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Edito 167 Mars 2007

mardi 20 mars 2007, par Courant Alternatif


A ce jour, la campagne électorale “ officielle ” n’a pas encore commencé. Pourtant, le décors est planté et les acteurs en place. Les stars tiennent déjà leur rôle portées par des médias aux ordres qui les encensent ou les critiques selon l’acte ou la scène jouée, selon la forme de l’un ou la méforme de l’autre dans leur prestation. Sarkozy, après avoir conquis son électorat traditionnel en prenant le parti UMP et ratissé sur sa droite jusqu’à l’extrême, se veut maintenant rassembleur et n’hésite pas à planter ses ergots sur les plates bandes du PS et de la gauche invoquant Blum, Jaurès... Il se met même à défendre et à aimer les travailleurs. Les vrais évidemment, ceux et celles qui veulent travailler et réussir. “ Je veux redonner au beau mot de travailleur le prestige qu’il a perdu ” L’augmentation du pouvoir d’achat sera sa priorité de politique économique après vingt cinq ans de sacrifices.
Si, “ avec Sarkozy tout est possible ” surtout en promesses, la gauche, par la voix de ses afficionados nous donne soif “ d’un désir d’avenir ”. Chacun y va de sa rupture, de son changement, mais avec réalisme, dans la continuité et dans le cadre de la politique néo-libérale, qu’elle soit nationale ou internationale avec un impérialisme qui nous entraîne de plus en plus dans la guerre : Afghanistan, Côte d’Ivoire, Liban ou Tchad. Impérialisme. Pour les uns et les autres, il ne sera pas question de rompre avec cette politique de défense des intérêts de la bourgeoisie française, voire européenne. Il faudra y adapter les travailleurs (avec ou sans travail). Les services publics et toute la société devront se soumettre au réalisme de la concurrence libre et non faussée, aux exigences de profits maximums des monopoles et de leurs actionnaires. Difficile en ces temps d’évaluer les différences programmatiques de l’UMPS tant leur fond est commun. Sans doute est-ce la raison pour laquelle cette pré-campagne de marketing et de communication est alimentée par les couacs des uns, les gaffes des autres dans une ambiance de boules puantes sur la personnalité de l’un ou la fortune de l’autre. Quand aux seconds rôles, issus du casting du NON au référendum contre le traité de constitution européenne de 2005, seuls quelques uns sont nominés sans être sûr d’être primés. Il est loin l’appel d’avril 2006 où le prometteur Olivier écrivait sa tirade dans le journal Le Monde : “ Marie-George, Arlette, José… si on causait ” et proposait son script “ pour s’opposer à la droite et résister au social libéralisme ”. Notons que, premier à proposer un scénario collectif, premier il sera à quitter la troupe dès novembre 2006. Son spectacle se réduit à un one man show avec pour ambition de rassembler “ les voix de la réelle ? gauche anti-capitaliste ”. Il est vrai que ces seconds rôles ne semblaient pas jouer la même partition d’où la cacophonie, les divergences, les déchirements et querelles pour de mêmes ambitions. Chacun et chacune s’étaient auto-proclamé(e) représentant patenté(e) de la victoire du NON et espérait préserver à son profit ses misérables intérêts rêvant d’être le ou la seul (e) primé (e) pour figurer en haut de l’affiche d’avril 2007. D’où l’affligeant spectacle des deux journées nationales de décembre 2006 où tous semblaient découvrir le coup de force de Marie George, sponsorisée par un PC dont les pratiques suintent encore le stalinisme. Un PC au bout de la laisse du PS qui le nourrit institutionnellement Implosion annoncée de ce fatras alter mondialiste, tant les ambitions de chacun à se voir consacrer “ champion ” de ce mouvement aux contradictions et perspectives réformistes multiples sont grandes. Un alter mondialisme qui sert de paravent à ceux et celles qui se refusent à être anticapitalistes, mais pourvoyeur de voix vers la candidate de gauche au second tour.
Cette triste réalité électorale nous conforte plus que jamais à dénoncer les mystificateurs qui pensent utiliser et détourner les institutions républicaines et bourgeoises en exutoire des luttes sociales. Nous avons toujours dénoncé l’arme idéologique du bulletin de vote mise en place par la bourgeoisie contre les travailleurs pour les détourner de leurs objectif de classe : l’auto-émancipation par la prise de conscience de leur propre pouvoir dans l’autonomie des luttes. De même nous dénonçons les sauveurs suprêmes alter mondialistes, radicaux et issus de syndicats paysans qui séduiraient jusqu’aux anarcho-électoralistes.
C’est l’intensification des luttes et leur unification qui transformera cette mise en spectacle en confrontation politique. Confrontation où les travailleurs porteront eux-mêmes leur voix en faisant entendre leurs revendications, et pourquoi pas leur programme politique refusant de déléguer leur vie et leur avenir à un ou une quelconque sauveur. La voix des exploités ne peut être que dans les luttes de résistances qui se déroulent un peu partout en France et dans le monde, dans les luttes qui se perdent ou se gagnent.
Le problème des sans logis maintes fois posé depuis 1954 avec l’appel à la radio par l’abbé Pierre n’était pas à l’ordre du jour des candidats à la présidentielle de 2007. La mobilisation “ médiatique ” de l’opinion et de chacun dans la rue, a obligé les candidats et partis au pouvoir à réagir vite pour ne pas voir le mouvement des sans toits s’étendre et leur campagne électorale être parasitée. La démonstration d’un rapport de force dans la rue autour des tentes du canal Saint-Martin a obligé le gouvernement, suivi de l’opposition, à décréter une nouvelle loi. Nous ne nous illusionnons pas sur la réalité future de celle-ci.
Il doit en être de même avec le renouveau des mobilisations contre le nucléaire et l’EPR. Seul le rapport de force construit sur le terrain portera notre voix collective dans la rue pour dire NON et imposer l’arrêt immédiat du programme nucléocrate. Sinon, il se trouvera toujours un télé écologiste ou un représentant labellisé médiatiquement pour nous kidnapper notre parole et en disperser la force vers l’isoloir d’une école ou d’une mairie.
Il en sera de même dans les solidarités et les luttes : des sans papiers, contre les licenciements du privé ou les suppressions d’emplois dans le public, etc... Nous ne devons compter que sur nous mêmes si nous voulons défendre nos intérêts et renverser l’ordre social du capital.
L’émancipation sociale et politique n’est jamais venue d’un programme politicien et encore moins sortie d’un isoloir. Elle a toujours été durement conquise et chèrement payée par les travailleurs. Dans le désastre politique, social et écologique où nous mène le capitalisme, le choix n’est plus entre tel ou telle candidate, mais entre la barbarie capitaliste ou la construction d’un avenir communiste libertaire.

CAEN le, 20 02 2007

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