CA 337 février 2024
lundi 12 février 2024, par
Dernière minute : Grève et manifestations du 24 janvier
Cette journée a été un succès pour toutes les organisations qui avaient appelé à la grève et aux manifestations sur le mot d’ordre « la patrie n’est pas à vendre ». Elle fait suite aux manifestations du 20 et 27 décembre (cf. article p.33).
La grève n’a pas été totale, mais bien suivie dans les secteurs de l’industrie, des transports, des services publics. Ce sont les manifestations qui ont été le mode d’expression le plus spectaculaire : plus d’un million d’Argentins et d’immigrés descendus dans les rues dans tout le pays.
Les discours et les actes d’intimidation du gouvernement ne fonctionnent qu’à la marge, du moins pour l’instant. Mais les menaces d’interdire les manifestations, de poursuivre ceux et celles qui bloquent la circulation, de taxer les organisateurs ... ont pour objectifs de répandre plus de peur que de colère et de placer tout un camp social sur la défensive.
Par ses menaces, le gouvernement indique ses objectifs : le remodelage de la société (tissu productif, organisation, régime d’accumulation, système politique) et la reconstruction des rapports de classe sur un nouvel ordonnancement visant à rendre inopérante toute conflictualité. A paresseusement lutter contre le « fascisme » de Milei - slogans qui constituent la principale perspective de l’activisme de gauche, y compris ses courants qui se veulent révolutionnaires -, on risque de ne pas saisir les vrais enjeux de ce gouvernement et des groupes capitalistes qu’il cherche à représenter et à défendre. Faire de la question des droits démocratiques l’axe central contre le gouvernement ne peut viser qu’à « ratisser large », sans s’interroger sur la période actuelle, sur le type de soutien que l’on peut espérer obtenir sans remettre en selle des partis de gauche qui ont démontré avec quel zèle ils savent défendre les intérêts capitalistes et réprimer les luttes. Et ce faisant, à ouvrir des boulevards à l’extrême-droite.
Avec le clivage démocratie/extrême-droite, on prend le risque de passer à côté de tâches plus cruciales, et qui s’attaquent aux mécanismes d’exploitation que le capitalisme a placés en priorité de ses objectifs et qu’il cherche à mettre en place en frappant vite et fort à coups de mesures d’exception et de répression.
Il s’agirait de débattre d’une orientation à même de construire des luttes de résistance sur des objectifs concrets, sur des nœuds de recomposition sociale, afin de rendre inapplicable le programme du gouvernement et de saper les bases d’un ordre social que la classe capitaliste argentine et internationale cherche à consolider dans une version adaptée à son avantage.
Cette journée du 24 janvier marque le début d’une nouvelle étape de la contestation sociale. Impossible encore d’en entrevoir les suites, la CGT ayant pris soin de ne rien dire sur ses intentions à venir. Certains groupes militants ont déjà fait savoir qu’ils allaient mobiliser le 30 janvier, jour du vote de la « loi omnibus » à la Chambre des députés.
JF, 25 janvier
En un peu plus de trois mois au pouvoir, le nouveau président libertarien Javier Milei, investi le 10 décembre 2023, a annoncé des séries d’initiatives visant à réaliser des modifications structurelles de grande envergure en Argentine ainsi qu’un "protocole" hyper répressif chargé de les faire appliquer.
Le terme "omnibus" désigne ici une loi dont les articles portent sur des sujets distincts et variés. Ce volumineux projet intitulé "Loi de base et points de départ pour la liberté des Argentins", rendu public le 28 décembre, est composé de 664 articles et s’inscrit dans la continuité des 366 articles du DNU. Pour l’essentiel, pas un domaine n’échappe à cette loi : économie, impôts, finances, retraites, énergie, ordre public, répression, environnement, éducation, santé, culture, universités… Tout un projet de société ainsi dessiné, mais avant cela, une opération de destruction massive et systématique de tout un édifice de droits politiques et de garanties sociales, instaurant un état d’exception dans lequel l’exécutif, Milei et son cabinet, demande au Congrès de lui déléguer tous les pouvoirs, pendant une durée de deux ans (jusqu’au 31 décembre 2025), renouvelable une fois, soit la totalité du mandat présidentiel.
La répression des manifestations
Les privatisations, un autre des gros morceaux de cette loi
Les entreprises d’État sont au nombre de 41 et emploient entre 90 et 100 000 personnes. Parmi elles, quelques fleurons : Aysa (distribution et assainissement des eaux dans l’aire urbaine du Grand Buenos Aires, soit 15 millions d’habitants), Banco Nación (première banque du pays), la compagnie pétrolière historique YPF, Correo Argentino (la poste), Enarsa (distribution des produits gaziers et pétroliers), l’agence de presse et de communication Télam (entre autres médias d’État dont les chaînes radio-TV) et la compagnie aérienne Aerolíneas Argentinas, dont 49 % sont déjà aux mains du privé et cotée en bourse. Plus 7 autres banques et sociétés financières de moindre importance, et des entreprises dans les domaines de l’aéronautique, du matériel militaire, de l’énergie,… Il est question d’une trentaine de privatisations jugées prioritaires dont des acquéreurs éventuels pourront s’emparer pour une bouchée de pain, vu la dévaluation du peso du 12 décembre et la récession à venir.
Retraites
L’augmentation des pensions pourra désormais être fixée par le pouvoir exécutif, et non de manière presque automatique en fonction de l’inflation comme la loi de "mobilité des retraites" actuelle l’organise. Le Fonds de garantie de pérennité du Régime public de répartition (FGS), créé en 2007 lors de la nationalisation du régime des retraites de base (76 milliards de dollars pour 5,7 millions de personnes), actuellement entre les mains de l’Administration nationale de la sécurité sociale (Anses) sera transféré au Trésor national.
La légitime défense légalisée
Elle sera élargie à toute victime d’une agression qui cause un tort à l’agresseur en plus de l’impunité des forces de l’ordre lorsqu’elles font usage de leurs armes :"la proportionnalité des moyens utilisés doit toujours être interprétée en faveur de ceux qui agissent dans le respect de leur devoir ou dans l’exercice légitime de leur droit, de leur autorité ou de leur position."
Un système électoral fermé aux minorités
"Omnibus" propose la suppression des élections primaires, l’utilisation du bulletin de vote unique, la fin de la proportionnelle et la mise en place d’un système de circonscription uninominal à un tour pour l’élection des députés au parlement national. Avec un tel système, les petits partis sont éliminés et ne s’imposent que les grands courants majoritaires localement. Sur la base de leurs résultats aux dernières présidentielles, les partisans de Milei peuvent rêver d’une majorité à la Chambre des députés.
Disparition programmée des lois de protection de l’environnement
"Omnibus" comprend une section qui cherche à éliminer les réglementations et les contrôles sur les activités productives menées dans les forêts, les aires de pâturage, les zones humides et les glaciers, des zones protégées par des lois spécifiques adoptées au cours des 15 dernières années grâce à une vaste lutte des organisations environnementales qui alertent aujourd’hui contre les risques que cela pourrait logiquement impliquer pour l’avenir.
Modification des lois : - sur les glaciers , adoptée en 2010, pour permettre l’activité minière dans les zones périglaciaires, - sur la protection des forêts indigènes (2007) pour autoriser la déforestation dans des zones où elle est actuellement interdite ou limitée, -sur la protection de l’environnement relative au contrôle des activités de brûlage, pour accorder des permis d’allumer des feux jusqu’à présent fortement limités ou interdits, selon les zones à des fins productives comme l’extension des surfaces dédiées à l’agro-industrie (soja, cultures génétiquement modifiées, élevage industriel, monoculture forestière...) ou immobilières et touristiques.
Mesures ultra-libérales du gouvernement, un accélérateur de la crise sociale
Dans les transports, des mesures déjà en application font exploser les prix des tarifs courants par l’arrêt des subventions aux transports collectifs : hausse de 45 % des billets de transports urbains à Buenos Aires en janvier, tandis que la fréquence des bus a été divisée de moitié. Une autre hausse en février est envisagée…
Pour la Santé : augmentation des mutuelles d’environ 40%, dès janvier 2024, avec un système de cartes prépayées désormais dérégulé. Cela s’ajoute aux hausses vertigineuses des produits pharmaceutiques dues à la libéralisation du marché des médicaments, dans un pays où la Sécurité sociale de base (Obras sociales) couvre à peine 50% de la population et où nombre d’Argentins ne peuvent déjà plus se soigner. Tant pis pour le capital humain !
Le logement : fin de l’encadrement des loyers, les nouveaux contrats locatifs seront en dollars ou cryptomonnaie sans limite d’augmentation des prix, dans un pays où l’inflation (160 % sur un an) va encore s’accroître suite à la dévaluation de 54 % du peso intervenue le 12 décembre. Avec le coup de frein appliqué aux dépenses de financement de travaux publics par l’État fédéral, les provinces et les municipalités, le secteur de la construction prévoit d’ores et déjà des pertes d’emplois par dizaines voire centaines de milliers…
Dans un pays qui comptait jusqu’alors 40 % de sa population en dessous du seuil de pauvreté, un récent rapport de l’Observatoire argentin de la dette sociale (ODSA) de l’Université catholique argentine (UCA) assurait que la pauvreté s’élevait à 44,7% au troisième trimestre 2023, avec un niveau d’indigence qui a atteint 9,6%. L’emploi mesuré depuis 2004 n’a jamais été aussi bas : 33,1% de la population active de plus de 18 ans, 8,8% au chômage total et 24,3% en sous-emploi précaire. Entre 1998 et 2002, au plus profond de la phase récessive d’alors, le taux de pauvreté avait atteint 57% et celui du chômage 28%. L’Argentine de Milei se dirige tout droit et à toute vitesse dans cette direction.
Les différents courants qui composent la bureaucratie de la CGT se sont accordés le 28 décembre sur un appel à une « grève nationale » de 24 heures le 24 janvier prochain, date à laquelle la Chambre des députés doit discuter de la loi "omnibus". Parallèlement, la direction de la CGT a souligné que "tout projet gouvernemental qui nécessite une modification, une abrogation ou la création de lois doit, nécessairement, passer par un débat parlementaire". Voilà pour la communication officielle. Elle dit clairement que la CGT joue la carte parlementaire et juridique, avec un discours qui contient quelques éléments de classe mais noyés dans la défense de la société, de la nation et du respect de la légalité et de ses institutions.
Toutes les autres organisations syndicales, sociales, de défense des droits humains… se sont immédiatement ralliées à l’initiative. La CGT, qui revendique 7 millions de membres, mais en regroupe plus vraisemblablement un peu moins de la moitié (ce qui n’est pas négligeable), peut à elle seule, si elle s’en donne les moyens, mettre du monde dans la rue et bloquer presque entièrement l’économie du pays pendant 24 heures. Tout semble indiqué que la grève sera massive, les rassemblements et manifestations plus encore et que cette journée signifiera une paralysie totale de l’activité du pays.
Il est par contre à peu près certain qu’une telle journée ne sera pas suffisante, à la hauteur de l’enjeu, si rien d’envergure ne se fait avant, dans les jours et semaines qui viennent… et aussi après.
A défaut d’un climat de mobilisation permanente, il est à craindre une molle bataille de discussions sans fin en commissions entre politiciens de fractions et de sous-groupes parlementaires dans un Congrès qui penche clairement à droite et en faveur de politiques libérales. Et, à côté de la tambouille parlementaire, une censure partielle du DNU au mois de mars par la Cour suprême.
On entend et on lit ici ou là que les Argentins sont épuisés, déprimés par la succession de crises que vit le pays depuis les années 1990… Il est certain que les milieux militants, organisés, les mouvements de chômeurs, les collectifs de lutte insérés dans les conflits sociaux, de classe… ont perdu beaucoup de force et de vitalité au fil des ans, que nombre d’entre eux se sont convertis dans la gestion d’une clientèle, et ont gagné des postes dans les processus de cooptation qu’a su mettre en place le kirchnérisme au cours des douze années où il a gouverné le pays (1). Il est tout aussi certain que les courants les moins institutionnels, les plus basistes et assembléistes de ces mouvements n’ont pas su ou pu maintenir les espaces politiques et terrains de conflits qu’ils avaient occupés, lors de la grande vague ascendante de contestation et de soulèvements dont ils ont été les acteurs et les moteurs, du milieu des années 1990 jusqu’en 2002. Une date où, après les premières mesures répressives de l’exécutif d’alors contre la frange la plus combative des piqueteros, le kirchnérisme s’est présenté et est apparu comme le débouché politique naturel de ce cycle de luttes et de son épuisement… Beaucoup de ces mouvements se sont alors fractionnés, ont disparu ou sont devenus l’ombre d’eux-mêmes, et nombre de militants se sont éloignés ou mis en retrait. Comme souvent, le "débouché politique" a correspondu à un moment de reflux de l’antagonisme ; il a marqué la fin d’un cycle et l’ouverture d’une nouvelle séquence.
A noter aussi que, si la situation n’est plus celle des années 2000, ce n’est pas non plus le désert absolu. D’importantes mobilisations, violemment réprimées, ont eu lieu sous le gouvernement du libéral Macri, en particulier fin 2017 (2). Les mobilisations de chômeurs ont repris en 2022 et toute la dernière décennie a été marquée par la montée de la contestation sur deux thématiques principales : les violences de genre (et en particulier les féminicides) par un vigoureux mouvement des femmes qui n’hésite pas à envahir les rues et à appeler à la grève féministe, et des dizaines de conflits sur les questions environnementales, en particulier contre les méga-projets d’extraction minière.
Le DNU et la loi "omnibus " apparaissent à bien des égards comme des manifestes idéologiques qui auraient additionné dans un seul gros volume la totalité des revendications et thématiques des droites argentines des 100 dernières années, du libéralisme centriste le plus modéré à l’extrême-droite dure pro-dictature en passant par les invraisemblances libertariennes actuelles.
Sur le papier, la réussite d’une telle synthèse peut faire rêver le camp des capitalistes en quête d’une hégémonie culturelle au service d’un ordre social et d’un régime politique garantissant "à la perfection" la maximisation des profits et la marchandisation à marche forcée de la totalité de l’existant. A côté de ce qui apparaît comme le rouleau compresseur d’une politique de la "tronçonneuse", il y a aussi une part de mise en scène, beaucoup d’improvisation, d’amateurisme, de précipitation car pour le passage de l’idéologie à la pratique, il est conseillé aux gouvernements en général de ne pas combattre en même temps toutes leurs futures victimes ou, si l’on veut, tous leurs obstacles et tous leurs ennemis.
Sans parler des incohérences grossières en matière diplomatique et économique : lorsque Milei déclarait quelques jours avant son élection qu’il allait rompre toute relation avec des pays "communistes" et "d’assassins" comme la Chine, alors qu’elle est son principal partenaire économique (achat de soja, de viande de bœuf… et investissements dans l’extraction minière comme le lithium et d’autres projets d’infrastructures), et alors même que le gouvernement précédent a signé des accords commerciaux avec le géant asiatique (notamment pour un centre de recherche spatiale en Patagonie) et surtout financiers : un accord crucial pour l’Argentine d’échanges (swap) de devises (de 6,5 milliards de dollars) lui permettant de financer à crédit le règlement des échéances de sa dette auprès du FMI et d’éviter ainsi le défaut de paiement. - emprunter à la Chine pour payer ses dettes à Washington… Ainsi très vite, le gouvernement de Buenos Aires a dû renouer avec Pékin en lui assurant sa totale loyauté à l’égard des accords passés.
Sur le plan intérieur, Milei n’aura bénéficié d’aucun "état de grâce" après sa prise du pouvoir. Ses soutiens se font discrets, la plupart contestent la "forme" du DNU et le régime d’exception que l’exécutif cherche à leur imposer, beaucoup veulent discuter des articles pour les amender, certains comme le groupe des députés de l’UCR (Union Civique Radicale, de droite) ont même choisi de rester "silencieux" ! Comme soutien, on fait mieux.
L’autre donnée encourageante a été la rapidité de réaction et la relative massivité des premières mobilisations populaires, des 20 et 27 décembre qui ont défié le protocole répressif et contraint la CGT à sortir de sa longue léthargie et à appeler à une journée de grève. Tout dépendra donc de ce qui se passera dans la rue au cours du mois de janvier.
J.F. / le 31 décembre 2023
Notes
(1) Le kirchnérisme est un courant politique argentin de centre-gauche majoritairement issu du péronisme, qui est apparu véritablement en 2003, avec l’arrivée au pouvoir de Néstor Kirchner (jusqu’en 2007) puis de son épouse Cristina Fernández de Kirchner, entre 2007 et 2015.
(2) Le milliardaire Mauricio Macri a gouverné l’Argentine de 2015 à 2019 à la suite de Cristina Fernández de Kirchner. Elu sur un programme libéral très nettement marqué à droite, ses recettes économiques et budgétaires ont provoqué d’innombrables dégâts sociaux tout en remettant le pays au bord de l’abîme. Il sera remercié par les électeurs en 2019 et remplacé par un péroniste de centre-droit, le très opportuniste Alberto Fernández (sans lien de parenté avec Cristina). Celui-ci prendra quelques mesures d’urgence pour éviter la banqueroute du pays, mais sans dévier pour autant d’une orientation globalement libérale. Son candidat de 2023 sera sèchement battu par Milei.
Appel de la Coordination pour le Changement Social
Renforcer la grève générale par la mobilisation pour renverser le DNU et le paquet de mesures contre le peuple. 28 décembre 2023
Depuis un peu plus de deux semaines, le gouvernement d’ultra-droite de Milei tente de balayer tous les acquis sociaux et dans son escalade vise tous les secteurs de manière égale. (...) Le DNU d’une part, et le projet de loi "omnibus" envoyé au Congrès d’autre part, témoignent de ce que Milei a besoin d’activer ces outils à grande vitesse pour tenter de refonder "un nouveau pays", ostensiblement tourné vers l’ultra-droite. En réalité, il s’agit d’une dictature institutionnelle non moins nocive que celles accompagnées par les fusils des militaires. ais il est vrai aussi que notre peuple n’est pas endormi et a rapidement mobilisé ses anticorps. Ainsi en un peu plus de deux semaines, il y a déjà eu deux grandes mobilisations de masse, les 20 et 27 décembre, défiant tout l’appareil répressif de Bullrich, et contournant un protocole répressif digne des années de plomb. Mais ce n’est pas tout, les casseroles ont commencé à appeler à la mobilisation contre le mauvais gouvernement et se multiplient dans tous les coins du pays. Face à cette détermination populaire et au mot d’ordre qui a émergé d’en bas, appelant à la grève générale, la direction de la CGT a été contrainte d’appeler à une grève nationale avec mobilisation le 24 janvier. ’autre part, diverses déclarations de la clique au pouvoir laissent entrevoir qu’elle n’est pas totalement unanime, qu’elle commence à se contredire et à faire marche arrière sur certains aspects. C’est clairement le résultat de la pression que notre peuple exerce dans les rues et cela nous encourage à réaffirmer notre ligne de combat dans ce domaine et dans tous ceux qui sont nécessaires pour faire plier ceux qui pensaient nous intimider. ous savons toutes et tous que si nous renversons le DNU le plus rapidement possible, non seulement nous aurons affaibli considérablement le gouvernement néo-fasciste, mais que nous nous protégerons également en tant que pays. C’est pourquoi, au nom du Comité de Coordination pour le Changement Social, nous appelons à RENFORCER LA GRÈVE NATIONALE ACTIVE du 24 janvier, et à partir de maintenant, nous travaillerons sur les modaliés de lutte dans nos quartiers et dans tous les lieux où nous développons notre activité militante. e 24 janvier, nous serons des centaines de milliers dans les rues du pays pour leur dire en face que NO PASARÁN
Seul le peuple sauvera le peuple
COORDINATION POUR LE CHANGEMENT SOCIAL
FOL (FRENTE DE ORGANIZACIONES EN LUCHA) – MOVIMIENTO DE LOS PUEBLOS (FRENTE POPULAR DARÍO SANTILLÁN CORRIENTE PLURINACIONAL ; MULCS MOVIMIENTO POR LA UNIDAD LATINOAMERICANA Y EL CAMBIO SOCIAL ; MOVIMIENTO 8 DE ABRIL) – FAR Y COPA EN MARABUNTA – FOB AUTÓNOMA (FEDERACIÓN DE ORGANIZACIONES DE BASE, AUTÓNOMA) – OLP RESISTIR Y LUCHAR – MOVIMIENTO JUANA AZURDUY – ARRIBA LXS QUE LUCHAN -30 décembre.
Haro sur les plans Potenciar Trabajo
Ces plans "d’inclusion socio-productive et de développement local" (définition officielle), que l’on peut traduire par "Favoriser le Travail", fonctionnent depuis les années 2000 comme un système d’allocation pour le retour à l’emploi, soit par des aides à l’éducation et à la formation professionnelle, soit en échange de prestations, de travaux (4 heures par jour maximum) effectués dans un cadre local, communautaire, dans des secteurs non-marchands ou des segments du marché peu compétitifs... Le montant de l’allocation mensuelle correspond à la moitié du salaire minimum avec un peu plus de 1,2 million de bénéficiaires. Ce programme vise aussi à légaliser une partie du travail informel, celui généré lors de la grande crise des années 2000 par des initiatives de type économie populaire, communautaire, sociale, en formalisant et enregistrant des micro-entreprises, en officialisant et légalisant leur existence.
Or ces plans sont dans le viseur du pouvoir qui réclame un audit rapide car il a déjà décrété qu’il y en avait au moins 160 000 de trop, perçus donc par des fraudeurs et qu’il allait falloir trouver les coupables, leur supprimer les allocations et le cas échéant les poursuivre devant les tribunaux… D’où une surveillance accrue de l’Internet, des achats de billets d’avion ou de train, des informations sur la famille et les ami.es, avec des dénonciations anonymes largement encouragées, pour confondre les faux chômeurs, en inventer : ces faux pauvres vivant intolérablement au-dessus de leurs moyens ! Pour l’instant, le montant est gelé et quasiment donc en réalité divisé par deux en moins d’un mois en raison de l’inflation estimée ce mois à 30%, des augmentations successives des transports, de l’énergie et des prix de nombreux produits courants du fait de la dévaluation du peso et de la hausse de la taxe sur les importations qui passe de 7,5 à 17,5%.
Dans un deuxième temps, il est question de "repartir à zéro"et de reprendre en main la totalité de la gestion de ces allocations confiée aux gestionnaires locaux. Ce que les libéraux veulent abattre, c’est la gestion de ce régime qui n’est pas entre les mains de l’État, mais… privatisée. L’adhésion au plan Potenciar Trabajo n’est possible que si la personne se lie à une entité en charge de l’appliquer, c’est-à-dire à des groupes de piqueteros ou à des organismes sociaux, souvent dépendants des partis politiques, des municipalités.
Ces plans Potencia Trabajo sont l’héritage des politiques sociales du kirchnérisme et le résultat lointain d’une décennie de luttes acharnées, menées par les couches les plus déshéritées du prolétariat, par ceux et celles qui se sont nommés piqueteros en référence et en hommage aux piquets des grèves qu’ils ne pouvaient pas mener, et qui ont combattu à coups de barrages de routes, de marches sur les capitales provinciales, d’affrontements avec les forces de répression, de campements de fortune sauvages dans le centre des villes, d’occupations de terrains et leur transformation en potagers collectifs et en lieux de socialisation et d’organisation, et qui ont su inventer des nouvelles formes d’entraide, d’auto-éducation populaire et de solidarité, des noyaux de contre-société en rébellion…. C’est tout cela que le nouveau régime veut abattre et effacer.