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CA 338 mars 2024

Teisseire, Valdunes, Conforama
et grève au Macchu Pichu :
chroniques de la lutte des classes

Insubordination salariale 338

jeudi 28 mars 2024, par Courant Alternatif


Pour les actionnaires des entreprises du CAC 40, ça va !

25 des 40 entreprises ont, à elles seules, dégagé 123,9 milliards d’euros. Des chiffres qui sont portés par deux secteurs : le luxe et l’automobile. Hermès, LVMH, Kering et L’Oréal réalisent à eux seuls 29 milliards d’euros de bénéfices : une hausse de 7%. . Plus de deux milliards d’euros pour Renault, 18,6 milliards pour Stellantis qui décroche la deuxième place derrière TotalEnergies. Chez Stellantis, le patron du groupe, a annoncé que 1,9 milliard d’euros allait être redistribué aux salariés partout dans le monde. (Une prime d’intéressement de 4 100 euros en France).

Pour leurs patrons , ça va aussi...
Luca De Meo, PDG depuis un an à la tête de Renault, devrait toucher environ 4,5 millions d’euros au titre des résultats de 2022. Et cela reste bien loin derrière la rémunération de Carlos Tavares car le patron de Stellantis pourrait toucher jusqu’à 23,5 millions d’euros. En ce qui concerne la rémunération générale des patrons du CAC 40, elles ont augmenté deux fois plus vite que celles de leurs salariés.

La directive européenne sur les travailleurs des plates-formes définitivement bloquée par le gouvernement Macron.
Vendredi 16 février, lors du comité des représentants permanents du Conseil de l’Union européenne (UE), les gouvernements d’Allemagne, de Grèce et d’Estonie se sont abstenus de voter. La France, de son côté, a déclaré qu’elle n’était « pas en mesure de soutenir le texte », ce qui vaut abstention. Ces quatre Etats formant une minorité de blocage selon les règles communautaires, le texte n’a pu être voté.
Cette version de la présomption de salariat, devait permettre aux travailleurs qui le souhaitent d’obtenir le statut de salariés et les droits y afférant (congés payés, arrêts maladie indemnisés, chômage), à condition de prouver le lien de subordination avec la plate-forme qui les emploie. Sur 28 millions de travailleurs concernés en 2022 (un chiffre qui pourrait atteindre 43 millions en 2025), Bruxelles estime à 5,5 millions le nombre de « faux » indépendants.

Par ailleurs les salariées [1] se mobilisent dans de nombreux secteurs

  • À EDF, les agentes se sont fortement mobilisées à l’appel de l’intersyndicale qui appelait à la grève pour les salaires le 30 janvier,
  • Aux Finances publiques, une campagne sur les rémunérations est en cours et une nouvelle mobilisation a eu lieu le 29 janvier avec des rassemblements dans toute la France
  • A l’Education, grève le 1er février pour les salaires, les conditions de travail, l’emploi et l’école. La forte mobilisation a été reconduite dès le 6 février.
  • Le 6 février également a eu lieu mobilisation sur les salaires dans les PIC (distribution colis) de la Poste,
  • Dans la branche des prestataires de services (centres d’appels, hôtes et hôtesses d’accueil…), après la réussite de la mobilisation du 23 janvier une nouvelle journée de grève aura lieu le 13 mars,
  • Dans la Fonction publique grève le 19 mars jour de mobilisation à l’appel de l’intersyndicale fonction publique.
  • La grève féministe du 8 mars se fera sur ces questions-là : 70% des personnes ayant recours à l’aide alimentaire sont des femmes.
    A quand l’unification de ces luttes, pour une indexation des salaires sur l’inflation et une augmentation de 400€ pour tous et toutes ? Et des augmentations en plus, pour les plus bas salaires…

Note
1. Cette partie de cette rubrique est volontairement féminisée. Une façon de rappeler que la grève féministe du 8 mars concerne tout le monde.

France

Les principaux ports de France ont été affectés par une grève des dockers contre la réforme des retraites
Les ports de Marseille-Fos, du Havre ainsi que de Rouen
ou encore de Lorient et de Brest ont été concernés par le mouvement. Les dockers mobilisés à l’appel de la CGT protestent contre la réforme qui reporte de deux ans leur départ à la retraite, estimant qu’elle ne prend pas assez en compte la pénibilité leur travail.

SNCF : Les agents du service commercial trains (ASCT), nom donné aux contrôleurs par la SNCF, seront en grève tout au long du week-end du 16 février à l’appel du Collectif national des ASCT et des syndicats SUD et CGT.
Au cœur du conflit, le non-respect du protocole d’accord signé par les quatre syndicats représentatifs de la SNCF (CGT, UNSA, SUD, CFDT), au lendemain de la grève de Noël 2022 – suivie par plus d’un agent sur deux. Le protocole prévoyait, entre autres, la reconnaissance de la pénibilité, qui devait se traduire par la mise en place d’une cessation progressive d’activité permettant de partir un peu plus tôt à la retraite, dès 2023. Or cette mesure attend toujours. De même que l’engagement d’une présence de deux contrôleurs par TGV. En plus de ces deux revendications centrales, les contrôleurs, qui ont le sentiment de s’être fait berner, réclament des mesures salariales pour faire face à l’inflation. Les salaires des contrôleurs en début de carrière n’excèdent pas 1700 à 1800 euros nets. (Rapports de force)

Deux mois après le début de leur grève, entamée fin novembre, une quarantaine de sapeurs-pompiers de Reims manifestaient le 9 février au matin devant l’hôtel de ville de Reims, où ils avaient rendez-vous avec le maire. Ils dénoncent une baisse de leur qualité de vie au travail : on demande de plus en plus d’interventions aux pompiers, qui pourraient être du ressort du SAMU ou encore des forces de l’ordre.

Le 5 février, les sapeurs-pompiers du Port (La Réunion) ont débrayé, initiant un mouvement de protestation contre le manque de moyens qu’ils subissent dans l’exercice de leurs fonctions sur le département.
Un protocole d’accord a été trouvé. La grève n’aura donc duré que quelques heures.
Mais la colère des pompiers du Port porte également sur le manque de moyens, plus précisément de véhicules d’intervention, qui impacte chaque jour leur travail. Plusieurs de leurs interventions devaient être mises en attente en raison d’un manque de VSAV (véhicule de sauvetage et d’assistance aux victimes).

Le mouvement de grève, commencé le 9 janvier 2024 par des salariés de la SEMOP Agglo’bus (unique réseau de transport urbain de Guyane - voir C.A. précédent) a pris fin dans le 19 janvier. Parmi les revendications obtenues, les CDD de plus de 12 mois passeront en CDI. Enfin, les demandes d’audits formulées par les grévistes seront réalisées,

Ils sont venus le 24 janvier jusqu’au quatrième étage de l’hôpital Beauregard pour taper directement à la porte de leur direction et demander la démission de leur cheffe d’équipe. Une vingtaine de salariés de la blanchisserie Pamar étaient en grève reconductible depuis le 15 janvier après avoir exercé leur droit de retrait pendant une vingtaine de jours.
Les salariés de cette blanchisserie qui lave et prépare à la fois le linge et les tenues des personnels de plusieurs hôpitaux privés de Marseille, dénoncent en effet les méthodes de leur cheffe d’équipe. Ils dénoncent des cadences infernales, des menaces de morts, des humiliations répétées et des conditions de travail inacceptables. Certains salariés ont saisi l’inspection du travail. Six plaintes ont été déposées.

Les salariés de l’usine de sirops Teisseire à Crolles, en Isère, ont repris le travail le 24 janvier, après 11 jours de grève. Depuis le 12 janvier ils protestaient contre les méthodes de leur management. La convocation de l’un d’entre eux à un entretien disciplinaire avait mis le feu aux poudres. Un accord de sortie de conflit est intervenu le 23 janvier entre la direction et les représentants du personnel.

Transports en Ile-de-France : la CGT RATP a déposé un préavis de grève du 5 février au 9 septembre. Le syndicat juge insuffisantes les annonces de la direction, dans un contexte d’inflation et de préparation des Jeux de Paris 2024.

Les infirmiers libéraux ont manifesté le 10 février en France. La profession n’a pas été augmentée depuis 2009.
Les revendications ne s’arrêtent pas là. Le collectif des libéraux en colère de Drôme-Ardèche, aimerait que la pénibilité soit prise en compte : « …nous ne sommes pas aussi bien équipés qu’en hôpital et nous soulevons des patients à longueur de journée. Ce sera compliqué de travailler jusqu’à 67 ans pour la plupart d’entre nous ».

Au terme de neuf jours de grève, les éboueurs de Perpignan Méditerranée Métropole ont décidé le 9 février 2024 de suspendre le mouvement. Le travail devait reprendre avec la promesse d’ouverture de négociations sur les primes des agents.

La majorité des 110 salariés (dont 100 % des salariés en CDI) de la clinique Gustav-Zander à Aix-les-Bains (Savoie) étaient en grève le 5 février pour demander une revalorisation salariale. Près de 120 patients n’ont pas pu être reçus en rééducation. La continuité des soins est assurée à minima pour les 60 malades hospitalisés. Les salariés en grève se sont réunis devant l’accueil de l’établissement sous des banderoles « rien pour les salaires, tout pour les actionnaires ».    Les grévistes demandent 10 % de hausse des salaires, qu’ils soient infirmiers, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, aides-soignants.    La directrice du centre Zander assure que sur les salaires, il n’y a aucune marge de manœuvre au niveau local et que les négociations se font au niveau national pour l’ensemble des salariés du groupe dans les 300 Ehpad et plus de 100 cliniques.
La représentante de proximité assure « que dans le groupe, les établissements sont des unités économiques et sociales. Chaque établissement a ses propres comptes et ses propres bénéfices. Les salariés veulent que tout cela soit redistribué. »

Une cinquantaine de salariés d’Alinéa et de Zodio ont manifesté devant le magasin Alinéa du Pontet (Vaucluse) le 10 février. Ils protestent contre la suppression de 64 postes et contre leurs conditions de départ. Au total, les 2 enseignes emploient une centaine de personnes en Vaucluse. Le groupe Mulliez, qui détient Alinéa et Zodio a des difficultés financières et annonce une fermeture définitive du magasin Alinéa du Pontet. Le magasin Zodio à Vedène, sera lui remplacé par un petit Alinéa.
Les salariés veulent peser sur leurs conditions de départ. « On veut partir dans des bonnes conditions, dans des conditions à la hauteur du groupe de la famille Mulliez, on veut des garanties sur le congé de reclassement, sur le nombre de mois où on va être pris en charge ou encore sur le pourcentage sur lequel on va être payés. »

Tour Eiffel : des syndicats du monument ont appelé à une grève reconductible à partir du 19 février. Ils dénoncent une mauvaise gestion financière par la municipalité.

La rédaction de Vaucluse Matin est toujours sur le pont pour défendre l’emploi. Pour faire passer ce message à leur actionnaire, les journalistes sont montés vendredi 9 février sur le pont d’Avignon pour accrocher une banderole : « Le Crédit mutuel veut liquider la presse, #sauvonsvauclusematin », après l’annonce d’un plan d’austérité visant à réduire de 40 % l’effectif, soit neuf postes sur 24 salariés. La banque est l’unique actionnaire du groupe Ebra qui possède Le Dauphiné Libéré et Vaucluse Matin.

Situation tendue au sein du pôle logistique du CHU de la Guadeloupe, entre direction et grévistes affiliés à l’UTS-UGTG. Le syndicat à l’origine d’une grève débutée début février, milite notamment pour l’évolution des carrières des personnels. Les négociations s’éternisent. Pour les grévistes, le pôle logistique mérite, par ailleurs, des travaux de modernisation et de mise aux normes. Le site actuel souffre de problème d’électricité, de carrelage, d’eau ; ou encore d’équipements qui dysfonctionnent.

Valdunes (suite encore)
Selon le document envoyé par le repreneur potentiel Europlasma, les deux sites du groupe seraient repris : Trith-Saint-Léger, dans le Valenciennois et Leffrinckoucke, près de Dunkerque. Ce qui était espéré… En revanche, seuls 175 salariés sur environ 300 seraient conservés.
Pour rappel, Valdunes est en redressement judiciaire depuis que son actionnaire chinois s’est désengagé. Elle est la dernière en France à réaliser ce type de production (roues pour train), devenant ainsi un symbole de souveraineté industrielle.
L’offre d’Europlasma est la seule à avoir été déposée, selon le ministère de l’Economie qui précise que « des questions se posent autour du financement des pouvoirs publics » mais laisse entendre que l’Etat soutiendra financièrement ce projet. Europlasma promet 24 millions d’euros d’investissement sur les trois prochaines années.
Le tribunal de commerce de Lille pourrait valider cette offre de reprise le 20 mars prochain.
Dans la mesure, ou encore une fois, c’est l’argent public qui va être injecté, pourquoi ne pas poser la question de la socialisation de cette entreprise ?

Coup de massue pour les salariés de Conforama à Saint-Georges-d’Espéranche, en Isère, entre Bourgoin-Jallieu et Vienne : le site logistique de l’enseigne d’ameublement va fermer ! Le PDG l’a annoncé lors d’un CSE extraordinaire le 10 janvier. Sur les 118 salariés permanents, 78 vont perdre leur emploi, sans perspective pour l’instant. Un plan de sauvegarde de l’emploi devrait être mis en place, aucune date de fermeture n’est annoncée. Les salariés s’attendaient à des mutualisations de moyens suite au rachat il y a deux ans par le groupe Mobiluxe, propriétaire aussi de l’enseigne But, mais ne s’attendaient pas à une fermeture sèche et « violente ».
« On a fait le deuil de nos emplois, maintenant, la seule chose qui nous reste à faire, c’est de nous battre au mieux, le plus intelligemment possible pour partir le plus dignement possible, avec le plus gros chèque possible. On ne demande pas la lune, on demande juste que le groupe Mobilux, qui a versé des centaines de millions aux actionnaires la semaine dernière nous donne notre part » demande un syndicaliste.

International

BELARUS : Femmes syndicalistes en prison
Le Bélarus est cité parmi les 10 pires pays pour les travailleuses. Lors du soulèvement massif des Bélarus contre Loukachenko et son régime en 2020, les travailleuses ont défié la dictature en brandissant la menace d’une grève générale. Le régime a déployé des répressions exceptionnelles contre la société civile, les travailleuses et leurs syndicats. De plus, Loukachenko a entraîné le Bélarus dans la guerre en soutenant un autre dictateur, Poutine, contre le peuple ukrainien. Et c’est l’organisation démocratique des travailleurs, le Congrès Belarus des syndicats démocratiques, qui a exprimé la ferme position anti-guerre des travailleuses Belarus. Les conséquences ont été des arrestations massives et des accusations criminelles à l’encontre des dirigeants des syndicats et des travailleuses en avril 2022. En outre, le Bélarus est devenu un pays sans syndicats depuis juillet 2022, date à laquelle tous les syndicats démocratiques ont été liquidés. La dictature au Bélarus, où toute activité est qualifiée d’extrémisme et de terrorisme, connaît une répression sans limites contre la société civile. (Salidarnast - Trad. Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes.)

Argentine
Les organisations européennes membres du Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes (RSISL), réunies à Milan du 2 au 4 février 2024, saluent la lutte du peuple argentin et la détermination des organisations syndicales qui organisent la riposte au gouvernement réactionnaire de Milei. Celui-ci prévoit des mesures économiques, répondant aux ordres du Fonds monétaire international : ces décisions politiques entraînent des conséquences tragiques pour le peuple, pour les travailleurs et travailleuses de ce pays.
C’est dans ce contexte que le gouvernement veut aussi restreindre le droit démocratique de manifestation. Le texte initial du gouvernement assimile les manifestations publiques à des délits. Il autorise ainsi les forces de sécurité à réprimer toute protestation. Il s’agit en fait d’une sorte d’état de siège. Rappelons que le président, la vice-président et des ministres du nouveau gouvernement ont publiquement nié les crimes de la dictature militaire qui a sévit en Argentine de 1976 à 1983 (assassinats, torture et arrestations en masse, suppression des libertés publiques, etc.) [extraits]

Allemagne : après la fin de la grève des trains, les transports en commun municipaux à leur tour mobilisés
Les salariés gérant des bus, des tramways et des métros ont été appelés à cesser le travail « dans toutes les régions, à l’exception de la Bavière » pour demander de meilleures conditions de travail.

PÉROU : Macchu Pichu en grève !
Près de 700 touristes ont été évacués du Machu Picchu samedi 27 janvier à la suite d’une grève des habitants contre ce qu’ils dénoncent comme la « privatisation » de la vente des billets d’entrée au site Inca le plus visité au monde.
Ce mouvement de grève « illimitée » a été lancé le 25 janvier pour dénoncer une décision du ministère de la Culture de recourir à un intermédiaire privé pour gérer la vente de billets en ligne. Un collectif local affirme que l’entreprise, Joinnus, pourrait bénéficier de jusqu’à 3,2 millions de dollars par an de commissions grâce au nouveau système.
De nombreux commerces ont baissé leur rideau dès le 25 janvier et l’opérateur ferroviaire Ferrocarril Transandino a suspendu sa desserte du site le 26 janvier en raison des manifestations.

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