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Dans Courant alternatif n° 251 (juin 2015)

REVOLTE ANTIMANAGERIALE A RADIO FRANCE

dimanche 21 juin 2015, par ocl-lyon

Le 15 avril, la grève du personnel de Radio France prend fin au bout de 28 jours. Une longueur exceptionnelle par les temps qui courent, mais à la mesure de l’importance de l’enjeu.
Enjeu pour les 4.600 salariés de cette grande entreprise publique, bien sûr ; enjeu aussi pour les 45 millions d’auditeurs pour qui les programmes des diverses chaînes (France Inter, France Musique, France Culture, France Info, Mouv’, radios régionales France Bleu) sont un accompagnement quotidien (trois heures d’écoute radiophonique par jour en moyenne en France) ; enjeu, enfin, pour la société dans son ensemble, dans la mesure où, derrière l’apparence d’un conflit syndical classique, s’est joué un affrontement d’une bien plus grande portée. Entre deux logiques : celle du service public, défendue par l’ensemble des salariés, et la logique managériale, promue par la direction (incarnée depuis mai 2014 par Mathieu Gallet), la hiérarchie des cadres et les multiples consultants.


La logique du service public – du service au public, plutôt que d’un service mis en place et contrôlé par l’Etat, même si les deux notions sont souvent confondues (1) – est celle qui a prévalu depuis la création de l’ORTF et s’est maintenue à travers les diverses transformations juridiques de la maison. Elle fait sens, semble-t-il, pour toutes les catégories du personnel de la maison, à l’exception désormais des cadres de direction : depuis les professions le plus directement liées à la production radiophonique jusqu’au personnel administratif et technique, voire au personnel d’entretien et de sécurité encore salarié de la maison, le fait de contribuer à faire vivre un service utile à la société, pesant d’ailleurs lourd dans l’information et la conscience du public, donne du sens au boulot – un sentiment d’autant plus prégnant que la radio est perçue comme un média de résistance, qui, contrairement à la télé, ne coûte pas cher. Il y a sans doute là un facteur de cohésion interne qui contribue à amortir les divisions dues aux différences de statut salarial, particulièrement nombreuses, notamment entre précaires et CDI.
Dans cette logique, le principe de rentabilité n’a pas sa place : ce qui sert au public doit être financé par l’argent public. Mais quand on se trouve, comme tout salarié, en position subordonnée, donc sans possibilité d’opposer ses propres critères d’utilité aux choix directoriaux, l’exigence de rentabilité devient difficile à contrer, surtout si l’on on a affaire à une direction qui sert de relais à la volonté gouvernementale. D’où, lorsque les restrictions sont à l’ordre du jour, une position surtout défensive, qu’il est si facile pour les libéraux de tout poil de réduire à une simple défense d’« intérêts catégoriels ».

La logique managériale, elle, s’intéresse avant tout à la minimisation des coûts. Depuis plusieurs années, elle cherche à s’imposer à Radio France, même s’il s’agit de la dernière grande entreprise publique à n’avoir pas connu de plan de restructuration. Déjà Jean-Luc Hees (directeur de 2009 à 2014) avait été chargé d’externaliser tout ce qui pouvait l’être. Le personnel le moins qualifié en avait le premier fait les frais. Mais l’offensive s’est surtout traduite par l’arrivée des « stratèges », ceux qui, diront souvent les grévistes en AG, sont là pour « créer les problèmes qu’ils sont censés résoudre ». Comme dans toutes les entreprises touchées par la fureur managériale, le recours – fort coûteux – aux bureaux de consultants et la traque aux coûts « inutiles » deviennent la norme. Parallèlement, la pyramide hiérarchique se renforce : de nouvelles directions sont créées (au budget, aux travaux, aux projets…), où trouve place « une armada de gens du privé » (la maison compte désormais un cadre de direction pour 200 salariés). Tout ce monde, bien sûr, est étranger aux métiers de la radio, sa principale compétence consistant à savoir comment « faire plus avec moins » au détriment du petit personnel. Ce qui ne l’empêche pas de prétendre, en toute bonne conscience certes, enseigner à chacun, y compris au personnel le plus qualifié et le plus ancien, la façon dont il doit travailler.
L’autre facette de cette logique, c’est la mise en concurrence des salariés. Chez les journalistes, catégorie individualiste et narcissique s’il en est, la lutte des places se fait jour. Du coup, les divisions s’installent ; au sein des rédactions, les conflits personnels montent en puissance. « Depuis quelques années, l’ambiance s’est dégradée », résument les grévistes.
L’arrivée au poste de directeur de Mathieu Gallet évidemment n’arrange rien. Son style de gouvernement autoritaire, sa façon de marginaliser les instances « représentatives » du personnel, aiguisent les mécontentements. Il est vrai qu’avec lui, la question de l’équilibre budgétaire passe au tout premier plan, c’est là sa mission – quoi d’étonnant dans une période où la recherche d’économies budgétaires devient le premier impératif de tout gouvernement ? Mais le vent de la rigueur est soudain. Alors que Jean-Luc Hees parlait encore en 2014 de budget en équilibre, Gallet évoque un trou de 180 millions d’euros, et 45 millions de déficit à prévoir en 2015. Il est vrai que le principal facteur de ce déficit, ce sont les travaux de réhabilitation du bâtiment (2). Un chantier interminable, auquel chaque directeur a voulu mettre sa patte, et dont le coût ne cesse d’augmenter (chiffré à 265 millions d’euros en 2004, il est estimé désormais à 575 millions pour un achèvement en 2018). Les salariés, trimbalés d’un espace de travail à un autre pour les besoins de la cause, en sont réduits à relever les irrationalités flagrantes, telles les graves erreurs d’acoustique du grand auditorium tout nouvellement construit.
Avec Gallet, donc, la recherche d’équilibre budgétaire, compliquée par une dotation du ministère de tutelle en baisse de 87 millions d’euros, prend une tournure nettement plus agressive : 50 millions d’économies sont à faire sur cinq ans, est-il annoncé. Du coup, les salariés sentent qu’ils sont devenus une variable d’ajustement ; chacun comprend que les menaces de suppressions de postes sont bientôt au rendez-vous, notamment dans les stations France Bleu et dans les deux orchestres de la maison, appelés les uns et les autres à « mutualiser » leurs programmes, donc leurs moyens. Et bien sûr l’inquiétude s’installe.
Mais il y a de la colère aussi dans l’air. Car pour Gallet, la logique comptable doit prévaloir partout, jusque dans l’espace physique des salariés : au nom de la nécessité d’engranger de nouvelles recettes, ceux-ci assistent ainsi à l’intrusion sans pudeur de défilés de mode dans le grand hall ; un prospectus est découvert proposant une croisière au côté de journalistes vedettes de la maison ; les studios sont loués aux entreprises pour leurs événements publicitaires. Et Catherine Sueur, numéro deux de la maison, de le justifier en AG : oui, de nouvelles recettes sont indispensables. Et Gallet de renchérir : Radio France doit devenir une marque !
Une conception qui, on le découvrira bientôt, ne l’empêche pas d’avoir une idée de la rigueur budgétaire à géométrie variable : au moment où la grève se déclare, Le Canard enchaîné révèle comment il se l’est appliquée à lui-même (100.000 euros dépensés pour l’aménagement de son bureau). Et, le 1er avril, en plein conflit, la Cour des comptes remet au gouvernement un rapport sulfureux, permettant à chacun de se faire une idée du fossé qui sépare le discours gestionnaire d’une gestion effectivement rationnelle de l’argent public.

 {{Un démarrage en flèche}}

Impossible pour les syndicats, dans un tel contexte, de ne pas percevoir la montée des mécontentements. Il faut réagir sans plus attendre. Un premier préavis est déposé pour le 11 février, la journée de grève est massivement suivie. Mais un autre événement va jouer un rôle déclencheur : les femmes et hommes de ménage « maison » (embauchés avant l’externalisation du service et maintenus dans leur fonction jusqu’à leur départ à la retraite) viennent, à l’occasion d’un changement de sous-traitant, de se faire signifier de but en blanc leur déplacement dans les locaux malsains du sous-sol. Une violence de trop, y compris pour les salariés qui les côtoient depuis des années. Du coup, lorsque arrive le 17 mars, date d’un nouveau préavis syndical (3), la grève démarre en flèche. Elle « part de la périphérie, du sous-sol, touche ensuite les ouvriers des ateliers, puis les techniciens, et enfin les producteurs » (4). Toutes les frustrations et les colères accumulées pendant ces années de changements subis sans grande réaction collective explosent alors, dans une vaste prise de parole collective, notamment au cours des AG qui quotidiennement reconduisent la grève. Car faire grève, c’est d’abord se donner la possibilité de décrocher tous ensemble, de se parler, de comprendre vraiment ce qui se passe à l’échelle de l’entreprise et non plus seulement de son service. Mais aussi de trouver les mots pour exprimer et expliquer le malaise, et lui donner un sens collectif. De créer de la solidarité entre des métiers qui souvent s’ignorent ; de se constituer en tant que force face à la direction ; et par là de retrouver une certaine fierté, en faisant reculer la peur qui souvent imprègne la vie quotidienne au travail.
Certes, la grève est officiellement minoritaire (6 à 10 % de grévistes selon les jours). Mais l’on sait désormais que cela ne présume en rien de sa dynamique. Ici comme dans bien d’autres cas, on s’organise pour se mettre en grève à tour de rôle, afin de limiter son impact sur les salaires. Certes, les journalistes n’y prennent pas part, nous dit la grande presse. Mais les grévistes nous expliquent que c’est surtout vrai des « grands » journalistes, des vedettes, grassement payés et tous membres du SNJ, syndicat corporatiste s’il en est, qui s’est rangé d’emblée du côté de la direction. Ceux-là sont coupés du reste du personnel. Mais les petits, les précaires, ceux qui travaillent dans l’ombre, et notamment tous ceux de la rédaction de France Culture – où le contenu éditorial du jour continue à se décider en commun, un fonctionnement que la direction n’a cessé de vouloir casser –, sont de la partie, parfois très activement.
Donc voilà que cette grève « minoritaire » dure, se renouvelle jour après jour, suscitant la surprise et la curiosité d’une société qui n’a plus guère souvenir de conflits du travail aussi longs dans le secteur public. Elle dure et se renforce, s’organise, multipliant les initiatives de popularisation, à l’intérieur comme à l’extérieur des locaux. Les problèmes sortent : hôtesses sous statut délogées du grand hall par celles du nouveau sous-traitant, agents de sécurité menacés, ampleur, stupéfiante dans un service public, de la précarité (cf.encart)... Les valeurs de la radio service public s’expriment avec force : non à l’uniformisation des programmes, aux robinets à musique, à la promotion des experts et des « événements », oui à l’enquête, au décryptage, à la découverte. La richesse culturelle de la maison contribue bien sûr à cette floraison : la parole est riche, très riche ; des productions radiophoniques de lutte voient le jour (5) ; les orchestres de la maison donnent gracieusement concert dans le grand hall, reversant leurs cachets à la caisse de grève.

Les « négos », c'est l'affaire de tous

Ce sont les AG qui jouent le rôle moteur de la mobilisation. C’est là que la parole se fait entendre, et là que se décide quotidiennement, sans distinction d’appartenance syndicale, la poursuite de la grève. Toutefois, l’organisateur officiel du conflit est l’intersyndicale, et son rôle ne lui sera semble-t-il jamais contesté ; la création d’un comité de grève, par exemple, n’est pas envisagée. Pas de prise de distance perceptible donc, jusque-là, entre la masse des grévistes et les syndicats engagés dans la grève. Mais c’est peut-être bien cela qui va permettre aux grévistes de faire spontanément un pas qui pourrait avoir joué un rôle décisif dans l’évolution du rapport de forces : spontanément, ils s’imposent massivement dans la salle de négociations – et cela jusqu’au bout, y compris le week-end de Pâques. Par crainte qui de se faire désavouer, qui de faire monter la colère, les négociateurs des deux bords n’osent s’y opposer. Ainsi les grévistes contraignent-ils la direction à un face-à-face sans échappatoire, l’obligeant à écouter une colère qu’elle a tout fait jusque-là pour ne pas entendre. Une pression énorme qui permettra de lui soutirer finalement une copie de son plan stratégique (« très léger, très inquiétant » [6]) à l’occasion d’un comité d’entreprise exceptionnel, et d’observer finalement les premières fissures dans le mur de résistance qu’elle oppose.
C’est alors que, le 10 avril, la ministre de tutelle décide de faire intervenir un médiateur (avant de se présenter en personne le 13 avril) : une fois encore, quand le « dialogue social » prend une tournure critique, l’Etat se souvient qu’il reste garant de la paix sociale. Du coup, la couleur des négociations change. Le médiateur, rompu à ce genre d’exercice délicat, écoute, comprend… soulevant chez les grévistes l’espoir illusoire d’être enfin entendus, d’obtenir enfin une réponse sur tous les sujets d’inquiétude. Pourtant les trois jours de médiation concédés ne débouchent sur rien de plus concret que… la concession d’une médiation plus longue, sur trois mois, le temps de la négociation du « contrat d’objectifs et de moyens » – et cela contre, il va sans dire, la levée des préavis de grève. Pour les syndicats, c’est suffisant : dès le lendemain, tous à l’exception de la CGT appellent à la reprise… Mais, horreur ! l’AG résiste, s’y oppose. Qu’importe. Le jour suivant, tous sans exception font voter séparément leurs seuls adhérents, obtenant ainsi qu’une majorité entérine leur décision. En pratique donc, le rôle du médiateur aura surtout consisté à créer les conditions permettant aux syndicats de siffler la fin du mouvement.

Une fin de grève sans conclusion

La grève prend ainsi fin sans aucun résultat concret. La menace de centaines de suppressions de postes est toujours là, notamment pour les stations régionales de France Bleu, et aucun des problèmes litigieux n’est résolu. Si, du point de vue de la grande presse, les syndicats ont, avec cette grève, « brûlé toutes leurs cartouches » avant même toute annonce officielle de suppressions de postes, ils ont en revanche déjà retrouvé leur privilège d’interlocuteurs exclusifs de la direction – à qui ils ont pu démontrer qu’ils avaient encore une utilité… –, dans des tractations qui pourront tirer en longueur à souhait.
Mais une colère nouvelle s’est fait jour chez les grévistes les plus combatifs : celle d’avoir été lâchés par les syndicats alors même que la victoire semblait à portée de main et que la grève ne manifestait pas de signe d’essoufflement. Rien ne dit, donc, que, faute de pouvoir maintenir la dynamique de la grève (« Arrêter, maintenant, ça veut dire : plus de temps, plus de lieu, plus de soutien et plus de protection légale », disait une voix dans la dernière AG), ils ne se donneront pas les moyens de maintenir une forme de mobilisation. D’ores et déjà, l’idée de créer une coordination a été lancée : première prise de distance vis-à-vis des syndicats ? Chez les salariés du réseau France Bleu, les grands perdants, la mobilisation en tout cas s’organise.
Les liens horizontaux, l’intelligence collective nés au cours de la grève suffiront-ils à maintenir un niveau de vigilance et d’initiative suffisant pour pouvoir riposter collectivement quand vont tomber les premières mesures effectives de « rationalisation » ? La grande presse insiste sur les déchirures qui se sont fait jour lors de la grève, notamment entre grévistes et non-grévistes, spéculant sur un retour au travail difficile. Pourtant une chose est sûre : pour les grévistes, la mémoire de ce magnifique moment de retour à la lutte collective, qui a permis à beaucoup de sortir d’un état de souffrance passive, ne disparaîtra pas comme ça.
Une fois passés les congés du mois de mai et le renouvellement en juin des contrats de cachetiers, il vaudra donc la peine d’observer de près si ce mois de grève « inutile » n’aura pas malgré tout contribué à mettre un frein à l’offensive managériale en cours dans l’une des dernières grandes entreprises publiques – et à donner par là des éléments pour résister à d’autres salariés dans d’autres entreprises, et plus généralement à tous ceux qui cherchent les moyens de sortir collectivement de « l’horreur économique ».

Et le lien avec l'extérieur ?

Comment les auditeurs ont-ils perçu la grève à Radio France ? Un point a été maintes fois souligné : par sa longueur, elle a permis aux millions d’auditeurs que nous sommes de comprendre quelle grosse place occupe la radio dans nos vies – et plus particulièrement, en France, la radio publique, qui dispose de grandes compétences techniques et culturelles et est encore largement épargnée par la publicité. Cela pourrait suffire à expliquer le large soutien des auditeurs, qui s’est manifesté spontanément par des messages multiples mais aussi par des contributions spontanées et importantes à la caisse de grève, et cela jusqu’à la fin du conflit (106.000 euros annoncés à la dernière AG !). Mais, par sa résistance, la grève n’a-t-elle pas aussi étonné et fasciné, dans cette période d’absence quasi totale de combativité ?
Et les grévistes, eux, comment ont-ils pris en compte le lien avec les auditeurs ? Ils n’en ont pas ignoré l’importance, c’est sûr, à en juger à des initiatives comme la création du site « Le meilleur des ondes » et les deux rencontres organisées avec le public à l’extérieur de la maison.
Mais pourquoi les grévistes ne se sont-ils pas emparés de l’antenne ? N’était-ce pas l’occasion rêvée de mettre le public de leur côté ? On s’en doute, la chose n’est pas simple. Techniquement parlant, il existe, entre les studios et l’antenne, un centre opérationnel dont il aurait fallu prendre le contrôle. Ce qui aurait supposé un autre rapport de forces, avec une grève majoritaire et la complicité des journalistes.
Et la question, délicate, des contenus radiophoniques, s’est-elle posée pendant la grève ? « Des questions sont sorties à ce sujet. Les producteurs étaient d’ailleurs présents dans les AG. Mais les dissidences sont peu nombreuses, la peur de perdre son boulot pèse. On est donc resté dans le cadre classique de la défense de l’emploi et des conditions de production. »
A ce témoignage on pourrait ajouter que cela aurait supposé un éveil des consciences à l’échelle de la société, qu’on ne rencontre que dans les moments de très vaste mobilisation sociale. Et ça, ça reste pour l’instant tout au plus du domaine de l’espoir.

Nicole Thé, 19 mai

La précarité à Radio France

Le travail des précaires est invisible et inaudible à Radio France, et pourtant, à en croire la Cour des comptes, la maison en fait travailler chaque année plus de 5.100, pour une masse de travail de l’ordre de 700 équivalents temps plein. La plupart relèvent du régime des intermittents du spectacle (les fameux « permittents »), ce qui permet de mettre à contribution l’assurance-chômage dans les moments de creux. Parmi les journalistes, la Cour a compté 158 personnes en piges ou en CDD dits « d’usage » (contrats censés lever toutes les restrictions légales au renouvellement répété) : un personnel appelé à assurer au pied levé des missions en tout genre et en tout lieu, qui s’épuise avant même que l’embauche se concrétise (souvent au bout de quatre ans). Evidemment, ce sont les premiers à subir les mesures d’économies (25 % de CDD en moins en 2014-2015), et cela en toute discrétion : leur cas n’est même pas mentionné dans le projet de plan de départs volontaires. Source : « Tout comprendre chap 3 : Les dessous de la radio », soundcloud.com/lemeilleurdes ondes

Notes

(1) Il est vrai que, dans le discours des salariés des entreprises dites publiques, et notamment des syndicalistes, cette confusion est souvent faite. L’idée de « défense du service public » est d’ailleurs souvent une forme de raccourci, qui joue un rôle fédérateur, fait partie constitutive de l’identité des salariés de ces entreprises et, en cas de conflit, permet de rendre présentable une réaction à toutes sortes de malaises ayant du mal à s’expliciter plus clairement.

(2) Le choix de réhabiliter le bâtiment plutôt que de transférer l’activité ailleurs a été imposé par l’Etat – comme quoi, quand il le veut, l’Etat sait faire passer les exigences de rigueur financière derrière celles du prestige.

(3) Ont pris part à la grève : CGT, majoritaire, SUD (« syndicat assez droitier, constitué pour contrer l’emprise de la CGT »), FO, UNSA, CFDT.

(4) La plupart des informations concernant le déroulement et l’atmosphère de la grève, ainsi que les citations en italique, sont tirées d’un entretien avec trois grévistes mené avant, pendant et après l’émission « Vive la sociale » du 16 avril, réécoutable à l’adresse : vivelasociale.org/lesemissionsrecentes

(5) A écouter sur le site « Le meilleur des ondes », créé pendant la grève. Dans ces « radios pédagos », produites notamment par des journalistes de France Culture, on trouve, outre des informations rares sur la condition salariale à Radio France (reprises en partie dans cet article), des prises de parole en AG, commentées, et de courtes fictions parodiques.

(6) Au-delà du discours managérial creux et des jeux de rééquilibrage budgétaire, il faut essentiellement en retenir le simple « redimensionnement » des quatre formations musicales (orchestres et chœurs) et une réduction d’effectifs de « 250 à 380 équivalents temps plein ».

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