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CA 316 janvier 2022

Guadeloupe mai 1967

lundi 10 janvier 2022, par Courant Alternatif

S’il reste en mémoire, par de multiples commémorations, le massacre d’algériens jetés dans la seine le 17 octobre 1961 par la police française aux ordres, il paraît aussi important et au vu de l’actualité, de rappeler le comportement du même État colonialiste aux Antilles les 26 et 27 mai 1967.


S’il reste en mémoire, par de multiples commémorations, le massacre d’algériens jetés dans la seine le 17 octobre 1961 par la police française aux ordres, il paraît aussi important et au vu de l’actualité, de rappeler le comportement du même État colonialiste aux Antilles les 26 et 27 mai 1967.

à Rama Yade [1]

Objet : Vérité – Justice - Réparation – Réhabilitation pour les victimes des massacres des 26 et 27 Mai 1967 à Pointe à Pitre (Guadeloupe).

Madame la Secrétaire d’État,

Les 26 et 27 Mai 1967, à Pointe à Pitre, à l’occasion d’une grève d’ouvriers du bâtiment, les CRS, Gendarmes mobiles (Képis Rouges) français perpétrèrent un véritable massacre contre le Peuple Guadeloupéen.

« Le massacre commença le 26 mai 1967 au début de la matinée et dura jusqu’au lendemain soir. Pointe-à-Pitre martyrisé. Ces morts ne furent pas les victimes accidentelles d’un combat sans merci. Ces êtres furent assassinés de sang froid avec méthodes. Ce crime fut décidé, organisé, planifié dans le cadre d’une politique de terreur. »

Le Préfet Pierre BOLOTTE, inhumé le 27 Mai 2008 (41 ans jour pour jour après le massacre des Guadeloupéens), commandeur de la légion d’honneur, demanda de faire usage de toutes les armes contre tous ceux qui bougeaient, qui étaient noirs ou tiraient leur origine de cette couleur. Plusieurs centaines de Guadeloupéens furent traqués, blessés ou tués par balles. L’armée Française tirait sur les ambulances et même dans la veillée mortuaire d’une des premières victimes. L’hôpital était débordé. Des exécutions sommaires ont été perpétrées aussi bien à la gendarmerie du Morne Miquel qu’à la Sous-préfecture de Pointe-à-Pitre où des dizaines de corps jonchaient le sol.

Depuis 2005, nous avons entrepris des démarches auprès de l’État Français pour qu’une enquête soit diligentée sur les tueries de Mai 1967. Jusqu’ici, aucune réponse.

Toutes les archives des hôpitaux et mairies relatives à cette période ont mystérieusement disparu et les archives Françaises de Fontainebleau nous sont interdites.

Face à ce mépris, les investigations se sont poursuivis directement sur le terrain même, en Guadeloupe, et ont permis de rencontrer des témoins visuels, des parents et amis de victimes, des blessés, des emprisonnés… Aux dires d’un ancien ministre des DOM, M. Lemoine, il y eut 87 morts et des centaines de blessés. Mais le nombre réel de morts va bien au-delà et dépassera 200 Guadeloupéens tués soient près de 7% de la population de l’époque.

Aujourd’hui, 41 ans après, nous poursuivons notre combat pour la vérité, la reconnaissance de ce massacre, la justice, le jugement et la condamnation des coupables, la réhabilitation des victimes, la réparation des préjudices, l’accès aux archives et dossiers de l’époque et à l’écriture de cette page de notre histoire. Depuis plusieurs mois maintenant, nous suivons avec intérêt vos prises de position sur tous les dossiers relatifs à la défense des droits de l’homme à travers le monde...

Pour le KOMITÉ MÉ 67,

(AKIYO – UGTG – Mouvman NONM – TRAVAYE & PÉYIZAN)
Elie DOMOTA [2]

Notes

[1Rama Yade. Ministre de F. Fillon sous la présidence de N.Sarkozy. Aux affaires étrangères et droits de l’Homme de 2007 à 2010.

[2Elie Domota. Secrétaire général de l’UGTG. Principal syndicat de Guadeloupe. Puis, porte- parole du LKP : Liyannaj Kont Pwofitasion : Collectif contre l’exploitation. Collectif qui occupa une place majeure dans la grève de 2009

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