Accueil > Big Brother > BIG BROTHER 320 mai 2022

BIG BROTHER 320 mai 2022

mercredi 18 mai 2022, par OCL Reims


« Libre Flot »
Les fonctions de la police !
Affaire « Pegasus »… suite
Encore un assassinat de la BAC !
La VSA ? [1]

« Libre Flot »

Le 8 décembre 2020, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) arrêtait 9 militant.es libertaires prétextant une opération « antiterroriste ». Ce coup de filet dans ce que le pouvoir appelle « l’ultragauche » s’est avéré être un montage médiatique, juridique et policier comme l’affaire « Tarnac » en 2008. Sur les 9 personnes, 2 seront immédiatement libérées, 2 placées sous contrôle judiciaire et 5 autres en détention provisoire. Au fil des mois de recours juridiques, de mobilisations 4 seront finalement libérées après avoir effectué de 4 mois et demi à 11 mois de détention provisoire tout en restant inculpées et sous contrôle judiciaire. Une seule personne va alors rester en détention : Libre Flot (surnom). Il est apparu rapidement que l’enquête est principalement motivée par la présence de Libre Flot aux côtés des YPG du Rojava, parmi d’autres militants internationalistes, dans la bataille contre Daesh à Raqqa en 2017. Depuis son retour, il était en effet surveillé par les services de la DGSI qui le soupçonnent de chercher à constituer autour de lui un groupe de lutte armée. La DGSI avait déjà tenté d’appliquer à d’autres personnes ce fantasme du vétéran revenu du Rojava pour prendre les armes en France et ce dans un contexte plus large de criminalisation des luttes pour l’autodétermination du peuple kurde en Europe. Le 27 février, Libre Flot en détention provisoire depuis 15 mois et maintenu sous le régime de l’isolement entame une grève de la faim. Le 24 mars, il est transféré de la prison de Bois d’Arcy à l’hôpital de Fresnes. Le 28, il lui a été notifié − sans explication − la levée de sa mesure d’isolement et de son interdiction de communiquer avec Camille, sa compagne, elle aussi mise en examen dans la même affaire. « Libre Flot » fera 36 jours de grève de la faim (mettant ainsi sa santé en danger), jusqu’au 4 avril date de la journée internationale de solidarité. Il sera transféré à l’hôpital de la Salpetrière à Paris et le 7 avril il est remis en liberté sous bracelet électronique pour des raisons médicales. Son combat ainsi que celui de ses co-accusé.es est de faire voler en éclat la mascarade de l’accusation terroriste.

En outre, il convient de mentionner que les militantes et les militants qui se trouvaient au Rojava, même pour des raisons journalistiques, ont été interdits d’entrée dans les pays qui relèvent de l’espace Schengen et dépouillés de leurs passeports. De même, les gouvernements des métropoles capitalistes occidentales non seulement ne reconnaissent pas l’Administration autonome du Nord et de l’Est de la Syrie, mais continuent de maintenir le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) et ses organisations fraternelles sur leurs listes d’organisations terroristes, restent silencieux en tant que complices de l’isolement d’Abdullah Öcalan sur l’île d’Imrali, soutiennent l’embargo sur le Rojava qui étrangle les peuples de la région et envoient du matériel militaire aux Turcs. Cet État occupe militairement une partie du Kurdistan et attaque les combattantes et les combattants de la lutte de libération kurde même avec des armes chimiques.
Pour suivre l’évolution de cette affaire qui s’inscrit dans un contexte de criminalisation de l’internationalisme, il existe un blog : soutien812.blackblogs.org

Les fonctions de la police !

Une caméra, un routeur et des batteries lithium, le tout dissimulé sous des filets de camouflage, c’est l’attirail qu’a découvert, jeudi 17 mars, Julien Le Guet, porte-parole du collectif Bassines non merci (BNM). Le dispositif de surveillance était orienté vers le domicile de son père qui accueille régulièrement les réunions des opposants aux mégaretenues d’eau dans le Marais poitevin. Ce dernier a porté plainte contre X, mardi 22 mars, pour « surveillance illégale ». Illégale ?? Pas si sûr ! Ce « dispositif militaire » a été installé par la police nationale, a finalement admis la préfecture des Deux-Sèvres le 21 mars, « afin de préparer la sécurisation de la manifestation des 25, 26 et 27 mars prochains ». Mais « pourquoi fliquer ainsi des militants pacifistes » s’interroge Frédéric Amiel, des Amis de la Terre, soutien du collectif poitevin. À demi-mot, les autorités expliquent craindre de nouveaux sabotages de bassines, après les démantèlements et débâchages menés en novembre et en mars par des opposants aux retenues d’eau — sans que le rôle de « Bassines non merci » dans ces actions n’ait été prouvé. « Ce dispositif par ailleurs posé dans le strict respect du cadre légal a été rendu nécessaire par l’implication du collectif BNM dans l’organisation de manifestations ayant entraîné de graves troubles à l’ordre public ces derniers mois dans le département des Deux-Sèvres et dans les départements voisins », a ainsi indiqué la préfecture. Faudrait pas oublier que l’espionnage, le flicage, le fichage, etc. … sont, de fait, légaux puisque c’est l’Etat et ses gestionnaires qui fixent les règles que la flicaille applique !

Dans le même ordre de pratique policière, un micro de flics a été trouvé à la bibliothèque anarchiste Libertad du 19 rue Burnouf dans le 19ème à Paris. Là, personne ne s’est étonné….

Sources : Reporterre.net et sansnom.noblogs.org

Affaire « Pegasus »… suite

En novembre 2021, l’association irlandaise Front Line Defenders avait révélé que le téléphone de M. Salah Hamouri, avocat franco-palestinien, était infecté par le logiciel espion israélien Pegasus produit par NSO. Selon les résultats de l’analyse, confirmés par le Citizen Lab de l’université de Toronto et Amnesty International, il aurait été mis sous surveillance depuis au moins avril 2021. Cette surveillance aurait commencé sur le territoire palestinien mais aurait été active pendant une visite de M. Hamouri en France, ce qui lui a permis de porter plainte devant une juridiction française pour « violation du droit au respect de la vie privée ».
Cela fait vingt ans que ce natif de Jérusalem, âgé de 36 ans, dont la mère est française, est aux prises avec les différentes branches de l’Etat israélien pour ses activités pro-palestiniennes. Condamné en 2005 pour avoir, selon la justice israélienne, tenté d’assassiner le grand rabbin séfarade d’Israël de l’époque, Ovadia Yosef, il avait été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers contre le soldat franco-israélien Gilad Shalit, retenu en otage à Gaza.
Sa femme, Elsa Lefort, est depuis 2016 interdite d’entrée sur le territoire – et lui, depuis octobre 2021, d’en sortir, sous peine de ne pas pouvoir revenir. L’Etat israélien veut, en outre, lui retirer son droit de résidence à Jérusalem pour « faute d’allégeance », le rendant immédiatement passible d’expulsion.

Depuis le 7 mars, il est maintenu en « détention administrative » dans une prison militaire, pour des raisons qui restent confidentielles, et pour au moins trois mois renouvelables. Il est fort probable que cette détention soit en lien direct avec l’écoute de son téléphone grâce au logiciel Pegasus. C’est ainsi que la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH) ont déposé une plainte, mardi 5 avril, auprès du parquet de Paris, contre la société de cyberespionnage israélienne NSO. L’action de la FIDH et de la LDH est soutenue par une coalition d’organisations des droits humains, dont des partenaires palestiniens. Pour eux, c’est aussi une manière de rappeler que l’utilisation de Pegasus « n’est qu’un exemple parmi d’autres des technologies produites et utilisées par Israël pour cibler et surveiller les espaces palestiniens professionnels et privés », selon un communiqué publié par la Coalition palestinienne pour les droits numériques.

Source : lemonde.fr

Encore un assassinat de la BAC !

À Sevran, le 26 mars 2022, un homme de 32 ans, Jean Paul, a été tué par balle, par un agent de la BAC. À un feu rouge, Jean-Paul est alors contrôlé par l’un des agents de la BAC qui descend du véhicule pour l’appréhender. L’agent de la BAC fait usage de son arme et l’utilitaire de la victime percute des véhicules garés dans la rue. L’homme de 32 ans succombera à ses blessures après avoir été transporté à l’hôpital.

Présenté par les médias et les services de police comme « connu des services de police », interpellé « après le vol d’une camionnette », les faits se révèlent bien différents d’après les témoignages des habitants : le père de famille aurait décidé de ne pas remettre à son employeur la camionnette de livraison, avec laquelle il travaillait chaque jour, en raison du non-versement de son salaire. Ce n’était donc pas un vol, mais l’action de résistance d’un travailleur qui veut récupérer son dû.
Le policier qui a tué Jean-Paul a été placé en garde à vue, il serait poursuivi du chef d’inculpation de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, avec circonstance aggravante de sa qualité d’agent dépositaire de l’autorité publique avec une arme. Mais, tout peut changer, on est dans une période électorale présidentielle, il ne faudrait pas que les banlieues s’embrasent. Même si le parquet de Bobigny poursuit, il faut rappeler que celui-ci dépend hiérarchiquement du Ministère de la justice et en cas de chantage des syndicats policiers qui pourraient manifester sirène hurlante pour contester cette mise en examen, on pourrait connaître un revirement de situation.

Cette affaire se répète depuis des décennies dans les banlieues ! Les policiers sortent de plus en plus leurs armes et tuent. Cinq nuits de révoltes dans le quartier des Beaudottes s’en sont suivies. Car l’histoire est têtue et nous ne savons que trop comment les crimes policiers sont absous. Les médias salissent, la justice couvre. Derrière les images de voitures brûlées, c’est tout un quartier qui pleure la mort d’un proche, et qui doit faire face aux même récupérations politiques en pleine campagne électorale. Évidemment, les médias passeront plus de temps à évoquer des dégradations d’ordre matériel qu’à se pencher sur les causes des révoltes : des quartiers abandonnés ; des écoles, des transports, des services de santé dégradés, des logements chers et mal entretenus par les bailleurs, du travail rare et surexploité et pour couronner le tout des brigades policières spéciales sur-armées violentes et haineuses.

Même si le véhicule avait été volé, ce qui n’est pas le cas, en l’état il s’agit davantage d’une réquisition, est-ce un motif pour abattre quelqu’un ? La peine de mort est théoriquement abolie en France, mais elle est rétablie sommairement par les flics en toute impunité.

C’est pour ces raisons que les habitants du quartier évoquent à juste titre un assassinat. La loi du 28 février 2017, relative à la sécurité publique, votée sous le gouvernement de François Hollande et de son ministre Manuel Valls, est venue aggraver l’usage par les forces de l’ordre de leurs armes à feu. Le refus d’obtempérer peut se solder par la mort. C’est un véritable permis de tuer qui a été légalisé et qui endeuille aujourd’hui la ville de Sevran et tant d’autres avant elle.

Depuis 2017, il y a une nette augmentation de l’usage des armes à feu par les policiers dans les cas de refus d’obtempérer, dans la majorité des cas, il s’agit de personnes qui ne se sont pas arrêtées soit pour un défaut de permis ou par peur de la police. A suivre !

Source : l’actualité des luttes

La VSA ?

Selon la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), la « vidéo augmentée désigne ici des dispositifs vidéo auxquels sont associés des traitements algorithmiques mis en œuvre par des logiciels, permettant une analyse automatique, en temps réel et en continu, des images captées par la caméra. » Vidéosurveillance/Vidéoprotection « augmentée » ou « intelligente », comme l’écrivent les institutions et les industriels ou encore vidéosurveillance « algorithmique » ou « automatisée » (VSA) comme préfère la nommer ceux et celles qui se battent contre, comme la « Quadrature du net ».

Le but est de rendre automatique l’analyse des images captées par caméras qui était jusqu’à lors réalisée par des flics le plus souvent municipaux. Ce travail de surveillance, ennuyeux et monotone, est réalisé dans des centres de supervision urbains (CSU). Cette analyse vidéo automatisée sert à repérer en temps réel ou après coup, … ce que la police a envie de repérer. Cela va de la « détection de comportement suspect », au « maraudage » (le fait d’être statique dans l’espace public), en passant par le stationnement interdit, le suivi de personne, la détection d’objet abandonné, de dépôt d’ordures sauvage, du promeneur qui ne ramasse pas les crottes de son chien, d’une bagarre, d’un vol, etc.

La CNIL a explicitement demandé en janvier 2022 aux industriels du secteur de lui faire des retours sur l’usage de ces technologies « afin d’accompagner leur déploiement », prenant clairement un parti : celui des industriels de la sécurité. La VSA est en train d’inonder le marché de la sécurité urbaine numérique. Que va-t-on faire des anciennes caméras ? Les plus récentes seront aménageables mais la plupart partiront au recyclage. Notons que ce sont des entreprises privées qui, concevant les algorithmes vendus aux collectivités territoriales, décident ce qu’il y a derrière une alerte pour « comportement anormal ou suspect ». À travers l’automatisation, ces entreprises acquièrent un pouvoir de police et d’édiction des normes et des comportements dans l’espace public, s’inscrivant parfaitement dans l’expansion des politiques sécuritaires.

Pour conclure comme le dit la Quadrature du Net : « Cette technologie s’intègre dans la fiction plus large de la Smart City (ville intelligente), qui base la gestion de la ville sur l’Intelligence Artificielle et représente un énorme marché économique. Ces technologies d’automatisation réduisent encore les espaces de liberté dans les rues et sur les places des villes, augmentant la répression sur les populations déjà les plus visées par la police. »
Source : laquadrature.net

Notes

[1Vidéo-surveillance "augmentée"

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette