dans trois cas de figure :

  • quand on a réalisé un test négatif (ce dernier a une validité de vingt-quatre heures et il deviendra payant dès octobre) ;
  • quand on a reçu les deux doses d’un vaccin contre la Covid – une seule dose pour ceux et celles qui ont déjà contracté ce virus ;
  • quand on s’est rétabli-e de la Covid depuis plus de onze jours.

• Le passe sanitaire a une fonction économique
Pour la cohorte des entreprises qui ont un intérêt financier à vendre leurs vaccins, il est évidemment important d’obtenir la vaccination obligatoire, ou encore d’affirmer le caractère « indispensable » d’une troisième dose dans quelques mois. Mais le système marchand en général a également à gagner avec le passe sanitaire : il va transformer notre état de santé en une donnée publique qui viendra s’ajouter aux innombrables informations personnelles déjà mises sur les réseaux sociaux et utilisées pour vendre toujours plus de produits.
C’est cependant surtout pour l’Etat que l’enjeu du passe sanitaire est primordial ; il défend les intérêts des capitalistes, qui doivent avoir une main-d’œuvre en mesure de produire de façon à augmenter sans cesse leurs profits. Il s’agit donc pour lui de limiter par tous les moyens l’ampleur de l’épidémie afin de « renouer avec la croissance » au plus vite.
A la vérité, le passe sanitaire met au jour la réalité des classes sociales puisqu’il n’est pas destiné à n’importe qui : pour se réunir, « nos » élu-e-s n’auront pas besoin de l’utiliser ; les flics non plus… et les patron-ne-s arriveront sûrement sans peine à s’en dispenser. Il est notoire que la diffusion du virus a été favorisée notamment par la clientèle des aéroports qui voyage couramment en « classe affaires » – cadres sup, représentant-e-s politiques, les « bourges » quoi… et ce sont néanmoins les jeunes, les soignant-e-s, ou encore les « sans-dents » que le gouvernement s’obstine à désigner comme des dangereux irresponsables, des égoïstes sans doute antivax sinon fachos.

• Le passe sanitaire a une fonction politique
Ce passe accroît encore le contrôle social. Alors que la loi sécurité globale a ajouté de nouveaux moyens de coercition et de fichage aux multiples dispositifs sécuritaires et liberticides dont disposaient les forces de l’ordre, il permettra notre identification à tout moment et dans tous les lieux où nous circulerons.
Certes, le gouvernement a dû reconnaître le caractère illégal d’une procédure impliquant que n’importe quelle personne – restaurateur, infirmière, buraliste, vigile… – soit chargée de vérifier non seulement l’état de santé, mais l’identité d’autres personnes. Il a donc proposé d’installer des milliers de machines à l’entrée des lieux où le passe sera requis, afin que chacun-e y badge de manière autonome. Mais que cet acte soit réalisé par nous-mêmes ou par quelqu’un d’autre, il n’en demeure pas moins un contrôle d’identité numérisé qui pourra très facilement être centralisé, et ajoutera au traçage et au flicage croissants de la population dans son ensemble.

• Le passe sanitaire a une fonction propagandiste
La vaccination obligatoire n’empêchera pas le « déferlement » du virus annoncé pour cet été : si « 4e vague » il y a, elle est en cours, et la plupart des gens qui commencent à se vacciner maintenant n’auront pas de passe valide avant début septembre. Autant dire qu’ils et elles ne passeront pas un meilleur été que s’il y avait un confinement, car tout leur sera interdit ; et, contrairement à ce qu’affirme le gouvernement, ce n’est donc pas la vaccination de juillet qui enrayera la pandémie.
Enfin, le passe sanitaire risque d’engendrer un faux et dangereux « sentiment de sécurité ». Depuis le début de la pandémie, bien des personnes se sachant malades ont évité tout contact avec les plus vulnérables (par l’âge ou par quelque pathologie) ; et les plus vulnérables ont bien souvent décidé de se protéger… sans attendre les injonctions du gouvernement et des médias… parce que de tels comportements découlent du simple bon sens commun. Mais les personnes qui détiendront un passe risquent de se croire immunisées, et d’oublier les précautions à prendre à l’égard des plus vulnérables parce que les vaccins anti-Covid n’empêchent pas d’être contaminé-e ou contaminant-e.

Alors, « on arrête tout, on réfléchit (et c'est pas triste) » ?

Le virus responsable de la pandémie est en train de s’installer dans notre environnement et de remplacer la grippe saisonnière, tandis que le nombre de lits et de services hospitaliers continue de baisser, et celui de soignant-e-s découragés ou de riches aux anges de croître. Aussi, ne laissons pas le gouvernement nous imposer le passe sanitaire comme une mesure d’urgence prétendument temporaire (on sait que de telles mesures deviennent trop souvent la norme) et un « monde d’après » encore pire que l’actuel.
Débattons ensemble – au sein d’AG, de collectifs de quartier ou de comités de base… – pour organiser la résistance dans l’intérêt collectif, ainsi que la solidarité face à la répression. Il faut obliger le gouvernement à faire marche arrière sur ses projets – le passe sanitaire, mais également les réformes des retraites et de l’assurance-chômage, dont il veut l’application d’ici à la fin de l’année 2021 –, et battre sagement le pavé ne suffira pas à gagner une telle bataille.

Des anarchistes-communistes

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