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CA 319 avril 2022

Edito : On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels*

vendredi 1er avril 2022, par Courant Alternatif

Biden, Macron et consorts, dénoncent, accusent Vladimir Poutine d’être le fauteur de guerre. Certes il est coupable de l’agression, de la terreur et la désolation semées en Ukraine. Et, si l’autocrate de Moscou n’a que faire des peuples qu’il a bombardé, sous les silences de l’Occident : tchétchènes, kazakhs etc, tous regardent avec la même duplicité les kurdes traqués par Ankara, les palestiniens soumis à l’apartheid par Israël, les yéménites massacrés par l’Arabie Saoudite...


Biden, Macron et consorts, dénoncent, accusent Vladimir Poutine d’être le fauteur de guerre. Certes il est coupable de l’agression, de la terreur et la désolation semées en Ukraine. Et, si l’autocrate de Moscou n’a que faire des peuples qu’il a bombardé, sous les silences de l’Occident : tchétchènes, kazakhs etc, tous regardent avec la même duplicité les kurdes traqués par Ankara, les palestiniens soumis à l’apartheid par Israël, les yéménites massacrés par l’Arabie Saoudite... etc. Dans ces sanglantes et macabres parties d’échec, le sort des peuples se calcule, à l’aune des intérêts rapportés.

Mais pour les responsabilités, les gouvernements US et Occidentaux ne sont pas en reste. Nos hypocrites démocrates, drapés d’humanisme, ne valent guère mieux. Ils ont déjà oublié les afghans bombardés par les forces US ou les Libyens écorchés depuis l’agression de la France couverte par L’OTAN...

Nos démocrates se posent en défenseurs de la "Liberté", des libertés ! Mais les libertés qu’ils nous prêtent restent liées aux profits qu’ils engrangent. La période du Covid a illustré leur philosophie en la matière. En France, la bourgeoisie a su faire passer ses lois liberticides et substituer une politique sécuritaire à une politique sanitaire tandis qu’une minorité voyait ses actions en bourse battre des records. Ils prônent la liberté de circuler mais là aussi lorsqu’elle est source d’accumulation de profits. Sinon, pour les hommes et les femmes qui fuient les guerres, la misère alors des murs se construisent, des barbelés sont tirés et une sélection indécente s’opère entre réfugiés aux frontières de l’Est. Les cadavres flottent en Méditerranée, dans la Manche, ou se dessèchent dans les déserts.
Ils en appellent à la Paix, à la Démocratie, au droit international, mais n’hésitent pas à contourner ce "droit des peuples". Et avec le cynisme des puissants, ils piétinent leurs propres accords, leurs propres règles où, entretiennent des foyers de guerre et soutiennent des dictateurs qui massacrent les peuples avec les armes que ces "apôtres de la paix" leur ont vendu.

La guerre n’est que la continuité de la politique par d’autres moyens. Rappelons que même si l’agression russe est à condamner, ce sont les armes, les missiles et soldats de l’OTAN qui sont massés à la frontière de la Russie et non cette dernière qui est allée à la frontière mexicaine. Ce sont la flotte et les avions américains qui sillonnent la mer de Chine et non les bateaux chinois qui patrouillent devant la Californie, au large de New York ou près des côtes australiennes.
Ainsi, chaque camp s’observe, se teste, pour savoir à quel moment il pourra rafler la mise. Une mise gorgée de sang des peuples otages.

Pourtant, contre la violence de l’agression russe, le peuple, les travailleurs ukrainiens résistent tandis qu’en Russie, malgré la féroce répression, le refus de cette guerre laisse apparaître des oppositions qui font écho. Autant de lueurs d’espoir de solidarité pour les peuples que les bourgeoisies voudront entraîner derrière leurs étendards patriotiques. Nous devons refuser tout embrigadement.
Notre combat de classe est ici dans nos pays contre nos exploiteurs, contre le capitalisme porteur de barbarie et de guerre.

C’est entre ces bruits de bottes, l’inquiétude d’un retour du Covid et une campagne électorale française qui suinte l’ennui et le vide -ce qui conduit même des chaînes de télévision privées à déprogrammer la soirée électorale du premier tour- que le président a déroulé le programme du candidat Macron le 17 mars, devant la presse.

Macron "le protecteur des peuples" si l’on croit ses gesticulations guerrières et médiatiques, est inquiet du taux d’abstentions. Doutant d’un réel report de voix de gauche sur sa candidature, le président candidat a repris le cap " à Droite toute", ne s’embarrassant plus de l’hypocrite "Ni de droite Ni de gauche" du scrutin de 2017. Et, à ceux qui lui reprocheraient de siphonner les idées de V. Pécresse ou des Le Pen and Co, il rétorque qu’il n’en a "présidentiellement" rien à faire.

Son programme est sans surprise. Il poursuit ses attaques contre les travailleurs, les fainéants, les précaires... Ainsi, les allocataires du RSA devront concourir à 15 ou 20 heures d’activité par semaine pour percevoir un accompagnement d’État. Pour l’âge de départ à la retraite, ce sera 65 ans. "Nous sommes dans une société vieillissante... il est normal compte tenu de la nature des comptes publics que nous travaillions plus", il réaffirme son intention de réduire les régimes spéciaux pour un régime universel, qui évidemment sera tiré vers le bas... Dans le cadre des économies, la casse des services publics de l’éducation et de la Santé sera poursuivie. La misère de l’hôpital ou de l’école mise à jour par les années de Covid et dénoncée par les salariés ou prof, n’affecte en rien le candidat élyséen.

Pour accompagner sa politique réactionnaire, il rassure ses pairs et flatte son électorat. Plus de fric, pour l’armée, et la police. Son intention s’il est réélu est de porter à plus de 50 milliards le budget des armées. Une façon pour la France de surfer sur la ligne de crête de la mobilisation guerrière qui emporte l’Union Européenne. Il densifie la gendarmerie avec 200 nouvelles brigades. Pour la police il confirme les 15 milliards d’euros promis. Il renforce ce bras armé de l’État par la création d’une FAR -Force Armée Républicaine- qui n’est pas sans rappeler l’autre FAR -force Action rapide- de l’armée. Celle-ci devra intervenir rapidement et occuper dans la durée : les quartiers, les zones "séparatistes" ou de "non droit". En avril 2021 Macron, s’exprimait ainsi dans le Figaro : « Chaque Français verra plus de bleu sur le terrain en 2022 qu’en 2017. Ça rassure les gens, ça dissuade les délinquants. Je me bats pour le droit à la vie paisible. » Sous couvert de lutte contre les dealers, il s’agit d’intensifier la répression dans les quartiers et mener sa guerre antisociale contre les populations. Et, pour parachever son programme, le candidat président aura une politique implacable contre les migrants. Il nous promet une refonte du droit d’asile et de séjour, une politique de réduction et de suppression de visas et évidemment de repenser le modèle d’intégration. Bref un projet d’immigration choisie qui puisse rapporter plus au patronat.
Sans surprise, il se coule dans le moule du libéralisme européen, satisfaisant le patronat et la bourgeoisie française.

Pourtant bien que E. Macron parte favori dans les sondages et média, rien n’est jamais gagné avant le coup de sifflet de fin de match à savoir : le verdict des urnes... dans l’isoloir ou... dans la rue par le peuple...

Caen 26 02 2022

*Citation d’Anatole France « Lettre ouverte à Marcel Cachin », L’Humanité, 18 juillet 1922

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