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CA 313 Octobre 2021

BB 313

dimanche 3 octobre 2021, par Saint-Nazaire

Les drones pour filmer les manifs risquent de revenir par la fenêtre
La CRS 8 : une nouvelle unité d’intervention
PEGASUS
vendre les données médicales
la clé d’étranglement disparaît, la « prise arrière » reste autorisée
Passe sanitaire : Vers un nouveau type de contrôle ?


Les drones pour filmer les manifs risquent de revenir par la fenêtre

Le gouvernement a présenté le 19 juillet son projet de loi sur la responsabilité pénale et la sécurité intérieure en Conseil des ministres. Encore une nouvelle loi sécuritaire en préparation. Censuré par le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État, l’article concernant les drones de surveillance fait son retour.
La police et la gendarmerie en ont acheté beaucoup, elles estiment que c’est nécessaire pour leur travail de surveillance. Il leur faut donc le plus rapidement une loi pour les utiliser. Avec l’article 8 présenté dans le projet de loi, les finalités sont parait-il « plus précises ». Le nombre de drones utilisés sera limité par un décret ou un arrêté, ils doivent servir "à la prévention d’actes de terrorisme", "à la surveillance des frontières" ou encore à "la régulation des flux de transports", avec une autorisation donnée pour trois mois. En revanche, dans le cas d’une manifestation, elle ne dure "que pour la seule durée du rassemblement concerné". Rappelons que des drones surveillent des manifestations depuis au moins 2014 sans aucun cadre légal.
Dans ce projet de loi, il n’est plus seulement question des drones, "mais de toute caméra qui est sur un dispositif aéroporté". Filmer une manifestation depuis un avion ou un hélicoptère n’est pas nouveau, mais cela était réalisé, là aussi, sans cadre légal. "De quelle manière seront informés les gens présents et donc filmés lors d’un rassemblement ?" s’interroge la Quadrature du net qui s’apprête encore une fois à monter au créneau contre ce projet. Le ministère de l’Intérieur promet que ces drones ne pourront "procéder à la captation de son, ni comporter de traitements automatisés de reconnaissance faciale". Le texte doit encore être débattu à l’Assemblée nationale et au Sénat. Nous y reviendrons
Sources : France Inter, etc.

La CRS 8 : une nouvelle unité d'intervention

Le 1er juillet, G. Darmanin a présenté à Bièvre dans l’Essonne, une unité d’intervention inédite : la CRS 8, censée être déployable partout sur le territoire en un temps record pour intervenir sur des violences urbaines.
Basée dans l’Essonne, elle est composée de 200 hommes et femmes qui partagent leurs locaux avec le Raid. Ils sont déployables à tout moment dans un rayon de 300 km autour de Paris. Une base aérienne toute proche permettra peut-être, à terme, un déploiement au-delà de ce périmètre. Mais une réflexion se pose sur l’acheminement du matériel par le ciel.
L’objectif : être prêt à quitter la base en seulement 15 minutes après le déclenchement, il faut ensuite compter 2h de trajet maximum et intervenir sur des terrains en proie à des violences urbaines. Cette CRS ne restera sur place que quelques jours et n’a pas vocation à s’installer dans une zone durablement. 
La CRS 8 est opérationnelle depuis le 2 juillet. Dans la lignée des brigades anti-criminalité, Compagnies d’Intervention, détachements d’action rapide et autres voltigeurs des brigades de répression d’action violente, ce peloton nouvelle génération ne manquera pas de terroriser la population dans un pays qui compte déjà plus de 23000 CRS et Gendarmes mobiles dédiés spécialement au maintien de l’ordre.
« Si la CRS 8 démontre son utilité et son efficacité, alors il y aura d’autres CRS 8 » insistait le ministre. Ces forces d’action rapide auront donc vocation à se généraliser pour écraser rapidement les colères populaires. Elles seront un nouvel outil à disposition du pouvoir dans la guerre contre-insurrectionnelle qu’elle mène à sa population. Cette nouvelle unité de flics doit répondre à une prétendue augmentation des "violences en manifestations" et des "violences urbaines". Justifier la création d’une nouvelle force répressive en parlant d’une augmentation de la violence dans la population est un pur fantasme. Pire un mensonge éhonté. Si la violence augmente, c’est bien dans les rangs des milices d’État.
Sources : nantes-revoltee.com, etc.

« PEGASUS »

Pégase est le cheval ailé de la mythologie grecque, symbole de la créativité. Dans le monde actuel, le nom de cette créature fantastique est récupéré par une entreprise israélienne, NSO group, pour espionner la vie de dizaines de milliers de personnes. 
Israël est l’un des principaux exportateurs de surveillance dans le monde. Ce secteur représente quasiment la moitié des exportations du pays et emploie près de 10%de sa population active. Fierté nationale, organiquement lié à l’armée et aux services de sécurité, le high-tech est perçu comme le dépositaire de l’esprit pionnier qui a présidé à la création de cet Etat. Dans ce secteur, l’entreprise NSO emploie 750 salarié.es et a mis au point ce logiciel espion « pegasus » utilisé par de nombreux gouvernements dans le monde pour espionner leurs propres populations, ou des citoyens étrangers qui dérangent leurs affaires.
Officiellement Pegasus a pour but d’aider les services de renseignement à lutter contre la criminalité, la firme prétend qu’elle « crée des technologies qui aident les agences gouvernementales à prévenir et à enquêter sur le terrorisme et les crimes, pour sauver des milliers de vie dans le monde ». En réalité le logiciel est utilisé en dehors de tout cadre légal et le « terrorisme et grand banditisme » ne constituent qu’une infime partie des utilisations. 
Un consortium international de journalistes « Forbidden Stories » s’est constitué pour dénoncer l’utilisation de ce logiciel espion extrêmement puissant. Ce consortium a relevé cet été que 11 États utilisaient Pegasus pour cibler les communications de journalistes, militants, dissidents ou politiques. Parmi ces pays on trouve le Maroc, l’Arabie Saoudite, l’Inde, Le Mexique ou la Hongrie. 50 000 smartphones sont potentiellement visés et 180 journalistes sont ciblés par ce logiciel puissant qui s’infiltre dans les téléphones portables. Il peut en aspirer tout le contenu, messages, photos, contacts. Plus encore, il peut prendre le total contrôle de votre appareil : accès à votre caméra, suivi des frappes de votre clavier, écoute et enregistrement de vos appels téléphoniques. La liste pourrait encore s’étendre. Une fois installé sur votre téléphone portable, Pegasus peut tout capter, tout surveiller. A suivre
Sources : nantes-revoltee.com, amnesty.fr, lemonde.fr

Le gouvernement anglais prêt à vendre les données médicales

Le ministre de la santé, Matt Hancock, a réclamé que les médecins généralistes affiliés au NHS England (le système national de santé publique) partagent les données de santé de 55 millions d’Anglais qu’ils détiennent, pour qu’elles soient centralisées d’ici au 1er juillet et puissent être exploitées à des fins de recherche par des organismes publics mais aussi des sociétés privées. Les autres NHS du Royaume-Uni ne sont pas concernées par ce projet.
La décision a été prise en toute discrétion dans le courant du printemps, le NHS Digital, la filiale de gestion des données de santé du NHS, se contentant d’un communiqué de presse en date du 12 mai. Les patients avaient jusqu’au 23 juin pour réclamer un opt-out, afin que leurs données ne soient pas partagées. Pour cela, ils devaient adresser un courrier à leur centre médical. Au Royaume-Uni, pour bénéficier des soins gratuits du NHS, chaque résident doit s’inscrire auprès d’un cabinet médical de son voisinage. Les formulaires sont à télécharger sur le site du NHS Digital, mais cette possibilité d’échapper à la collecte géante à venir n’a évidemment fait l’objet d’aucune publicité d’ampleur. Le NHS sait pourtant bien communiquer : la campagne vaccinale britannique, extrêmement efficace, en est la dernière preuve.
« C’est complètement dingue ! Le NHS Digital n’a donné que six semaines aux médecins généralistes et aux patients pour se retourner. Alors que nous sommes encore en pleine pandémie. Il s’agit quand même d’informations personnelles d’une extrême sensibilité : votre santé mentale, sexuelle et physique, tout ce qui est partagé dans le secret d’un cabinet médical. Or nous n’avons aucune transparence sur l’usage que les sociétés tierces feront des données, ni quels seront leurs utilisateurs finaux », s’étrangle Phil Booth, fondateur de medConfidential, une des associations tentant d’alerter sur le projet gouvernemental. « Le NHS Digital assure que ces données seront anonymisées. Un logiciel est censé masquer le lien entre les actes médicaux ou hospitaliers et l’identité du patient [son numéro d’identification NHS et sa date de naissance]. Mais ce logiciel, c’est le NHS Digital qui le contrôle !
NHS Digital a été créé en 2013 avec l’objectif de collecter les données des médecins de ville et des hôpitaux : « Les données des patients sont déjà utilisées tous les jours pour améliorer les services de santé, pour la recherche permettant d’aboutir à de meilleurs traitements et de sauver des vies. (…) Ces informations ne seront utilisées que dans un but de planification des soins et de recherche par des organisations qui peuvent prouver qu’elles en font un usage légitime et légal », assure un porte-parole du NHS Digital, cité par le Guardian. Cependant, la résistance s’organise.
Des médecins généralistes se rebiffent : « Cette collecte de données est injustifiée, sans précédent par son ampleur et ses implications, et possiblement illégale. (…) Nous sommes de plus en plus nombreux (…) à avoir pris la décision de faire une pause dans ce programme et de refuser de partager nos données », explique Ameen Kamlana, un activiste et médecin de l’Est londonien, dans les colonnes du Guardian, le 3 juin.
Source : lemonde.fr

Police : la clé d'étranglement disparaît, la « prise arrière » reste autorisée

À la suite du décès de Cédric Chouviat, lors de son interpellation le 3 janvier 2020, le ministre de l’intérieur de l’époque, Christophe Castaner, avait annoncé, le 8 juin 2020, la suppression de la clé d’étranglement (bras serrant le cou de la personne interpellée afin de la neutraliser), l’une des pratiques policières, avec le plaquage ventral, à l’origine de l’asphyxie du livreur. Plus d’un an après, cette interdiction a été officialisée par le directeur général de la police nationale, Frédéric Veaux, auprès de l’ensemble des hauts responsables de la police, dans une note datée du 30 juillet. Mais la pratique de « prise arrière », conseillée depuis juin 2020 par le directeur central de la formation de la police nationale, n’a pas fait l’objet, à ce jour, d’interdiction. Elle consiste à « apposer brièvement le méplat de l’avant-bras sur la trachée, sans pression, […] dans le seul but de faciliter le déséquilibre de la personne à maîtriser afin de l’amener au sol et finaliser le menottage ».
« Visuellement », il s’agit donc de la même gestuelle. La seule différence résiderait, selon le directeur de la formation des policiers, dans « l’absence de pression exercée sur la trachée et le temps d’exécution limité ». Nous ne pouvons être que dubitatifs !
Rappelons que depuis 2007, au moins 10 personnes ont succombé des suites de ces pratiques.
Source : lemonde.fr

Passe sanitaire : Vers un nouveau type de contrôle ?

Les contrôles, quels qu’ils soient, ont lieu pour ficher, verbaliser, traduire en justice, mettre en garde à vue, enfermer, … Dans le cas du passe sanitaire, il s’agit de contrôler à grande échelle pour exclure, d’un bar, d’un restaurant, d’un spectacle, d’un emploi, d’un mode de transport … selon des critères fixés par l’État.
Plus de 80% de la population française a aujourd’hui un smartphone qui sert à bien autre chose que de téléphoner. Ces smartphones sont munis d’un appareil photo et sont capables de lire des code-barres en 2D tels que des « QRCode » de plus en plus utilisés par l’administration, sécurisant ainsi les documents qu’elle délivre. Cette technologie vient de permettre à l’Etat de confier, à des dizaines de milliers de personnes non-formées et non-payées par l’Etat, la mission de contrôler des millions de personnes à l’entrée d’innombrables lieux publics, sur des lieux de travail, etc.. Pour ces contrôles de masse, plus besoin de recruter des flics et cela ne coûte rien à l’État !
Bien sûr rien ne prouve que ces contrôles soient efficaces. Ces passes sanitaires peuvent être détournés comme toute technologie, mais cette possible inefficacité pourrait servir, comme toujours, de prétexte pour le perfectionner. C’est ainsi que nos contrôleurs non-policiers pourraient détecter les échanges de passe grâce à un système affichant le visage des personnes contrôlées. Ce système est d’ailleurs dans les tuyaux de l’État.
La Quadrature du Net vient de publier fin août un texte : « Passe sanitaire : Quelle surveillance redouter ? Teste où ils essaient de détailler le danger autoritaire et de répondre à la question : de quel type de surveillance le passe sanitaire est-il l’expression ? Il nous semble fondamental de lutter contre le risque d’accoutumance et de banalisation de ce type de surveillance qui peut rebondir dans d’autres domaines que la santé.
Source : laquadrature.net

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