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CA 339 avril 2024

Valdunes, DOM-TOM, Jamaïque :
chroniques de la lutte des classes

Insubordination salariale 339

jeudi 25 avril 2024


A l’hôpital privé Saint-Martin de Caen, après 27 jours de grève, les salariés demandent toujours des augmentations de salaire et une meilleure reconnaissance de l’ancienneté, la direction propose une prime.
Les syndicats, unis dans ce conflit, s’inquiètent pour l’avenir du site, racheté en 2014 par Ramsay, fonds de pension australien. Le groupe, qui a racheté plusieurs établissements hospitaliers en France, a réalisé un bénéfice de 2,9 millions d’euros à Caen l’an passé, 15 millions sur ces cinq dernières années. Mais à part les hausses liées au Ségur de la santé, les salaires n’ont pas suivi...
Aujourd’hui, il manque 27 équivalents temps pleins pour que l’hôpital Saint-Martin fonctionne normalement.
Le mouvement concerne chaque jour des services différents. Seuls les rendez-vous et opérations non urgentes sont décalées.

Fin d’une grève historique chez Bausch-et-Lomb à Aubenas  ! La première depuis des dizaines d’années !
Les salariés du fabriquant de collyres ont repris le travail le 13 mars . Un accord a été trouvé, après une rencontre avec la direction France de Bausch-et-Lomb. Les syndicats ont obtenu une prime de panier de 147 euros par mois pour les employés postés de nuit et 147 euros de tickets restaurant pour les salariés en journée.

Les syndicats CFTC et Solidaires informatique appelaient à la grève le 6 mars sur le site de Luminess à Mayenne. La dernière grève sur le site, c’était il y a une quinzaine d’années. Ils étaient une centaine de salariés (sur 250 environ) mobilisés pour des revalorisations des salaires, devant l’entreprise spécialisée dans les services numériques et dans l’impression.

Fin de la grève chez FPEE à Brûlon : les 400 salariés du spécialiste sarthois des fenêtres ont voté la reprise du travail le 27 février. Direction et syndicats ont trouvé un accord qui prévoit une augmentation du salaire mensuel de 100 euros net par mois et la prise en charge par l’entreprise à hauteur de 75% de la complémentaire santé.

Fin de grève à la poste de Baduel, en Guyane. La grève entamée le 19 février s’est achevée le 1er mars, avec la signature d’un accord entre la direction et les syndicats UTG-CGT-PTT et SUD PTT. La fermeture du service demi-nuit d’ici huit mois, entraînant de fait une perte de salaire, a été compensée par des engagements, notamment en termes de primes et de montée en grade des agents.

Une dizaine de salariées d’Agaphone à Cabourg exerce leur droit de retrait depuis le 7 mars. Elles dénoncent les risques psycho-sociaux dans cette entreprise qui assure les standards téléphoniques de plusieurs entreprises, avec parfois plus de 30 appels/heure. 
Rythme ingérable pour certaines qui assurent s’être retrouvées à gérer quatre lignes téléphoniques en même temps.

Chaque jour, ils installent le piquet de grève devant un bureau différent. Les postiers des bureaux du Mans Chasse-Royale, de Coulaines, des Maillets et de la Milesse ont cessé le travail depuis le 6 mars. Ils protestent contre un projet de réorganisation voulu par la direction pour janvier 2025. Celui-ci prévoit des réductions d’horaires, ainsi qu’une baisse des effectifs dans certains bureaux.
Les habitants craignent un allongement des files d’attente. De leur côté, les agents craignent de voir leurs conditions de travail se dégrader. Avec un seul guichetier, les gens risquent de s’impatienter, et en cas d’incident, ils seront seuls pour gérer.

Les agents de l’hôpital d’Yssingeaux (Loire), le centre hospitalier Jacques Barrot, sont en grève illimitée depuis le 4 mars. Les syndicats parlent d’épuisement du personnel face au manque d’effectif : les agents sont régulièrement rappelés sur leurs repos, des retraités travaillent régulièrement en renfort.
Le centre hospitalier Jacques Barrot c’est un hôpital, mais aussi un Ehpad, soit environ 250 lits au total, pour environ 300 personnels.

La mobilisation des AESH (agent d’accompagnement des élèves en situation de handicap) du lycée de Matiti à Macouria (Guyane) a abouti ! La grève entamée le 2 mars par les 5 agentes a pris fin le 7 avec la levée du piquet. Les AESH affectées dans ce lycée agricole réclamaient la réintégration d’une collègue licenciée, et l’amélioration de leurs conditions de travail.
Elles ont obtenu gain cause sur les points suivants :

  • Un contrat de 3 ans, sans période d’essai sera proposé à l’AESH qui avait été licenciée.
  • L’établissement d’une fiche poste réglementant leur mission
  • Un horaire de service hebdomadaire de 39h au lieu de 42h et le paiement de toutes les heures supplémentaires déjà effectuées.

Le 4 mars, un accord a été trouvé à l’issue d’une réunion de médiation avec les salariés de la Maison familiale et rurale de la Plaine des Palmistes (La Réunion) à la Direction du travail. En grève depuis deux semaines, ces derniers se plaignaient d’une dégradation des conditions de travail.

Le personnel de l’Association Saint-François d’Assise a fait grève le 5 mars, devant le siège de l’association à Saint-Denis de La Réunion. Au cœur des revendications : reconnaissance envers les salariés, dialogue social et manque de moyens humains. L’AFSA prend en charge des personnes âgées ainsi que des enfants et adolescents sujets à des pathologies et des handicaps. Les salariés sont épuisés, le taux d’absentéisme ne cesse d’augmenter car les personnels en congé ou malades ne sont pas remplacés.

Les rotations des Vedettes Tropicales, qui assurent habituellement la délégation de service public du transport maritime avec des liaisons entre Fort-de-France, les Trois-Ilets et Case-Pilote à La Martinique, sont à l’arrêt depuis le 26 février. Les salariés dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail.
Les revendications concernent également des primes financières, des doléances qui ne datent pas d’hier (Les constats restent les mêmes qu’en novembre 2023). D’après le syndicat CGTM, cela fait "8 ans" que les conditions de travail sont dénoncées dans cette entreprise de transport maritime. Les représentants des usagers, 500 000 par an, sont solidaires des grévistes pour exiger un médiateur et des négociations. Ils ont reçu aussi le soutien des représentants syndicaux de la Régie des Transports.

Débrayage peu banal ! Plusieurs prévisionnistes de Météo-France sont entrés en grève le 22 février pour protester contre des systèmes prédictifs jugés peu fiables ! Les protestataires réclament par ailleurs une hausse des effectifs, à l’heure du tout numérique.

Valdunes (cf. CA précédents) : Dénonçant l’absence de nouvelles du plan social prévu par le repreneur du site de Trith-Saint-Léger (le groupe français Europlasma) qui doit voir la suppression de 130 postes, le mouvement de grève des salariés de l’usine Valdunes, dernier fabricant en France de roues pour trains, a repris le 19 février à Trith-Saint-Léger (Nord). Après deux jours de grève, les salariés mobilisés ont indiqué avoir obtenu des "garanties de reclassement et de formation".
D’une part, Europlasma a enfin annoncé son plan de reprise en proposant d’investir 15 millions d’€.
D’autre part, la CGT réclame que l’ancien actionnaire chinois MA Steel paie pour les licenciements prévus. Elle demande qu’il participe au financement du PSE pour pouvoir requalifier, reformer, les personnes qui seront laissées de côté.

Entre « 150 et 200 » des 360 salariés en CDI de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE) ont fait grève le 19 février, occasionnant la fermeture du monument. Les syndicats CGT et FO dénoncent notamment l’augmentation du montant versé chaque année par cette société publique locale à son actionnaire majoritaire (à 99 %), la Ville de Paris, alors que ses finances ont souffert ces dernières années. La redevance, perçue par la mairie de Paris, va passer de 16 millions à 50 millions par an. Avec le Covid, il y a eu une perte de 130 millions d’euros. De plus, la dépollution du plomb notamment, a couté plus de 120 millions d’euros.
Cette grève reconductible, occasionnant 6 jours de fermeture du monument au public, a pris fin le 25 février. Les syndicats et la société d’exploitation du monument ont notamment trouvé un accord sur "un investissement ambitieux de 380 millions d’euros jusqu’en 2031". Un effet JO ?

Les salariés de l’usine Bosch de Mondeville ont décidé de reprendre le travail le 5 mars. Des salariés tant ouvriers que cadres qui, pour la première fois, ont fait la grève pour, disent-ils, sauver leur entreprise et assurer leur avenir.
Un accord a été trouvé avec un des deux repreneurs possibles. Les représentants des salariés restent cependant vigilants. Ils espèrent que le projet économique et financier sera suffisamment solide.

Les salariés de la Corsica Linea sont en grève depuis le 11 mars contre l’ouverture d’une liaison passagers et fret entre Toulon et la Corse. Cette dernière sera assurée par la Méridionale, qui appartient à la CMA-CGM.
Ils dénoncent une mise en péril de la délégation de service public (DSP) Corse-Continent.

Goodyear
La condamnation prononcée en mai 2020 contre le fabricant de pneus Goodyear pour licenciement abusif au sein de son site d’Amiens a été confirmée en appel le 22 février. (Six mois de salaire)
Appelée à se prononcer sur le cas d’un ex-salarié de l’usine Goodyear, la cour d’appel d’Amiens juge que son licenciement "est dépourvu de cause réelle et sérieuse", "faute de preuve que la décision de fermer le site de l’usine d’Amiens-Nord en 2014 était nécessaire à la sauvegarde de la compétitivité du groupe Goodyear."
Les difficultés connues par la seule usine d’Amiens, ne suffisent pas aux yeux de la cour d’appel, à justifier de l’existence d’une menace sur la compétitivité de l’entreprise. La cour rappelle que Goodyear avait en 2014, année de la fermeture de l’usine, "distribué pour la première fois depuis 2004 des dividendes à ses actionnaires."

Le plan social visant le journal Sud-Ouest n’est pas une surprise pour ses salariés, mais son ampleur a provoqué un choc au sein de l’entreprise et entraîné une journée de grève le 6 mars. 118 postes du quotidien régional sur un total de 720 salariés seraient supprimés.
Dans le détail, la rédaction pourrait perdre 25 postes (sur environ 250 journalistes), les rotativistes feraient une croix sur 24 postes, l’imprimerie de Pau verrait 18 postes supprimés quand le prépresse (préparation de l’impression) en perdrait 22. La régie et le marketing sont eux aussi touchés mais à moindre échelle.
Si le nombre d’éditions restera inchangé (dix), la fermeture de trois agences est envisagée par la direction. Les locales d’Oloron-Sainte-Marie, Orthez dans les Pyrénées-Atlantiques et de Sarlat (Dordogne) sont concernées.

Pwofitasyon Guadeloupe

4 mars 2009 – 4 mars 2024. Il y a 15 ans, les accords signés entre l’Etat, les collectivités et les organisations syndicales et patronales mettaient fin à 44 jours de mobilisation du Liyannaj Kont Pwofitasyon (LKP).
Le collectif pluriel baptisé LKP, composé d’une quarantaine d’associations, de syndicats de salariés, de partis politiques, d’organisations culturelles, ou encore d’artistes, entendait lutter contre la vie chère en Guadeloupe, dénoncer les situations de monopole et, comme son nom l’indique, la "Pwofitasyon" des acteurs économiques, au détriment des consommateurs. Il s’agissait aussi de porter des revendications en faveur de l’amélioration des conditions de vie des citoyens, en Guadeloupe.
Les accords prévoyaient notamment une revalorisation des bas salaires, ainsi qu’une augmentation du pouvoir d’achat des Guadeloupéens en passant par la réduction du prix de certains produits.
Aujourd’hui, que reste-t-il des accords pleins de promesses, obtenus de haute lutte lors de cette grève générale d’envergure, qui avait paralysé l’archipel ? Rien ou presque n’a changé, de l’avis général. Le porte-parole du LKP est de cet avis. Pour Elie Domota on assiste à une inaction prolongée, ou plutôt à un "maintien du peuple de Guadeloupe dans l’asservissement".

Allemagne

Le personnel au sol du groupe Lufthansa était appelé à la grève le 20 février. Une précédente grève, début février, avait été très suivie, causant l’annulation de près 90% des vols initialement prévus par le groupe.
Le syndicat Verdi réclame une augmentation de 12,5% des salaires, avec au moins 500 euros de plus immédiatement sur la fiche de paye mensuelle ainsi qu’une prime de compensation d’inflation de 3.000 euros.
Les pilotes de Discover, filiale de loisir du groupe, ont eux aussi fait grève du samedi 17 au lundi 19 février pour l’introduction d’une grille salariale et de réglementations sur les missions de vol et les temps de repos.
Lufthansa toujours. Cette fois, c’est le personnel naviguant du premier groupe aérien européen qui était invité à faire grève le 12 mars pour tous les vols au départ de l’aéroport de Francfort, et le 13 mars pour tous ceux partant de Munich. Les salariés veulent bénéficier du "résultat record" annoncé récemment par la compagnie.

Kingston, Jamaique : Get up stand up, get up for your rights !

Des dizaines de livreurs à Kingston en Jamaïque, se sont mis en grève le jour de la Saint-Valentin réclamant des salaires plus élevés et d’autres changements dans leurs conditions de travail.
Les chauffeurs ont prévu des grèves perlées d’une journée à Kingston.
« Ils doivent améliorer le salaire minimum »
« Ce n’est pas suffisant pour survivre dans ce pays »
Il y a beaucoup de travail à faire, il y a beaucoup à conquérir.
S’organiser ! Lutter !
Transmis par Solidarity Federation Jamaica, sympathisants de l’AIT (Association Internationale des Travailleurs) en Jamaïque. (Source CNT-AIT)

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