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CA 312 été 2021

BB 312

mardi 3 août 2021, par Saint-Nazaire


Échec à la « Vidéo-verbalisation »

Des manifestations avaient été organisées les 12 et 22 mai 2020, à la sortie du premier confinement pour « dénoncer la gestion de la crise sanitaire ». Les deux rassemblements avaient pu se tenir dans le calme et sans que les protagonistes ne soient inquiétés par les forces de l’ordre présentes. C’est seulement quelques semaines plus tard que 25 manifestants ont reçu à leurs domiciles des amendes. Des contraventions basées uniquement sur des photos et une identification par la vidéo-surveillance.
Le 4 mai 2021, ces 25 manifestants, qui ont refusé de payer les amendes, ont comparu devant le tribunal de Police de Rodez (12) pour « participation à des rassemblements interdits ». La salle d’audience était pleine à craquer.
« On utilise les moyens d’investigation de la police judiciaire pour une forme de surveillance politique », a plaidé maître Delorge, l’un des avocats des prévenus. L’avocat n’aura finalement pas l’occasion ce mardi de développer l’argument devant le tribunal qui s’est déclaré « incompétent d’un point de vue territorial ». L’affaire sera donc jugée plus tard au tribunal de Millau si le Ministère Public le juge nécessaire. Les 25 « amendés » sont ressortis de la salle le sourire aux lèvres. Près de 200 personnes les attendaient devant le tribunal.
Source : streetpress.com

Passe sanitaire : un bon moyen pour l'État de rendre obligatoire la carte d'identité

Le gouvernement vient de lancer son système de passe sanitaire. L’accès aux grands événements (lieux qui accueillent un nombre de visiteurs ou de spectateurs au moins égal à 1 000 personnes) sera limité aux personnes présentant certaines garanties contre la pandémie, telles que le fait d’être vaccinées, d’avoir réalisé un test PCR ou de s’être récemment rétablies de la maladie. Ce contrôle devrait avoir lieu jusqu’au 30 septembre … au moins.
1er problème : Chaque personne devra fournir un passe sanitaire comportant son nom. Afin de prouver qu’elle en est bien la titulaire de ce passe, elle devra produire une carte d’identité ou un passeport. Ainsi, l’accès aux grands événements sera en pratique limité aux personnes disposant d’une carte d’identité ou d’un passeport. Rappelons ici que la carte d’identité française n’est pas obligatoire, une personne peut prouver son identité de diverses manières y compris par témoignage oral. Se battre contre cette obligation c’est aussi se battre contre le système de reconnaissance faciale généralisé dont rêve le Pouvoir d’Etat. En effet depuis un décret de 2015, la photo de toute nouvelle carte d’identité est numérisée et centralisée dans le méga-fichier TES (titres électroniques sécurisés) qui devient ainsi la base idéale pour la reconnaissance faciale généralisée.
2ème problème : le passe sanitaire permet très facilement la constitution de fichiers illicites de données personnelles. La lecture du code en 2D permet à n’importe qui, toujours aussi facilement, d’accéder à des données de santé très sensibles mais parfaitement inutiles au fonctionnement du passe : date de prise du vaccin, nom du vaccin, contraction passée de la maladie…
La situation pourrait très vite s’aggraver s’agissant des futures cartes d’identité. On peut s’attendre à des contrôles d’identité de plus en plus numérisés et nombreux, de la part de la police (en entrée de manifestation ou en cités) comme des services de sécurité privée (discothèques, festivals, transports, hôtels…).
Source : laquadrature.net

 Le SNMO censuré par le Conseil d'État ?

Le ministère de l’intérieur a publié le 16 septembre 2020 le nouveau « schéma national du maintien de l’ordre » (SNMO) censé « adapter » la gestion des manifestations en France. Dans la foulée, plusieurs syndicats et associations, avaient saisi le Conseil d’État.
Le Conseil d’État a annulé, jeudi 10 juin, quatre dispositions de ce SNMO. Parmi elles, la très sensible « technique des nasses », utilisées pour encercler des groupes de manifestants. « Si cette technique peut s’avérer nécessaire dans certaines circonstances précises, elle est susceptible d’affecter significativement la liberté de manifester et de porter atteinte à la liberté d’aller et venir », note le Conseil d’État dans son communiqué. « Le Conseil d’Etat annule ce point car rien ne garantit que son utilisation soit adaptée, nécessaire et proportionnée aux circonstances », est-il précisé dans le communiqué. OK ! Mais comme la si bien dit le ministère de l’Intérieur, le Conseil d’État ne l’interdit pas fondamentalement mais demande « que les conditions d’emploi soient précisées ». Ce que va s’empresser de faire le gouvernement !
Les 3 autres dispositions censurées concernent la presse. Le Conseil d’État considère que les journalistes « n’ont pas à quitter les lieux lorsqu’un attroupement est dispersé » et qu’ils n’ont pas « l’obligation d’obéir aux ordres de dispersion » des forces de l’ordre. « Ils ne peuvent donc être tenus de quitter les lieux, dès lors qu’ils se placent de telle sorte qu’ils ne puissent être confondus avec les manifestants ou faire obstacle à l’action des forces de l’ordre », ajoute le Conseil d’État.
Le Conseil d’État considère en outre que le « ministre de l’intérieur ne peut pas imposer des conditions au port de protections par les journalistes ». Enfin, le Conseil d’État annule l’accréditation des journalistes, qu’ils possèdent ou non une carte de presse, pour avoir accès au canal d’informations en temps réel mis en place lors des manifestations.
Le ministère de l’Intérieur a jugé que le Conseil d’État précisait que les journalistes « ne devaient pas faire obstacle aux forces de l’ordre » (?!). Il a affirmé en outre que le canal d’information en temps réel opérationnel lors de manifestations était « bien ouvert à l’ensemble des journalistes ». Il a jugé toutefois qu’un « travail devra être engagé avec la profession pour définir les critères permettant de réserver à la profession ce canal d’information ». Pour le ministère, « l’hypothèse d’une organisation par la profession de l’identification des journalistes n’est pas remise en cause ». Rappelons que l’exercice du journalisme en France est libre et non réservé aux journalistes détenteurs d’une carte de presse et ce document n’est en aucun cas obligatoire pour pratiquer le métier de journaliste, qui peut être exercé librement par n’importe quelle personne, sans que celle-ci ait besoin de diplôme spécifique. C’est cela qui gêne le Pouvoir qui voudrait délimiter ce métier et éliminer les « indépendants », les « free-lance ». Il est quasi-certain que l’État va revenir à la charge !
Le ministère de l’Intérieur a annoncé « que des modifications seront apportées pour permettre d’atteindre les objectifs voulus par le texte, tout en respectant les orientations de la décision du Conseil d’État », et ajoutant que, par ailleurs, « la très grande majorité du texte a été validée » par la juridiction. Effectivement cela concerne entre autre les nouveaux modèles de grenades, l’acquisition de matériels lourds (véhicules de commandement, engins lanceurs d’eau, véhicules blindés, matériel radio, drones, …), l’utilisation des réseaux sociaux par la police pour communiquer avec les manifestants, etc. ! Nous n’avons donc pas de quoi sauter au plafond à la vue de ces « censures » du Conseil d’Etat.
Sources : lemonde.fr et mediapart.fr

Vidéosurveillance biométrique dans nos supermarchés

La Technopolice gagne nos supermarchés. Pour détecter des vols, Carrefour, Monoprix, Super U ou encore Franprix testent via leurs caméras de vidéosurveillance des logiciels d’analyses biométriques pour traquer nos moindres gestes.
La crise sanitaire avait déjà libéré les velléités de surveillance biométrique des entreprises privées : caméras thermiques à l’entrée des entreprises, détection de distances physiques dans les bureaux, suivi de mouvement des yeux pour les examens d’université à distance…
Plusieurs entreprises françaises proposent maintenant de détecter automatiquement les vols en magasin « en temps-réel » grâce à des logiciels d’analyse biométrique directement branchés sur les caméras déjà présentes dans les magasins. Il s’agit de :
« Anaveo », une entreprise de 320 personnes avec un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros qui travaille dans la vidéosurveillance pour la grande distribution. Son logiciel « SuspectTeacker » promet de capter les flux d’images issus des caméras pour analyser les « comportements suspects », par exemple les « gestes vers poussette, sac à dos, poche de pantalon ou de veste ». Leurs vidéos de présentation mentionnent en passant que la détection de vols vient alimenter une base de données permettant de continuer à améliorer l’algorithme.
« Oxania », une start-up fondée en 2019, a produit un logiciel « Retail Solutions » qui serait capable de « reconnaître les gestes associés au vol en temps réel, détecter les comportements, les situations dangereuses, le parcours client et bien plus encore ». La vidéo de présentation assume calmement faire une analyse biométrique des comportements des personnes présentes dans le magasin (chaleur corporelle, gestes, corps…).
Et enfin « Veesion », start-up parisienne qui vend un produit de « reconnaissance des gestes » avec « une brique qui repère l’humain, une autre qui localise les membres sur ce corps humain, une autre qui repère les objets d’intérêt […] » pour ensuite envoyer une alerte sur le téléphone des équipes. En bref : un ensemble de dispositifs de surveillance et de suivi biométrique déployés en toute liberté et sans aucune information des personnes la subissant.
La grande distribution s’engouffre dans la surveillance biométrique. Par exemple, l’entreprise Veesion annonce équiper plus de 120 magasins en France.
Aucune gêne ni chez les concepteurs des logiciels ni dans la grande distribution. Au contraire, comme le dit clairement la société Anaveo, l’objectif du déploiement de cette surveillance biométrique est de lutter contre la « démarque invisible » (c’est-à-dire le vol à l’étalage), c’est d’« aider le secteur de la distribution à protéger son chiffre d’affaires »
Pire, pour le créateur de Veesion, la détresse sociale créée par la récente pandémie va provoquer des troubles sociaux, forçant les commerces « à investir davantage dans les solutions leur permettant de s’en prémunir ». Son entreprise devra alors être, selon lui, « à la hauteur de ces nouvelles exigences », c’est-à-dire, développer les outils de la Technopolice pour protéger la grande distribution des populations pauvres poussées au vol par la crise sociale.

L'entreprise « doctolib »

Pour cause de pandémie on parle souvent des entreprises qui sont en difficulté, plus rarement de celles qui en profitent. Doctolib compte parmi ces entreprises qui ont prospéré avec l’arrivée du numérique dans la santé. Elle a été créée en 2013 par quatre jeunes ingénieurs et diplômés d’écoles de commerces à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). En 2017, elle obtient le marché public de la prise de rendez-vous pour les médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui gère les 39 hôpitaux publics d’Île-de-France. Après plusieurs levées de fonds, Doctolib entre dans le cercle très fermé des « licornes » des nouvelles technologies, ces sociétés récentes du numérique valorisées à plus d’un milliard de dollars. La moitié des médecins généralistes — soit 25 000 selon le syndicat des médecins MG France – recourent également à Doctolib pour les rendez-vous de consultations avec leurs patients. Cet abonnement « est de l’ordre de 120 euros par mois par médecin », selon Jean-Christophe Nogrette, médecin généraliste et secrétaire général adjoint du MG France.
En janvier 2021 « Doctolib » a passé un accord avec l’État pour gérer l’accès aux rendez-vous de vaccination.
Aujourd’hui, Doctolib gère près de 90 % des prises de rendez-vous dans les centres de vaccination. Près de 50 millions de personnes (principalement en France, et cinq millions en Allemagne) y sont désormais inscrites. En mars 2021, la société facturait en moyenne le service de la prise de rendez-vous 214 euros par mois pour chaque lieu de vaccination. Avec environ 2600 lieux ouverts gérés par les agences régionales de santé, des hôpitaux ou des communes, dont une centaine de grands centres réalisant plus d’un millier d’injections par jour, cela représente un marché potentiel d’un demi-million d’euros par mois.
Alors se pose le problème des données personnelles de santé que l’entreprise collecte. Comment elles sont gérées et comment ces données sont protégées ?
Pour s’inscrire sur Doctolib, il faut donner un numéro de téléphone et une adresse mail. Ensuite, votre profil patient doit renseigner votre genre, nom, prénom, date de naissance et adresse postale. La société conserve les informations pour l’ensemble des praticiens avec lesquels vous avez pris rendez-vous ainsi que leur spécialité, voire les motifs de consultation. Certains médecins critiquent des pratiques intrusives de cette entreprise.
Doctolib étant une entreprise française, les données qu’elle collecte sont censées être protégées par le règlement général de protection des données (RGPD) qui vaut pour toute l’Union européenne. Ce règlement encadre la collecte, le traitement et l’utilisation des données numériques personnelles en Europe. Problème : pour la gestion de ses données, Doctolib utilise les services d’Amazon Web Service et de Cloudflare, deux sociétés états-uniennes, non soumises au RGPD. Ces sociétés pourraient être obligées, si Washington le demande, de fournir les données qu’elles gèrent en vertu de deux textes de loi états-uniens qui permettent l’accès à ces données sans que l’autorisation d’un juge soit nécessaire.
Sur son site, Doctolib assure que les informations de santé recueillies ne sont lisibles que par le patient ou la patiente concernée et son médecin, jamais par un tiers. Or, il a été démontré par plusieurs associations et par des journalistes spécialisés de France-inter que le chiffrement des données personnelles des patients avait des failles. En effet, ces données sont accessibles en clair alors qu’elles sont stockées sur les serveurs d’Amazon ! Face à cette lacune, plusieurs organisations dont le syndicat de la médecine générale ont saisi le Conseil d’Etat qui a rejeté leur demande de rupture de contrat entre Doctolib et le ministère de la santé !
Source : bastamag.net

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