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CA 332 été 2023

La mobilisation contre la réforme des retraites dans la fonction publique parisienne

mercredi 19 juillet 2023, par Courant Alternatif

La fonction publique de la Ville de Paris compte plus de 50 000 salarié-e-s, avec plus de 250 métiers différents (de l’action sociale au logement en passant par la propreté ou la police municipale) et 2500 sites (jardins, bureaux, ateliers, gymnases, conservatoires, écoles, mairies, maisons des associations, etc.) disséminés sur la ville et en banlieue (et même hors Île-de-France). Par le passé, les personnels s’étaient déjà mobilisés contre la réforme des retraites en 2020 et contre l’application locale de la réforme de la fonction publique territoriale en 2021 (application qui a imposé l’augmentation du temps de travail sans augmentation de salaires, la perte de jours de congés, la généralisation de la pointeuse, la réduction des temps de trajet accordés aux cantines). Comme de nombreux secteurs professionnels, la fonction publique parisienne a été touchée par les plus de quatre mois de mobilisation contre la réforme des retraites.


En 2023, la mobilisation contre la réforme des retraites a commencé dans la deuxième quinzaine de janvier et a suivi le rythme national des grandes journées de manifestation. Une intersyndicale municipale (IS) s’est mise en place à l’initiative du Supap-FSU qui a rallié UCP, FO et CFTC (1). Différence avec la situation nationale, la CGT, l’UNSA et la CFDT n’ont pas répondu à l’invitation de la rejoindre (2). Après la première journée de manifestation, l’IS a organisé des réunions d’information syndicale (RIS) ouvertes à l’ensemble des personnels (les 26 janvier, 7 et 16 février, le 2 mars). Malgré l’appellation d’assemblées générales, ces réunions, animées par les quatre organisations syndicales (OS), ont essentiellement été conçues comme des moments d’information sur la réforme et d’appel aux manifestations. Très suivies pour les deux premières, elles ont vu la participation faiblir ensuite. Cela pouvait paraître paradoxal, les OS ayant obtenu à la mi-février un déplafonnement des heures d’information syndicale, tout-e salarié-e pouvant assister sur son temps de travail à une infinité d’AG du moment qu’elles abordent la question de la réforme et qu’il ou elle n’ait pas une "nécessité de service". En effet, les banderoles parfois affichées sur la façade de l’Hôtel de Ville annonçaient "La Ville de Paris soutient le mouvement social". Concrètement, les salarié-e-s pouvaient bénéficier de ces réunions "illimitées" (plus d’une vingtaine) ainsi que d’un étalement des retraits sur salaire… à condition d’en être informé-e-s et de ne pas être freiné-e-s par des petits chefs. Sinon, ce soutien au mouvement social n’est pas allé beaucoup plus loin (on n’a par exemple pas vu beaucoup de pugnacité de la part de la Maire à s’opposer aux réquisitions de salariés et on a aussi eu écho d’une demande de service minimum du personnel des écoles de la part du maire "socialiste" du 18e arrondissement, en avril). Cette faible participation aux AG était plus probablement dûe au manque de perspective de lutte à l’approche des vacances de février. En dehors de l’IS, le comité des syndicats CGT a tenu deux uniques AG les 18 et 19 janvier ; les autres OS n’ont organisé aucune réunion significative à l’échelle de la ville. Si les revendications des OS ont essentiellement été axées sur le retrait de la réforme, les tracts de l’IS municipale proposaient des pistes pour améliorer le financement des retraites (augmentation des salaires, égalité salariale hommes/femmes, création d’emplois dans les services publics) et ceux de la CGT mentionnaient aussi la retraite à 60 ans, un montant minimal de pension voire la semaine de 32h ou l’augmentation des salaires.
Côté communication, la CGT, l’UNSA et la CFDT ont relayé sur les boîtes mail professionnelles les appels aux grosses journées nationales. Les syndicats non-représentatifs n’ont pas communiqué de tout le mouvement. À partir de la mi-février, l’IS parisienne a mis en place une communication sur la base d’une série de tracts réguliers "On ne battra pas en retraite – journal de la mobilisation" qui a connu plus d’une vingtaine de numéros jusqu’au mois de juin. Le contenu consistait en un rappel de l’actualité immédiate du mouvement, cherchant à motiver les personnels à s’impliquer mais sans nécessairement revenir sur des revendications.
Bien sûr, l’envoi de courriers électroniques ne résout pas tout. Suivant les métiers, l’accès à un ordinateur et à sa messagerie professionnelle est plus ou moins compliqué. Et, même quand c’est simple, les messages syndicaux ne sont pas forcément lus. On s’en est rendu compte régulièrement en constatant que beaucoup de salarié-e-s ne connaissaient pas les (petits) avantages qu’ils avaient (réunions "illimitées" et étalement des retraits sur salaire). À cela s’ajoute la faiblesse du militantisme syndical avec assez peu de tournées de services et une présence syndicale très diversifiée selon les sites et les secteurs professionnels. Même si "syndiqué" n’est pas synonyme de "militant", un syndicaliste laissait entendre "en off" que seulement 3 % des adhérent-e-s de son organisation s’étaient impliqué-e-s dans le mouvement.
Dans la première période, les taux de grévistes ont atteint des niveaux plus importants que ceux des mouvements sociaux précédents (jusqu’à plus de 20 %, un score assez exceptionnel pour la Ville de Paris, les crèches et les bibliothèques ayant été parmi les secteurs les plus en grève) mais il semble que ce résultat global était assez peu visible aux yeux des agent-e-s qui ont eu l’impression que leur grève n’avait que peu d’impact.

À partir du 7 mars

Avec l’appel à se mobiliser massivement dans la grève le 7 mars voire à reconduire les jours suivants, l’intersyndicale a systématisé les RIS avec en général trois à quatre rendez-vous par semaine à la Bourse du travail. Mais les salarié-e-s s’en sont peu saisi : les réunions ont été assez peu fréquentées (trente à quarante personnes) et, en dehors d’un petit noyau, les participant-e-s se renouvelaient souvent à chaque rendez-vous. Il faut dire que l’intersyndicale n’offrait pas de perspectives de construction de la lutte, s’en tenant à des attaques générales contre la réforme et s’attachant essentiellement à pousser à la grève lors des journées nationales et à venir gonfler le cortège en manifestation, n’estimant pas possible de solliciter plus les salarié-e-s. Ça n’explique cependant pas ce peu d’appétence pour ces rendez-vous (en janvier 2020 les AG étaient beaucoup plus fournies alors qu’elles ne bénéficiaient pas de l’avantage de se tenir sur du temps de travail).
Moins d’une dizaine de participant-e-s régulier-e-s aux AG ont commencé une grève reconductible le 7 mars, assumant le fait d’être minoritaires dans cette démarche (des syndiqué-e-s CGT (3) et plusieurs non-syndiqué-e-s, de divers secteurs professionnels). L’esprit et le temps libérés du travail, cette sorte de "comité de mobilisation" a entrepris de renforcer les tournées de services pour informer et mobiliser les collègues. Sans pour autant "concurrencer" l’intersyndicale, ce groupe a progressivement développé une expression autonome par le biais d’une dizaine de tracts réguliers (reprenant un logo "Ville de Paris en lutte" datant du mouvement de 2019-2020) notamment pour exiger plus que le seul retrait de la réforme et de passer à une lutte plus offensive. Ne disposant pas des moyens de communication d’un syndicat (envoi sur les messageries électroniques du personnel), son expression est cependant restée très restreinte (Facebook et diffusion physique des tracts). Outre l’organisation de nombreuses tournées dans les services, ses membres ont aussi assuré une présence sur des piquets de grève et des blocages (garages des camions-bennes et incinérateurs) et ont participé à divers rendez-vous interprofessionnels (comme les AG des cheminots dans les gares parisiennes) et à des manifestations en dehors des dates nationales, le plus souvent avec une banderole les identifiant (manifestations étudiantes dès le 9 mars, interprofessionnelles, mais aussi contre la loi Darmanin en mars et avril) puis, ultérieurement avec le développement de la répression, à des rassemblements devant des commissariats ou le tribunal de Paris en soutien à des manifestant-e-s arrêté-e-s.

Manifestations et tournées

Lors des manifestations nationales, le cortège des personnels de la Ville de Paris était fourni et animé, comme en 2020. Intersyndical (forte visibilité des drapeaux FSU, quelques chasubles UCP et parfois CFTC, absence de FO qui a toujours préféré son ballon syndical, présence permanente d’une banderole CGT des musées de la Ville réclamant la retraite à 60 ans), il a agrégé beaucoup de non-syndiqué-e-s et s’est toujours inséré dans des cortèges qui n’étaient pas uniformément marqués syndicalement (souvent avec des cortèges étudiants, enseignants, collectif des salarié-e-s de librairies). Du début à la fin, sans ballon imposant, ni sono tonitruante, il faisait la part belle à une succession de slogans revendicatifs chantés énergiquement (sur la retraite à 60 ans, la réduction du temps de travail, mais aussi l’appel à la grève générale qui n’était pourtant pas revendiquée par l’IS en AG). On a aussi insisté sur le côté protecteur du cortège auprès des collègues inquiet-e-s de la violence potentielle en manifestation.
Lors des tournées de services, la difficulté n’a pas été de convaincre de la nocivité de la réforme (à l’inverse de 2019 avec la retraite à points) mais d’inciter à faire grève. Les collègues avaient bien compris que la réforme ne leur apporterait rien de bon. Si la question de la perte de salaire était le plus souvent avancée dans le refus de la grève, c’était surtout – à mon avis – l’aspect psychologique qui bloquait l’investissement individuel : la plupart des collègues ne croyaient pas que la victoire était possible et par conséquent étaient réticent-e-s à se mettre en grève.

Du côté de la propreté

C’était le secteur visible de la mobilisation à la Ville, c’est aussi l’un des services les plus importants en terme d’effectifs – 7500 agents –, avec un taux de syndicalisation plus élevé. Mieux préparé à la mobilisation (4), il est entré en grève le 6 mars, notamment à l’appel du syndicat CGT majoritaire, jusqu’au 29 mars, la préfecture de police ayant lancé des réquisitions de salariés dès le 17 – après une violente tentative policière de déblocage de piquet la veille au garage Victor-Hugo d’Ivry-sur-Seine. Le mouvement a surtout été suivi chez les conducteurs de camions-bennes plus que chez les rippeurs, avec le blocage de cinq garages municipaux ainsi que des incinérateurs et déchetteries (5). Le mouvement a aussi gagné des entreprises privées du ramassage des ordures (grève chez Pizzorno, préavis à Derichebourg).
Après 23 jours de mobilisation, il y a eu plus de 10 000 tonnes de déchets sur les trottoirs ce qui a beaucoup contribué au maintien du mouvement en mars. Un appel à la reprise de la grève le 13 avril n’a pas connu de succès. Les piquets et blocages ont aussi beaucoup tenu grâce à une très forte participation de soutiens extérieurs de divers horizons.

Après le 49.3

Dès le 16 mars, le recours à l’article 49.3 et la colère qu’il a suscitée ont redonné un élan au mouvement et permis de mobiliser plus fortement en manifestation (23 et 28 mars). À la Ville de Paris, le petit noyau de grévistes s’est alors étoffé de quelques collègues qui, même s’ils n’ont pas fait grève tous les jours, l’ont fait de manière plus courante (entre quinze et trente personnes suivant les moments, diversement syndiqué-e-s ou non, avec une présence notable de bibliothécaires). Profitant de ce rebond, le 5 avril, l’intersyndicale municipale a aussi organisé un envahissement de la mairie du 9e arrondissement dont l’édile (parti Horizon) avait appelé à casser la grève des éboueurs par des réquisitions ; ça a aussi permis de découvrir qu’il y avait des collègues plus branché-e-s par les actions que par les AG. De même, le 13 avril, à la veille de l’avis du Conseil constitutionnel, l’intersyndicale s’est jointe à l’action des territoriaux du Val de Marne et d’Attac en allant manifester dans les beaux quartiers devant le siège de LVMH et la galerie Dior. Quelques grévistes parisien-ne-s se sont mêlé un peu plus tard aux participant-e-s de l’AG interprofessionnelle de la gare de Lyon venu-e-s envahir les bureaux de LVMH avant une manifestation sauvage sur les Champs-Élysées et alentours.
Depuis la mi-février, les OS de la Ville avaient obtenu de l’employeur l’étalement des jours de retrait sur salaire (deux par mois maximum). Si quelques secteurs professionnels ou quelques sites s’étaient dotés de caisses de grève spécifiques, à la différence de 2019-2020, aucun syndicat n’avait voulu mettre en place une caisse pour l’ensemble des grévistes de la Ville, syndiqué-e-s ou non, malgré des sollicitations en ce sens lors des AG. Finalement, ce sont les grévistes en reconductible qui ont créé et géré cet outil à partir de la fin mars.
L’intérêt de créer une caisse n’était pas seulement l’indemnisation des salarié-e-s qui s’étaient mis-e-s en grève début mars mais aussi d’en inciter d’autres à la faire plus souvent. Cependant, sur ce dernier point, les difficultés de communication du groupe des grévistes n’ont pas permis d’atteindre cet objectif, d’autant que les modalités d’accès à la caisse n’ont été clairement validées que début mai. La rentrée d’argent s’est faite par des collectes en manifestations, par des dons en ligne via la plateforme intersyndicale "Caisse de solidarité" et par quelques reversements d’évènements de soutien. De façon générale, par rapport au mouvement de 2019-2020, la collecte pour les caisses de grève a été beaucoup moins pratiquée en 2023 dans les manifestations parisiennes, ce qui ne s’explique pas uniquement par le développement d’outils de dons en ligne mais peut-être aussi par la perte de pratiques militantes ou par une moindre nécessité d’indemnisation du fait de la faible intensité de la grève.
Après le 14 avril (avis du conseil constitutionnel et promulgation de la loi), l’IS nationale a fixé la journée de mobilisation suivante au 1er mai. L’IS municipale a suivi ce calendrier et, sans prévenir, a brutalement cessé la tenue d’AG sur heures d’information syndicale, sans rien proposer d’autre. Malgré ce handicap, le collectif des grévistes a continué à produire des tracts et à les distribuer dans les services, à appeler à maintenir la mobilisation en soutenant des actions sur des revendications sectorielles dans deux musées municipaux (Musée Carnavalet le 15 avril, Petit Palais le 22) et en participant à des rendez-vous interprofessionnels (notamment le jeudi 20 avec action de cheminots le matin, manifestation avec les étudiant-e-s l’après-midi et AG interprofessionnelle le soir). Parallèlement, dans le pays, le harcèlement du président et des ministres en déplacement a permis de conserver l’accent mis sur l’opposition à la loi. Les tournées de services ont montré que les collègues – même s’ils ne se mettaient pas en grève et ne rejoignaient pas massivement la mobilisation – continuaient à espérer un retrait de la loi, un point d’appui psychologique non-négligeable même si fragile. Dans cette même période, le 25 avril, 70 salarié-e-s d’un gros site parisien ont aussi adopté un texte incitant l’IS nationale à appeler à la grève générale, soutenu par trois syndicats de la Ville (un syndicat CGT, FO et SUD), mais l’initiative n’a pas eu de suites.

Après le 1er mai

Après plus de trois mois de mobilisation, la manifestation du 1er mai est restée très importante, malgré un cortège Ville de Paris moins fourni que d’habitude, du fait notamment des vacances scolaires. Le 5, avec un ton volontariste ("Nous pouvons gagner. Nous allons gagner"), l’IS parisienne a suivi les préconisations nationales, calées sur le calendrier parlementaire, en appelant à manifester le 6 juin. Puis, après les vacances scolaires, elle a annoncé la tenue de nouvelles AG à partir du 25 mai (soit plus d’un mois après la dernière datant du 14 avril) dans un tract intitulé "Casserolade générale" sans que le mot "grève" ne soit mentionné.
Le collectif de grévistes s’est associé à la manifestation parisienne du 11, portée par des organisations étudiantes et l’AG interpro 92 (dont beaucoup de militant-e-s NPA) mais l’info n’avait pas été relayée par les syndicats et la participation a à peine atteint les 300 personnes (paradoxalement, il y a quand même eu une couverture médiatique, axée sur l’acharnement de la jeunesse). À la Ville, les derniers grévistes en reconductible depuis le 7 mars ont fini par reprendre le travail dans la seconde moitié du mois avec, pour certain-e-s, plus de 10 semaines d’arrêt de travail. Ils et elles sont resté-e-s mobilisé-e-s, notamment avec la gestion de la caisse de grève et des indemnisations des grévistes.
L’essoufflement du mouvement à la Ville est marqué par la très faible participation à la nouvelle série d’AG proposée par l’IS municipale. Moins fourni que lors des premières manifestations, le cortège est resté encore dynamique lors de la manifestation du 6 juin.

En conclusion

L’expansion de la grève à la Ville n’a pas eu lieu. Si le respect de l’unité syndicale nationale a permis la durée du mouvement sur plus de quatre mois, il a également empêché son intensification. De même, l’IS parisienne n’a pas eu d’autre stratégie que de suivre le rythme des mobilisations défini nationalement. Quant au comité des grévistes les plus motivé-e-s, il n’a pas eu non plus de capacité à véritablement entraîner au-delà des manifestations "saute-mouton". De nombreux collègues ont probablement participé, à partir du 17 avril, à des casserolades voire à des manifestations sauvages – que ce soit à Paris ou à proximité de leurs domiciles (6) – mais cela s’est fait en dehors du cadre et du temps de travail. Bien sûr, on se réconfortera en se disant que le premier mérite d’une lutte est d’avoir existé mais aussi qu’on bénéficiera des liens tissés et de l’expérience pour la suite.
Début juin, le maintien d’initiatives (chasses aux ministres) et l’existence de mouvements sectoriels déterminés (Tisséo, Vertbaudet, Disney) ont montré que la colère et la combativité étaient encore présentes, même si l’information sur ces actions peut rester essentiellement limitée à des cercles militants. À la Ville, l’information syndicale sur les mouvements sociaux internes reste déjà très compartimentée : les salarié-e-s d’un secteur professionnel donné ne sont en général pas tenu-e-s au courant des mouvements sociaux des autres secteurs (ce fut encore le cas à l’automne 2022 pour la longue grève des "exclus de la prime Ségur" au centre d’action social, avec occupation d’un site pendant un mois, passée totalement inaperçue pour la grande majorité des collègues, faute de relais d’information). La manifestation du 6 juin, même s’il fallait s’attendre à une baisse de participation, n’a pas non plus été ridicule.
Si l’approche de la période estivale marque l’assoupissement des activités syndicales, il reste à voir si l’IS municipale survivra à l’été et s’il va être possible de préparer une rentrée sociale sans attendre de se poser la question le 1er septembre. Sans pour autant oublier la question des retraites, d’autres revendications pourraient reprendre de l’importance comme l’augmentation des salaires (le 12 juin, le ministre de la fonction publique a fait ses annonces sur la maigre hausse du point d’indice, une revalorisation des salaires de catégories C avoisinant le SMIC et une prime "pouvoir d’achat" conditionnée au bon vouloir des employeurs dans la territoriale.), les conditions de travail, le sous-effectif, répandu dans tous les secteurs (7), etc. Et, s’il y a de la combativité (8), il faudra voir quelles stratégies de lutte mettre en place.

Un gréviste ayant participé au comité "Ville de Paris en lutte", le 13 juin

Notes
(1) Le Supap (syndicat unitaire des personnels des administrations parisiennes-FSU) est la seule organisation à avoir fortement progressé aux élections professionnelles de décembre 2022 (devenant le troisième syndicat de la Ville – derrière la CGT et l’UNSA et devant la CFDT, qui toutes ont perdu des voix par rapport aux élections de 2018 (1000 pour la CGT qui reste cependant la première organisation)). L’Union des Cadres de Paris (qui syndique aussi des non-cadres), FO et la CFTC sont les trois syndicats minoritaires parmi les sept organisations représentatives. La CGT est constituée de syndicats de filières réunis dans un comité CGT.
(2) La crise de la CGT en 2020-2021 a laissé des traces. "Une violente crise interne déchire la CGT de la Ville de Paris", Le Monde, 27 février 2021. Un tiers des exclu-e-s de la CGT auraient ensuite rejoint la FSU.
(3) Même si la CGT n’a pas participé à l’IS, des syndiqué-e-s CGT étaient présent-e-s aux AG de l’IS.
(4) "Réforme des retraites : bilan et perspectives avec les grévistes de la filière des déchets", actualitedesluttes.info, 5 juin 2023
(5) Les incinérateurs (TIRU) du Syndicat mixte central de traitement des ordures ménagères (Syctom) à Ivry-sur-Seine, Issy-les-Moulineaux et Saint-Ouen sont respectivement exploités par Suez, Urbaser et Paprec ; la déchetterie de Romainville est exploitée par Urbaser.
(6) Environ 60 % du personnel vit hors de Paris intra-muros.
(7) Sur cette question, la CGT de la Ville organise son "bureau d’embauche" à la mi-juin, pour la deuxième année consécutive.
(8) L’IS (plus spécifiquement le Supap-FSU) envisageait deux autres RIS dans la deuxième quinzaine de juin mais, deux jours avant la première, elles n’avaient toujours pas été annoncées aux salarié-e-s, ce qui n’est pas de très bon augure.

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