CA 334 novembre 2023
dimanche 19 novembre 2023, par
Depuis une vingtaine d’années les villes sont parcourues par des véhicules diesel, hybrides ou électriques appelés des SUV (Sport Utility Vehicle ou Véhicule utilitaire sportif). De sportif et d’utilitaire, ils n’en ont que l’origine : les 4 x 4 états-uniens. Ces machins de plus en plus gros, lourds, hauts sur pattes, bourrés de puces et de capteurs, sont de véritables gouffres énergétiques et à matières premières. Ils représentent près de 50 % des nouvelles immatriculations et sont extrêmement profitables pour leurs constructeurs qui essaient d’en fourguer un max.
Revers de la médaille : ils réussissent à annuler tous les progrès de l’industrie automobile en termes d’aérodynamisme et de consommation de carburant. Ils sont beaucoup plus mortels pour les piétons et les non-SUV.
Telle une épidémie d’obésité, un phénomène identique touche maintenant les vélos. Avant, le cycliste sur un vélo – de ville, de course, tout-terrain – pédalait, forçait, suait, avait mal aux mollets (et au cul), appréciait les descentes (sans les mains, parfois), les paysages... pour arriver à destination. Avec l’essor du vélo électrique, tout cela a changé. Maintenant le cycliste électrifié et postmoderne peut en ville dépasser, en pédalant mollement, voitures, bus et cyclistes suants (on en trouve encore sur les pistes dites « cyclables »).
C’est le pied, ce vélo subventionné par les pouvoirs publics au nom du développement des « mobilités douces ». C’est le pied, ce vélo super écolo et ultramoderne (avec toute son électronique embarquée et son GPS), et c’est le signe que le citoyen CSP++ qui donne le ton des métropoles participe activement à la seule vraie transition écologique qui vaille : tout changer pour ne rien changer, mais en tout-électrique et en recyclant ses déchets verts.
Ainsi, le « Speed pedelec » file à 45 km/h et est muni d’une plaque d’immatriculation comme n’importe quel véhicule à moteur. S’il a des pédales, c’est surtout pour faire joli. Le but, c’est d’aller au plus vite sans effort ni prise en compte du terrain.
On retrouve cela, poussé à l’extrême, avec le VTT électrique, un monstre pesant entre 20 et 30 kg, tellement lourd que lorsqu’il tombe en panne on ne peut pas le pousser. C’est « un SUV à deux roues permettant de traverser l’espace sans effort (1). »
Ces « vélos » électriques sont exemplaires de la dépendance technologique construite sciemment par les fabricants (que celui qui peut réparer au bord de la route ses freins à disque hydraulique ou son changement électronique/électrique des vitesses… se signale), de la fascination pour l’emprise technologique, du refus des limites, du culte de l’esclave énergétique (2). Le tout sert à légitimer la marche forcée vers le tout-électrique nucléaire que nous imposent Etat, capitalisme et l’aliénation consumériste du « Ce qui m’est dû ».
28 septembre 2023, puissante explosion dans un entrepôt douanier à Tachkent (Ouzbékistan), où des voitures et des batteries électriques frappées par la foudre ont pris feu.
26 juillet 2023, un cargo transportant 500 voitures électriques prend feu près des côtes hollandaises. On soupçonne les batteries des voitures d’être à l’origine de l’incendie.
16 janvier 2023, incendie dans un entrepôt de Bolloré Logistics, près de Rouen, provoqué par des milliers de batteries au lithium. Pour le préfet, RAS. Pour les médecins, il faut suivre la santé des pompiers qui sont intervenus, du fait des dégagements d’acide fluorhydrique et autres saloperies.
19 juin 2023, quatre morts suite à l’incendie des batteries des vélos en réparation dans une boutique à New York.
5 juillet 2023, une trottinette électrique prend feu dans un foyer hébergeant des femmes battues à Grenoble. Une blessée.
Depuis janvier 2023, le syndicat de traitement des déchets de l’Aisne n’a plus d’assureur (3). Les assurances refusent de couvrir les décharges, car celles-ci renferment de plus en plus d’objets ou de déchets contenant des piles au lithium : cartes de vœux, vêtements, jouets, e-cigarettes à jeter, sèche-cheveux « intelligents », gadgets connectés… Et le lithium de ces piles s’enflamme au contact de l’eau, faisant multiplier par 10 les primes d’assurances.
Fin 2022, 38 blessés suite à l’incendie d’une trottinette rangée dans un appartement à New York. Plus de 200 incendies liés aux batteries lithium-ion de « petits engins de mobilité » ont été recensés dans la ville depuis le début de l’année.
Les causes : « Court-circuits, mais aussi chocs ou même températures excessives peuvent provoquer leur embrasement voire leur explosion (…). Les batteries lithium-ion présentent un phénomène d’emballement thermique qui conduit à leur embrasement spontané dès que leur température interne grimpe au-delà d’une centaine de degrés (4). » Et ce, même si apparemment l’incendie de départ semble éteint.
Pour les voitures, c’est pareil en pire, car plus le véhicule est gros et plus l’incendie est puissant, toxique et difficile à maîtriser. Heureusement, Tesla veille : « Pour une Tesla Model S, le constructeur explique qu’il faut “environ 11 356 litres d’eau déversés directement sur la batterie pour l’éteindre et la refroidir entièrement”… Tesla précise qu’en cas de départ de feu une batterie peut prendre 24 heures à s’éteindre et suggère de “laisser la batterie brûler, sous surveillance” (5). »
Le CTIF (Association internationale des services d’incendie et de secours) explique, lui, dans une série d’articles involontairement hilarants, qu’il faut jusqu’à 150 000 litres d’eau pour éteindre un feu de Tesla, mais que tout cela se maîtrise parfaitement en creusant des fosses pour y immerger le véhicule, ce qui limite les pollutions (6) !
La galopade technologique qui fait autoritairement préférer l’électrique à l’essence poserait donc d’énormes problèmes ? Le lithium et ses batteries, devenus l’eldorado de la reconversion du capitalisme et de sa prétendue décarbonation, poseraient de graves questions de sécurité, de pollutions et de santé publique ? Ces problèmes seraient aussi destinés à s’aggraver du fait du développement du tout-électrique, du vieillissement des batteries, de leur moins bonne qualité, de leur abandon dans des décharges un peu partout ? On n’ose le croire...
C’est pas grave, car c’est la société qui paiera. Ou alors, si nous voulons nous sauver, mettons le feu à Elon Musk, ses coreligionnaires, copains, coquins et concurrents.
Dans son livre La Jungle paru en 1906 et consacré à l’exploitation forcenée de la viande humaine et animale dans les abattoirs de Chicago, Upton Sinclair fait dire à un des personnages que la seule partie du cochon qui n’est pas utilisée dans les abattoirs, c’est son cri.
La foutaise du « Carburant durable d’aviation » voulu par l’Europe pour permettre au secteur aérien de laver plus vert ses activités l’illustre à nouveau. On fabrique maintenant des biodiesels dopés à la graisse animale. Ils ont plein d’avantages : meilleur rendement énergétique que les huiles végétales et un superbilan carbone pour les pollueurs d’en haut, car « le CO2 généré par tous ces animaux… reste imputé à la filière viande et pas au secteur aérien ! (7) ».
Ces carburants animaux sont aussi discrètement intégrés au diesel des véhicules terrestres. Comme en 1906, du cochon, il ne reste que le cri de plus en plus étouffé par les hurlements des moteurs.
Que font les entrepreneurs du véganisme et du « Halal way of life » face à cette situation intolérable ?
Freux et Eugene the Jeep
Notes
1. « SUVisation de la bicyclette », Ch. Mincke, La Revue nouvelle n° 2, mars 2023.
2. L’esclave énergétique est « une unité de mesure de l’énergie, comparant une consommation d’énergie annuelle avec un équivalent de production mécanique et calorifique qu’un adulte en bonne santé pourrait produire en un an » (Source Wikipedia). Il fait suite au « cheval-vapeur » des machines à vapeur anglaises.
3. « Les batteries mettent le feu aux assureurs », J.-C., Le Canard enchaîné, 14/06/2023.
4. « Voitures électriques : un nouveau défi pour les pompiers », H.-P. Penel, Sciences et avenir, 14/02/2018.
5. « Les voitures électriques, futur cauchemar des pompiers », Korii, 12/10/2020.
6. ctif.org
7. « Un cochon dans le moteur », Le Canard enchaîné, 27/09/2023.