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Big Brother été 2022

jeudi 15 septembre 2022, par Courant Alternatif


  1. Plainte collective contre la Technopolice
  2. Le "pass" de la vie quotidienne ?
  3. Le flic volait des grenades, deux mineurs mutilés par l’explosion
  4. Macron : L’escalade de la violence policière en chiffres
  5. "Doctolib" ne chiffre pas intégralement les données concernant ses utilisateurs
  6. Violences gendarmesques en milieu rural

Plainte collective contre la Technopolice

Il y a 3 ans, La Quadrature du Net lançait l’initiative Technopolice pour recenser les nouvelles technologies policières installées dans nos villes. Cette rubrique s’en était fait l’écho. Aujourd’hui, la surveillance de nos rues est devenue totale, car ces technologies se renforcent les unes les autres : vidéosurveillance généralisée, fichage de masse, reconnaissance faciale et détection automatisée de comportements. Pour mettre un coup d’arrêt à cette surveillance totale, la Quadrature du net lance une plainte collective contre le ministère de l’intérieur !
En résumé, il s’agit d’une procédure similaire à celle que La Quadrature du Net avait engagée devant la CNIL contre les GAFAM. Ces plaintes collectives avaient réuni 12 000 personnes et conduit à quelques belles victoires, telle que l’amende record de 746 millions d’euro contre Amazon (les autres plaintes sont encore en cours de traitement).
Aujourd’hui, il s’agit d’attaquer l’État français pour demander l’arrêt de quatre dispositifs de surveillance :
Les caméras de surveillance installées depuis plus de 20 ans dans toutes les villes de France, qui n’ont cessé de démontrer leur inutilité ;
Les logiciels qui s’ajoutent à ces caméras, dans le but de détecter des comportements « indésirables » (mendicité, maraude, regroupement, tag…) pour aseptiser nos villes et en exclure les personnes les plus vulnérables ou encore les activistes politiques ;
Les fichiers de police enregistrant nos visages, qu’il s’agisse du TAJ (« traitement des antécédents judiciaires »), qui contient 8 millions de photos de personnes connues de la police, ou du TES (« titres électroniques sécurisés »), qui contient la photo de toute personne demandant un passeport ou une carte d’identité ;
L’utilisation de la reconnaissance faciale par la police (plus de 1 600 fois par jour en 2021) et par les services de renseignement, qui est en train d’abroger l’anonymat dans l’espace public.
Le but de cette action n’est pas uniquement juridique : il s’agit aussi d’imposer un rapport de force politique dans un contexte où ces technologies s’imposent dans l’opacité la plus totale

Rejoignez cette plainte collective sur plainte.technopolice.fr

Le "pass" de la vie quotidienne ?

L’union européenne et l’entreprise Thalès veulent imposer leur portefeuille d’identité numérique (Digital Identity Wallet). Les expérimentations vont commencer autour du 22 septembre.
Ce « portefeuille » est un dispositif numérique sous la forme d’une appli. Il sera couplé à la carte d’identité sur smartphone et permettra, en prenant son visage en photo (reconnaissance faciale), la génération d’un QR Code unique représentant votre identité certifiée par l’État et Thalès. Philippe Vallée, vice-président exécutif de Thalès nous dit que dans un premier temps cette technologie sera utilisée pour la vérification d’identité sur les sites de vente en ligne. Puis pour les opérations bancaires, les opérations administratives en ligne, et enfin dans la vie réelle pour l’identification chez le médecin, pour les examens d’études à la fac, pour l’entrée en boîte ou à la CAF. L’objectif est de doter, d’ici 2030, au moins 80% des citoyens européens de cette application.
Ce qui a été très mal vu avec le "pass sanitaire" (l’interdiction d’accès à des lieux publics) refera donc surface de manière non obligatoire mais de façon permanente et pernicieuse. Cette technologie policière s’imposera comme les smartphones et Internet se sont imposés à l’ensemble de la population, avec la même facilité. C’est un marché potentiel de plusieurs milliards d’€ pourThalès car il faudra utiliser ces outils numériques de vérifications et de banques de données.
Ce qui est certain, c’est que plus les personnes utiliseront cette appli, plus la vie quotidienne sera remplie de contrôles aux QR Codes, de contrôleurs, de bornes d’autocontrôle, de smartphones, de reconnaissances faciales, de vérifications d’identité, de suspicion envers celles et ceux qui n’ont pas l’appli ou de smartbidules. C’est le pied dans la généralisation du flicage !
Rappelons que Thalès est une des plus grosses entreprises françaises d’armement (19 Milliards de chiffre d’affaires), détenue majoritairement par l’État français. Avec sa filiale Gemalto, le marché de l’identité numérique européen est son objectif. L’U.E. a acté via Thierry Breton, un ancien du sérail de Thalès, que le portefeuille d’identité numérique serait expérimenté à partir du 22 septembre 2022.
L’U.E. est déjà partenaire de Thalès, concernant les fichiers Entrées-Sorties (ESS) de Schengen notamment pour la surveillance des étrangers, ainsi que pour la mise en place de bornes bio métriques dans les aéroports (PARAF).

Source : Livres d’Henri

Le flic volait des grenades, deux mineurs mutilés par l'explosion

Les Compagnies d’Intervention sont des unités de polices extrêmement violentes. Créées par Sarkozy, ce sont des compagnies de maintien de l’ordre qui portent des casques avec deux bandes bleu clair. La Compagnie d’Intervention de Seine-Saint-Denis a récemment été mise en cause dans un vaste réseau de trafic de drogue, de racket et de violences. À Nantes et Rennes, ce sont des Compagnies d’intervention qui sont responsables de la plupart des mutilations dans les manifestations. Le soir de la noyade de Steve, c’était la BAC et les Compagnies d’Intervention de Nantes qui chargeaient les jeunes avec une violence inouïe au bord de la Loire.
Ce sinistre décor étant posé, une affaire qui sort seulement aujourd’hui dans la presse, et illustre la dangerosité de ces flics, y compris pour leur entourage proche. Les faits ont eu lieu à Rouans, près de Nantes, en 2015. Le policier mis en cause était un membre de la Compagnie d’Intervention de Nantes, entre 2005 et 2010. Il a, par exemple, participé à l’opération de maintien de l’ordre en novembre 2007, durant laquelle un lycéen de 16 ans a perdu un œil. La première mutilation de ce type par un LBD.
Ce policier gardait en toute illégalité des grenades au domicile de sa compagne de l’époque et à son insu.. Il en avait exhibé lors d’une réunion de famille « pour épater la galerie ».
Et le drame est arrivé. L’ancien beau-fils et deux de ses amis, âgés de 15 ans, trouvent « une grenade lacrymogène assourdissante », la fameuse GLI F4, celle qui arrache des mains et qui était posée « sur une table » », accessible à tous. L’adolescent « ne savait tellement pas ce que c’est » qu’il l’a « manipulée » puis « dégoupillée », a-t-il été relaté lors de l’audience du 4 mai 22 au tribunal de Nantes. La grenade explose, arrache 4 doigts et blesse très gravement le pouce de l’adolescent. Son ami est blessé par la détonation : il souffre de « multiples excoriations sur le visage et les bras ».
Ce flic, « bien noté par ses supérieurs » (!) a été discrètement suspendu après les faits. Reconnu coupable de l’ensemble des faits, cet ex-policier a été condamné à 15 mois de prison avec sursis. Il a l’interdiction de détenir une arme et d’exercer la fonction de policier… durant dix ans. Il devra indemniser les victimes dont le préjudice sera évalué ultérieurement.
Cette affaire, soulève d’importantes questions. Celle évidemment de la dangerosité inouïe des armes de maintien de l’ordre. Mais aussi l’absence totale de traçabilité de cet arsenal potentiellement mortel. Et enfin celle de l’impunité ahurissante dont continuent de bénéficier tous les policiers, y compris quand ils commettent des faits indéfendables, même dans leur propre famille. Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’investigation sur l’usage que les policiers font de ces munitions, alors que cet agent a avoué, lors de son procès, que c’est une pratique courante ?

Sources : Nantes révoltée et Ouest-France

Macron : L'escalade de la violence policière en chiffres

L’association "Flagrant Déni" vient de publier trois séries d’indicateurs, qui forment autant d’« escaliers de la violence policière ». Deux d’entre eux étaient déjà publics, le troisième résulte d’une compilation inédite réalisée par Flagrant déni.

1. L’IGPN recense les cas d’usage de l’arme individuelle des policiers : plus de 300 coups de feu par an sous Macron, contre 250 pendant le quinquennat précédent, soit une hausse de 20 % environ. Comme l’a récemment rappelé le journal Le Monde, cet usage a significativement augmenté depuis une loi ayant assoupli les règles de la légitime défense policière en 2017.

2. Résultat, d’après les décomptes du média en ligne Bastamag : avec environ 30 morts par an sous Macron, le nombre de décès de personnes aux mains de la police atteint un taux inégalé : presque deux fois plus que sous Sarkozy ! Après une baisse au début des années 2000, le nombre de morts augmente de façon continue au fil des mandats présidentiels. D’après Bastamag, 60 % des décès ont eu lieu par arme à feu.

3. Le nombre de tirs de lanceurs de balles dits « de défense » (LBD) a littéralement explosé. Sous Macron (sans compter l’année 2021 pour laquelle aucun chiffre n’a été publie), on obtient une moyenne de plus de 11 000 tirs : cinq fois plus que sous Sarkozy. En 2020, année « confinée », le nombre de tirs a été supérieur à 2016, année marquée par le conflit lié à la « loi Travail ».
Les LBD ont été mis en service sous Chirac au début des années 2000, et généralisés sous Sarkozy. Leur usage croissant n’empêche pas la hausse du nombre de tirs d’armes « létales », ni globalement celle du nombre de morts. Ces armes ne font que s’ajouter à l’arsenal existant, causant de nombreuses blessures et infirmités supplémentaires. La violence policière est une politique organisée.

Source : le blog sur Médiapart de Flagrant Déni

"Doctolib" ne chiffre pas intégralement les données concernant ses utilisateurs

"Doctolib" a été critiqué à de nombreuses reprises sur la protection des données détenues par la plate-forme. En 2021, plusieurs associations et syndicats de professionnels de santé avaient déposé un recours devant le Conseil d’Etat concernant le partenariat entre l’Etat et "Doctolib" noué pour organiser les prises de rendez-vous dans le cadre de la campagne vaccinale contre le Covid-19. Finalement le Conseil d’Etat avait validé le partenariat et jugé que le chiffrement des données pratiqué par "Doctolib" n’était pas problématique.
Mais, la cellule d’investigation de la radio publique « Radio France » vient de faire un test montrant que, malgré la promesse de "Doctolib" de chiffrer les données de santé « de bout en bout », les salariés de l’entreprise peuvent avoir accès à certaines informations en clair. Avec l’aide de la Quadrature du Net, ils ont pu constater que des informations concernant les rendez-vous médicaux passés et à venir de l’utilisateur étaient toujours accessibles « en clair », de manière non chiffrée. Parmi ces informations : les noms et prénoms du patient, la date du rendez-vous, le nom et la spécialité du médecin consulté et même le motif de la consultation. Le risque qu’un « salarié de "Doctolib" mal intentionné détourne ces données de manière malveillante ou les transmette à un tiers (…) qui pourrait être un assureur ou votre employeur » existe d’après un spécialiste en protection des données.

Source : lemonde.fr

Violences gendarmesques en milieu rural

Jérôme Laronze était un éleveur de bovins bio atypique dans son petit coin de Bourgogne. Un militant de la Confédération paysanne sur les terres de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles).
Conséquence de son militantisme, les inspections visant sa ferme se multiplient à partir de 2010. En 2014, on lui reproche de ne pas avoir notifié à temps la naissance de bovins. On lui réclame de coûteux tests génétiques pour rétablir la traçabilité. On le menace de faire abattre les bêtes non documentées. On gèle les transactions sur l’ensemble de son troupeau. Les inspecteurs de la direction départementale de la protection des populations (DDPP) se font de plus en plus souvent accompagner de gendarmes pour visiter sa ferme. Le 6 juin 2016, un contrôle se solde par la mort de plusieurs bêtes, qui, affolées, se sont jetées dans une rivière. Quand, le 11 mai 2017, trois agents de la DDPP apparaissent dans sa cour aux côtés de six gendarmes pour recenser le cheptel en vue de sa saisie, il laisse faire. Mais quand le maire de Trivy, présent sur les lieux en qualité de témoin, ordonne son hospitalisation forcée, il refuse son internement et s’enfuit en voiture. L’éleveur en cavale est alors présenté aux gendarmes en charge de sa traque comme un homme dangereux.
Neuf jours plus tard le paysan est retrouvé par une patrouille de 2 gendarmes sur un chemin de terre en Saône et Loire. Il tente de prendre la fuite et est assassiné de deux balles dans le dos et une à la jambe par un gendarme. Le 8 septembre, le gendarme auteur des tirs mortels est mis en examen pour « violences avec usage ou menace d’une arme ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Il est laissé en liberté, sans contrôle judiciaire, et peut reprendre ses activités à la gendarmerie de Cluny. Du grand classique, commun au traitement des violences policières en milieu urbain. Dès lors, un bras de fer s’engage avec la justice et les soutiens de Jérôme craignent que cet assassinat aboutisse à un non-lieu. Mercredi 1er juin 2022, la cour d’appel de Dijon (Côte-d’Or) n’a pas rejeté toutes les investigations complémentaires que les parties civiles demandaient. L’une d’entre elles a été acceptée. Le juge d’instruction de Chalon-sur-Saône, chargé de l’enquête, va donc devoir se pencher à nouveau sur la plainte d’altération de scène de crime. La famille et son avocat relèvent en effet que quatre douilles ont opportunément disparu. Alors qu’elles auraient pu permettre de savoir où se trouvait le gendarme quand il a tiré. A suivre !

Sources : médiapart.fr et reporterre.net . Voir aussi sur le site OCL Un point de vue critique des gestions sanitaires étatiques et de leurs conséquences par le Collectif d’agriculteurs « contre les normes »

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