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CA 337 février 2024

Sans frontières 337

samedi 24 février 2024, par Courant Alternatif


Mobilisations contre la loi Immigration

Depuis le vote cynique de cette nouvelle loi immigration, le 19 décembre dernier, il est urgent    de s’organiser collectivement pour s’y opposer. Seul un mouvement social large le permettra et plusieurs collectifs et organisations s’y attellent mais ils ne vont pas tous dans le même sens. En ce début d’année, c’est un départ dispersé entre la mobilisation du dimanche 14 janvier et celle du 21 janvier.

Le 14 janvier était une idée des collectifs de sans-papiers réunis au sein de la Marche des Solidarités. La participation a été notable avec environ 25 000 personnes annoncées à Paris, 6 000 à Marseille, 2 500 à Lyon et Rennes, 1 500 à Montpellier, Grenoble, Saint-Étienne, etc.. Le cortège parisien était très divers et pas seulement constitué de collectifs de sans-papiers, ce qui est un bon signe sur « l’amplitude » de la mobilisation. Il y avait des banderoles d’écoles parisiennes mobilisées (voir plus bas), d’étudiants ainsi que du milieu hospitalier et même sportif à quelques mois des JO. Quant aux syndicats - CGT en tête mais aussi Solidaires qui a fini par appeler pour le 14, en urgence mais trop tard pour mobiliser - ils n’étaient pas de la partie car ces derniers ont préféré coller au calendrier du pouvoir et de la CFDT en appelant à la mobilisation, le dimanche suivant, le 21 janvier. A quelques jours de l’avis du conseil constitutionnel sur la loi – dont beaucoup disent que les articles    « les plus hard  » vont être censurés. Quelques bases syndicales n’ont pas du tout apprécié, comme à Sud 94 qui est très investi dans le soutien à la lutte des sans-papiers de Chronopost. Quant aux collectifs de sans-papiers organisés au sein de la Marche des Solidarités, ils ne se laissent pas faire par ce marchandage et ont refusé de faire comme si de rien n’était et de suivre gentiment la CGT. Ils ont d’ailleurs publié un communiqué indiquant qu’ils ne participeraient pas à la journée du 21 janvier qui est tombée du ciel suite à une tribune publiée le 7 janvier par plus de 200 « personnalités  ».

Malgré ces tiraillements, la mobilisation du    21 janvier a été un succès, 75 000 selon l’État,    150 000 selon les organisateurs. Il y a eu au total 160 manifestations. A Paris, entre 16 et 25 000 selon les comptages, un cortège dynamique avec beaucoup de départs spontanés sans forcément de banderoles ou de slogans – bon, ça faisait aussi balade du dimanche avec des familles, etc. La banderole unitaire s’est retrouvée aux trois quarts de la manifestation  ! Ailleurs, en région, beaucoup de monde aussi . A Rennes, entre 2 500 et 4 000, ce fut une mobilisation large avec des gens et des organisations qu’on ne voit jamais d’habitude. Du mieux, mais des contrôles de papiers par la police au départ…    Plus de 1 200 personnes à Limoges où les associatifs avaient pris le pas sur les syndicats et les partis  ; la préfecture a été repeinte par des jets d’œufs sur la préfecture mais pas de nouvelle date de rendez-vous car les syndicats freinent en spéculant sur la décision du conseil constitutionnel.

Une chose est sûre, il y a une tension entre les bases militantes et les directions politiques. D’une certaine manière, les réponses politiques rappellent la situation des années 1930. Une partie de la gauche et les directions syndicales cherchent une alliance à droite avec les secteurs les plus libéraux de la bourgeoisie contre le développement du fascisme. C’est la base de leur appel à manifester le 21 janvier. Assez logiquement, elles résistent à appeler à la grève contre la loi raciste pour ne pas s’aliéner leurs « alliés », comme la CFDT. En tout cas, il est intéressant de noter cette disjonction et le refus de la base de se laisser dicter le calendrier. La prochaine date de mobilisation est le samedi 3 février et pour l’instant seu le rendez-vous parisien est connu  : 14h place de la République.

Source  : La marche des solidarités, autonomie de classe, remontées militantes

Royaume-Uni – chaque demandeur d'asile envoyé au Rwanda coûtera 200 000 euros

C’est le chiffre avancé par le ministère de l’Intérieur lui-même  !    et c’est 63 000 euros de plus que l’hébergement d’un migrant sur le sol anglais. Ce tarif inclut le billet d’avion, les coûts administratifs, mais surtout il y a 122 000 euros versés au « pays-tiers  », le Rwanda. On comprend alors la persistance du gouvernement Kagame à vouloir conclure cet accord. Côté britannique, l’argument financier ne tient plus mais les politiciens tablent sur l’importance de cette mesure de dissuasion – déportation au Rwanda -    pour empêcher les migrants de traverser la Manche. Ils calculent même que le mécanisme serait rentable si 2/5ème des migrants sont dissuadés. Ce n’est pas la première tentative du gouvernement britannique pour rendre le pays moins attractif. Depuis plusieurs années, il y a une multiplication des mesures coercitives contre les étrangers  :    installation de demandeurs d’asile sur des barges, limitation du regroupement familial pour les étudiants étrangers, campagne anti-albanais sur Facebook, etc. Pour rappel, le texte sur les départs au Rwanda est toujours en tractation. Rejeté une première fois par la Cour Suprême, il revient par la fenêtre avec la signature d’un nouveau traité avec le Rwanda qui sera reconnu pays tiers sûr et qui s’engage à ne pas expulser la personne déportée. Le HCR conteste ce nouvel accord et un nouveau round judiciaire se prépare.   

Source  : Infomigrants

Naufrage dans la Manche

Pendant ce temps-là, les tentatives de traversée du Channel continuent et les drames qui vont avec. Dans la nuit du 13 au 14 janvier, 5 exilés meurent et les corps sont repêchés sur la plage de Wimereux, une station balnéaire à côté de Boulogne-sur-mer. Les victimes sont d’origine syrienne, c’étaient des jeunes hommes (14, 16, 24 et 26 ans), tous originaires de la ville de Deraa au sud du pays. Selon les associations calaisiennes, ils attendaient depuis plusieurs semaines sous les ponts de Calais. Les passeurs utilisent la technique du « taxi-boat  » qui consiste à faire venir du large une embarcation souvent pneumatique et à embarquer le plus rapidement possible. Rappelons les conditions météorologiques difficiles dans la région  : beaucoup de pluies, de vent et maintenant le froid.

Source  : la Voix du Nord

Pression aux migrants entre la Russie et la Finlande

Depuis la guerre en Ukraine, les rapports sont de plus en plus tendus entre les deux pays. En avril dernier, la Finlande adhère à l’OTAN et, dès lors, la frontière se militarise et se ferme même définitivement en décembre, suite à la signature d’un accord avec les Etats-Unis pour une utilisation des bases militaires finlandaises. Depuis, entre 2 000 et 3 000 migrants sont bloqués côté russe. Il y a de fortes suspicions d’instrumentalisation par la Russie. Ce n’est pas la première fois que les migrants sont utilisés pour faire pression sur le pays voisin ou l’Union Européenne  ; on peut se rappeler ce qui s’est passé entre la Turquie et la Grèce et plus récemment entre la Biélorussie et la Pologne. L’entrée par le sud en Russie est facilitée et les exilés paieraient 6 000 euros à des passeurs pour atteindre la frontière nord. Selon les autorités finlandaises, depuis août, 1 000 demandes d’asile ont été enregistrées avec des personnes majoritairement originaires de Somalie, du Yémen ou d’Irak. D’habitude, il y a une dizaine de demandes par mois. 55 agents Frontex ont été envoyés sur place. En parallèle, une clôture est en construction sur 200 kilomètres - la frontière est de 1 340 kilomètres au total.

Source  : Infomigrants

Rapport de la Cour des comptes sur la gestion des sans-papiers

Soyons clairs, les comptables de l’État n’y vont pas par quatre chemins, ils préconisent une nouvelle stratégie pour augmenter les résolutions d’OQTF, autrement dit des expulsions. Mais ce rapport publié le 4 janvier dernier apporte des éléments chiffrés de la politique actuelle. Les sans-papiers sont estimés à 440 000 mais le rapport souligne le manque de places dans les CRA au regard des OQTF délivrés. Entre 2019 et 2022, « 5 % des étrangers en situation irrégulière titulaires d’une obligation de quitter le territoire français ont été placés" dans les 22 CRA du territoire. Et sur ces 5%, la moitié a été éloignée. Ce faible « rendement  » est dû aux difficultés rencontrées à établir les identités et, plus intéressant, au refus du personnel navigant de faire décoller l’avion avec des personnes s’opposant à leur éloignement. Depuis août 2022, les étrangers irréguliers condamnés pénalement sont envoyés en priorité en CRA pour augmenter les statistiques d’expulsions. Naturellement, la Cour des comptes préconise l’ouverture de nouveaux CRA  ; c’est d’ailleurs en cours car les appels d’offre pour construire ces prisons à étrangers ont été lancés, l’objectif étant d’atteindre 3 000 places contre 1700 aujourd’hui. Alors que l’instance comptable crie à l’inefficacité, d’autres chiffres montrent que la France est un des pays qui exécute le plus d’éloignements forcés de l’Union européenne. D’après Eurostat, 11 409 retours forcés ont été réalisés en 2022 et 18 915 en 2019, dernière année pré-Covid. L’accent est mis aussi sur les retours volontaires. Avec 4 979 retours aidés exécutés en 2022, la France accuse un retard notable par rapport à ses voisins européens  : 26 545 en Allemagne en 2022. Un retour volontaire coûte beaucoup moins cher qu’une expulsion  : 2 200 euros contre 4 400 euros. Enfin, la Cour des comptes brocarde l’organisation de la police aux frontières qui ne serait pas assez méticuleuse et coordonnée pour prendre les identités et les centraliser dans un fichier unique. Le logiciel AGDREF, qui s’occupe de la gestion des étrangers en France, est déclaré obsolète car il y a des loupés dans le transfert des décisions aux organismes de sécurité sociale ou aux bailleurs sociaux. Quant aux préfectures, elles manques de personnel  : « sur les cinq dernières années, le nombre d’OQTF délivrées a augmenté de 60 % alors que les effectifs préfectoraux consacrés à l’éloignement et au contentieux des étrangers ont crû de 9 %  ». Les préfectures ayant le plus de pression migratoire sont le Nord, le Pas-de-Calais, l’Île-de-France, les Alpes-Maritimes ou encore le Rhône. Le rapport est sur la table des ministères, on verra ce qu’il advient. Dans tous les cas, le ton est martial.

Source  : Infomigrants

Lutte pour le logement

Alors que le froid et la neige touchent une grosse partie du territoire français, bon nombre de personnes dorment dehors dont les « migrants  », terme qui cache diverses réalités  : personne en transit, sans-papiers, demandeurs d’asile sans logement, etc. Le 17 janvier dernier, plusieurs dizaines de mineurs isolés du collectif des jeunes du parc de Belleville et habitant·e·s solidaires ont interrompu les vœux du maire du 20è, collectif du 20°me arrondissement de Paris pour exiger un hébergement en urgence. Pour ce cas précis, mais comme souvent, l’État refuse de reconnaître la minorité des jeunes isolés à l’appui de tests d’évaluation de minorité qui sont pourtant dénoncés par les associations, les médecins. En juin, ces jeunes s’étaient installés dans un parc urbain  ; ils y ont été expulsés le 17 octobre  ; il y avait alors 471 personnes et la plupart ont été remises à la rue. Un collectif s’est formé dans le quartier et les jeunes ont pris la parole et l’initiative.

Des repas solidaires sont organisés mais aussi des hébergements solidaires. Il y a également des actions politiques comme des délégations à la mairie, la participation aux manifestations contre la loi Darmanin. Grâce à ce rapport de force, 50 places d’hébergement ont été obtenues mais il en faut davantage, surtout que des solutions existent dans le quartier avec notamment des places disponibles dans le lycée voisin (120 places au Lycée Charles de Gaulle) ou le gymnase municipal. L’action du 17 janvier a été un semi-succès, 29 places ont été proposées, mais temporairement et dans un centre non adapté aux jeunes. Seuls 19 mineurs ont accepté.

Source  : Collectif 20ème solidaire avec toutes les migrantes et tous les migrants

cagnotte de soutien ici :https://www.helloasso.com/associati...

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