Accueil > Courant Alternatif > 339 avril 2024 > Les anti croisière européens s’organisent

CA 339 avril 2024

Les anti croisière européens s’organisent

samedi 13 avril 2024, par Courant Alternatif


Du 7 au 10 mars avait lieu à Marseille, des rencontres entre les différents collectifs opposés à l’industrie de la croisières en Europe et fédérés depuis peu au sein de l’European Cruises Activist Network (ECAN). Organisé par le collectif Stop Croisière Marseille, une petite 20aine de groupes avaient répondu à l’appel, 17 ont finalement pu envoyer au moins une personne sur place. Sur la trentaine de militants présents, on dénombrait bien sûr ceux venus des différentes façades maritimes françaises, ainsi que des activistes de la côte méditerranéenne de l’Espagne (Valencia, Tarragona et Barcelona). L’autre pays très représenté était l’Italie, avec des groupes de La Spezia, Trieste et Livorno. En s’éloignant un peu géographiquement nous avons eu le plaisir de voir venir un militant de Rotterdam, un du Pirée, un de Kiel et un de Londres.
Ce week-end était d’abord l’occasion de se rencontrer, et de pouvoir échanger sur nos problématiques locales inhérentes à la croissance au niveau mondiale de cette industrie touristique de loisirs. Ce fut l’occasion de découvrir des thématiques nouvelles, comme par exemple de faire le lien entre l’augmentation constante du nombre de débarquements sur la côte catalane et les problématiques de sécheresses historiques qui touchent cette région ces dernières années. En effet, l’industrie de la croisière est aussi très consommatrice d’eau douce. Dans des régions ou l’eau douce manque, comme en Catalogne actuellement, les escales trop nombreuses de navires de croisière augmentent la tension autour de cette ressource naturelle vitale. Cette question très spécifique à cette région, n’est évidemment pas partagée à Rotterdam, mais pourrait bien survenir dans les années à venir dans d’autres régions d’escale du pourtour méditerranéen.
Une autre thématique qui est revenue assez fréquemment lors des échanges, est l’impact de nos luttes sur le développement de cette industrie. Dans certains cas où nous avons pu observer un impact positif de la lutte dans une ville, il est constaté évidemment que cette industrie très capitaliste trouve des moyens de se développer ailleurs afin de compenser la perte due à nos actions. C’est le cas là aussi à Barcelone, où la mise en lumière publique des impacts des escales de croisiéristes a permis aux compagnies de développer depuis quelques années de nouvelles escales dans la ville voisine de Tarragona. On voit cela aussi à une plus petite échelle à La Ciotat, où les actions réalisées il y a quelques années ont transféré une partie du problème sur d’autres baies du secteur. Cela nous confirme donc, l’importance de s’organiser collectivement et de garder un lien entre communautés portuaires pour agir ensemble solidairement. D’ailleurs le mot d’ordre du week-end était évidemment « Croisière, ni ici, ni ailleurs ». La lutte contre l’industrie de la croisière doit donc se penser « globale », aussi bien géographiquement, que politiquement. Encore une fois, ces deux exemples, parmi d’autres ressortant de nos échanges, nous montrent qu’il est impensable de vouloir supprimer cette industrie sans passer par une critique radicale du monde qui a créé ce monstre. La lutte anti croisière passe nécessairement par la lutte contre le capitalisme !

Arturo, Marseille, le 11 mars 2024

Répondre à cet article


Suivre la vie du site RSS 2.0 | Plan du site | Espace privé | SPIP | squelette