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CA 315 décembre 2021

Rubrique Sans frontières

vendredi 24 décembre 2021, par Courant Alternatif

Chaque mois Courant Alternatif propose une recension d’évènements sur les questions touchant les migrant·e·s, les frontières, la répression comme la solidarité...


Remobilisation autour de Calais ?

C’est la question que l’on peut se poser suite à la grève de la faim des trois militants (voir numéro précédent) qui s’est terminée, certes par un échec, mais qui a remobilisé sur la question des migrants. En effet, le 13 novembre dernier, il y a eu une manifestation importante à Calais, ce qui ne s’était pas vu depuis plusieurs années. Le week-end d’après, c’était une manifestation de soutien parisienne avec comme revendications celles des ex-grévistes : l’arrêt des expulsions pendant la trêve hivernale, fin de la confiscation des affaires personnelles et une politique d’accueil des réfugiés… Sur la grève de la faim, rapidement, les négociations avec l’État ont échoué. Le médiateur qui n’était autre que le directeur de l’OFII (office français de l’immigration et de l’intégration) n’a rien voulu lâcher sur les demandes tout juste a-t-il accordé un délai de prévenance avant l’intervention sur les campements et le saccage policier. L’État reste donc arc-bouté sur sa politique de la terre brûlée, aucune installation n’est tolérée car ce même État est effrayé par la constitution d’une nouvelle jungle où migrants et aidants pouvaient s’organiser par eux-mêmes. Concernant la manifestation calaisienne, elle a été plutôt massive avec un bon millier de manifestants et notamment beaucoup de migrants, accompagnés par des collectifs de sans-papiers venus aussi pour l’occasion. L’ambiance était musicale et dynamique mais au-delà du plaisir de se retrouver, il y a la politique et sur ce point on ne peut que constater le désarroi de la situation. On réclame aujourd’hui ce que l’État faisait il y a une dizaine d’années avec des gymnases ouverts pendant les plans grand-froid et plus loin encore, certains rêvent d’un nouveau Sangatte – camp géré par la Croix Rouge de 1999 à 2002. Alors bien-sûr, il y a l’urgence humanitaire à palier avec le froid, la pluie, la faim mais cela reste nettement insuffisant pour enclencher un réel rapport de force avec l’État et le capital qui conduisent les migrants sur ou sous la Manche. L’espoir ne viendra pas non plus des candidats politiciens à l’image de Karima Delli (eurodéputée EELV) venue pour l’occasion qui n’a rien trouvé de mieux dans son discours d’appeler à l’accueil des réfugiés comme pendant la guerre d’Espagne … où les réfugiés ont été parqués dans des camps de concentration sur les plages languedociennes. La République en marche ou social-démocrate a le sens de l’accueil ! Terminons néanmoins sur une note positive car, pendant la manifestation, des exilés se sont directement exprimés et luttent pour l’amélioration immédiate de leur condition. Aussi, un collectif « Faim aux frontières » s’est créée à l’occasion de la grève de la faim et rassemble des militants et des migrants pour tenter de faire barrage aux expulsions policières, le succès est mitigé car la police finit par passer mais il y a de nouveau des actions de résistance …
Source : Compte-rendu des camarades de la Mouette Enragée (voir leur blog)

<a href='https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article2927' class="spip_in">Grève de sans-papiers contre La Poste</a>

Cela concerne plus précisément la société DPD mais c’est une filiale comme d’autres – Chronopost, Viapost, Colisposte – qui appartient à 100 % à la maison mère postale. Nous sommes ici dans une plateforme logistique à Coudray-Montceaux dans l’Essone où travaillent des centaines de salariés dont une partie sont des sans-papiers. Depuis le début du mois de novembre, une partie d’entre-eux (environ 70 personnes) ont décidé de se mettre en grève et de faire un piquet. Le mouvement est soutenu par le collectif CTSPV (collectif des travailleurs sans papiers de Vitry) et aussi le syndicat Sud PTT 91. Les mots d’ordre de la mobilisation sont la demande de délivrance de Cerfa et de documents d’entreprises qui permettraient la demande de régularisation et la condamnation des conditions de travail comme les heures non payées, seulement 15 minutes pour décharger un camion ou encore les colis trop lourds et les horaires qui changent tout le temps. Deux piquets de grève ont été installés, devant et dans l’entreprise. Des discussions sont rapidement envisagées avec DPD mais aussi la boîte d’interim Derichebourg. Mais la chose semblait trop belle car la direction au nom de la propriété privée bloque le réapprovisionnement des personnes à l’intérieur. Ils coupent même l’électricité dans le parking pour empêcher la recharge des téléphones. Ce travail de sape du mouvement ne décourage pas les grévistes qui soulignent malicieusement dans leur communiqué : « La Poste est bien naïve si elle croit ainsi faire céder les grévistes dont une grande partie a traversé le désert, connu les tempêtes en Méditerranée sur un zodiac bondé... et connu les conditions abominables de travail auxquelles elle les a contraint. » A l’écriture de ces lignes, la bataille est toujours en cours. Cela fait aussi écho à la lutte de sans-papiers autour de la société Chronopost à Alfortville, il y a bientôt 2 ans qui avait réussi à obtenir la régularisation de 27 travailleurs sans papiers au bout de 7 mois de combat.
Source : communiqué de grève, CTSPV

Suite de <a href='https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article2896' class="spip_in">la lutte des sans-papiers de RSI</a>

Nous en avions parlé dans la rubrique précédente, ces sans-papiers embauchés par l’agence d’interim RSI, spécialisée dans le BTP, se mobilisent pour dénoncer leur condition de travail et réclamer les documents pour une demande de régularisation. Le 22 octobre, ils avaient occupé l’agence RSI du boulevard Magenta à Paris, ils ont été évacués immédiatement et violemment par la police. Depuis, le piquet de grève s’est déplacé à Gennevilliers devant un autre bureau de la société. Un rassemblement de soutien a eu lieu le 12 novembre. Les longues négociations commencent avec d’un côté l’entreprise mais aussi les donneurs d’ordre comme le groupe Eiffage ou Bouygues (pour les plus connus) et de l’autre côté, les grévistes et leur soutien dont le maire communiste de la commune et des militants expérimentés (comité de sans-papiers et CGT). A suivre.

Source : tracts du CTSP94 et communiqué de la marche des solidarités

D'autres grèves de sans-papiers organisées par la CGT

En lien avec la lutte des RSI, d’autres piquets de grève ont été organisés en Île de France avec l’appui de la CGT du Val-de-Marne. A chaque fois, des agences d’intérim sont visées dans les secteurs précaires du nettoyage, de la logistique, du bâtiment. A Rungis, 28 grévistes ont fait le piquet devant l’agence Star People, à Maisons-Alfort, c’est devant la société Proman, etc. A cette heure, 8 piquets de grèves ont obtenu satisfaction avec toujours la remise des documents Cerfa et autres pour demander une régularisation en préfecture. D’autres piquets de grèves tiennent jusqu’à obtenir une victoire.

Source : blog de la Marche des solidarités

Passe-droit de classe

La note de la direction des douanes est discrète et ne fait qu’une page mais elle demande à ses ouailles de prévenir la hiérarchie dans la demi-heure (!) si des personnes publiques se font fouiller. Sont notamment concernés les diplomates « avec ou sans ordre de mission », les représentants du monde économique ou financier comme les « DG de grandes sociétés, présidents de banque centrale » ou les « personnalités politiques ». Mais également, et de manière plus surprenante, les « acteurs », « présentateurs », « journalistes » et même « influenceurs » ainsi que leurs accompagnants respectifs. L’objectif déguisé de cet ordre est de décourager les douaniers à contrôler de telle personne car cela serait d’une lourdeur administrative sans nom (il faut prévenir plus de 4 niveaux hiérarchiques ...). On le voit, les frontières sont à verrouillage variable et des affaires récentes montrent que les capitalistes peuvent circuler librement comme leur argent. En juin dernier, deux saoudiens ont été contrôlés avec plus de 500 000 euros en argent liquide et ont pu régulariser sans encombre leur situation. Pareil pour le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé qui, le même mois, a réglé à l’amiable le passage d’une valise de billets de plus de 90 000 euros dans son jet privé. Pour taire d’éventuelles autres affaires, la note de la direction douanière rappelle le devoir de loyauté et de secret de ses agents sous peine de sanction. Circulez, y- a rien à voir !

Source : Le Monde

Mur virtuel contre les migrants

Il y a les toutes nouvelles barrières de barbelés entre la Biélorussie, la Pologne et la Lituanie pour garder la forteresse Europe, mais voilà que l’UE s’intéresse de plus en plus à la surveillance électronique de ses frontières. Robots et algorithmes viennent à l’aide de la xénophobie de leur créateur, en premier lieu, l’agence européenne Frontex, premier corps en uniforme de l’UE. Depuis plusieurs années déjà, des drones et des robots détecteurs de mouvements ou encore infrarouge sont utilisés. Mais l’arsenal est en train de s’étoffer notamment le projet européen Roborder, dont le but est de créer “un système pleinement autonome de surveillance des frontières” avec des robots terrestres, aériens et marins. Autre panoplie panoptyique, dans les aéroports de Lituanie, de Hongrie et de Grèce, le programme iBorderCtrl a testé l’intelligence artificielle dans le but de détecter des mensonges sur les personnes interrogées. Le système posait des questions aux passagers et scannait les micro-expressions de leur visage. En cas de doute, il les orientait vers des contrôles plus poussés comme la police aux frontières. Après d’abondantes critiques, iBorderCtrl a été arrêté, mais cela ne veut pas dire que d’autres expériences similaires ne vont pas être menées. Le programme Avatar, qui repose également sur la “reconnaissance des émotions”, est actuellement testé en Roumanie et au Canada. Les gardes-frontières polonais utilisent des systèmes de la société israélienne Cellebrite pour accéder à des données stockées sur des téléphones. Il y a quelques années, Cellebrite les vendait ouvertement comme des outils utiles dans le cadre de l’examen des demandes d’asile.
Source : Courrier international

Rouge-bruns vs demandeurs d'asile à Limoges

Nous en avions déjà parlé, il y avait à Limoges le squat de l’avenue de la Révolution qui rassemblait une centaine de demandeurs d’asile autour d’un collectif solide et auto-organisé. Mais le 7 juillet, le lieu est évacué et tout le monde s’est un peu éparpillé en s’hébergeant par la débrouille. Mais la volonté de se rassembler et de loger tout le monde a abouti à une tentative d’occupation d’un local associatif vide a 80%. Tentative qui a échoué à cause … d’une association ! La fédération nationale de la Libre pensée (FNLP) - d’obédience troskyste-lambertiste - propriétaire du local a considéré cette initiative comme un affront et s’est fendue d’une nauséabonde "lettre ouverte au mouvement ouvrier et démocratique" où elle compare les migrants et leur soutien aux nazis, une sorte d’Anschluss de « leur » local (point Godwin quand tu nous tiens !). Devant cette ambiance rouge-brun, le collectif a préféré chercher une autre solution. En réponse toutefois à l’attaque, la libre pensée 87 (retirée de FNLP depuis quelques années), Le collectif Chabatz d’Entrar, le MRAP et d’autres associations vont sans doute porter plainte contre la FNLP pour diffamation. En tout cas, un nouveau lieu a été trouvé dans un entrepôt désaffecté de la zone sud de Limoges. Le collectif Chabatz d’Entrar propose un commodat au propriétaire du lieu. C’est un contrat par accord tacite où le proprio accepte la mise à disposition gratuite des locaux en échange de l’entretien et de la surveillance du lieu. Autorisé par une loi de 2009 et l’article 1875 du code civil, ce principe de commodat est parfois utilisé pour permettre la persistance d’un lieu d’hébergement.

Source : France 3 régions, blog Médiapart

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