CA 323 octobre 2022
vendredi 14 octobre 2022, par
"Depuis l’offensive du mouvement des Gilets Jaunes, la question révolutionnaire flotte à nouveau dans l’air. Mais cette offensive a été défaite. Nous avons perdu une nouvelle fois. Une question s’impose alors : comment vaincre, comment gagner ? Nous parlerons donc de la révolution, autour de deux livres : Pour un anarchisme révolutionnaire du collectif Mur par Mur et Soulèvement de Mirasol. Mais il ne s’agira pas de faire une discussion livresque sur la révolution. Aujourd’hui, et particulièrement dans le contexte de crise permanente et d’inflation galopante, l’enjeu est de parler stratégie et intervention dans une perspective révolutionnaire. Car affirmer la révolution est insuffisant. Plus que cela, c’est en général une position de repli pour les périodes de défaites. Or, l’heure est à la perspective de la victoire."
Ce texte est l’introduction au débat sur la révolution des Rencontres libertaires du Quercy de cet été, dont nous proposons ci-dessous quelques extraits.
"Depuis l’offensive du mouvement des Gilets Jaunes, la question révolutionnaire flotte à nouveau dans l’air. Mais cette offensive a été défaite. Nous avons perdu une nouvelle fois. Une question s’impose alors : comment vaincre, comment gagner ? Nous parlerons donc de la révolution, autour de deux livres : Pour un anarchisme révolutionnaire du collectif Mur par Mur et Soulèvement de Mirasol. Mais il ne s’agira pas de faire une discussion livresque sur la révolution. Aujourd’hui, et particulièrement dans le contexte de crise permanente et d’inflation galopante, l’enjeu est de parler stratégie et intervention dans une perspective révolutionnaire. Car affirmer la révolution est insuffisant. Plus que cela, c’est en général une position de repli pour les périodes de défaites. Or, l’heure est à la perspective de la victoire."
Ce texte est l’introduction au débat sur la révolution des Rencontres libertaires du Quercy de cet été, dont nous proposons ci-dessous quelques extraits.
Le collectif Mur par mur a écrit Pour un Anarchisme révolutionnaire [1] afin de reposer la question de la révolution d’un point de vue anarchiste. Ce livre a été écrit au milieu du mouvement des Gilets jaunes, c’est à dire dans un moment où se posait à nouveau cette question de « la révolution », qui avait pour ainsi dire disparu, dans un contexte de dynamique de lutte de classe.
La parution a été suivie d’une tournée militante d’un an à la rencontre de différents collectifs anarchistes ou communistes-libertaires, révolutionnaires, qui a débouché sur une brochure qui est une prolongation des débats suscités. Des précisions autour de 4 ou 5 thèmes récurrents dans les débats : ce que signifie la révolution, quel type d’intervention militante, quel rapport à la technologie ? ...
Aujourd’hui parler de révolution fait écho, car la question se pose réellement même hors mouvement, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Car la Révolution, c’est aussi un mot fourre-tout. C’est pourquoi il semblait essentiel d’affirmer que la révolution est nécessairement une destruction du Capital et du pouvoir. Surtout quand une certaine mouvance intersectionnelle revendique plutôt une reconnaissance des identités et des micro-pouvoirs, donc une reconnaissance et une intégration au Capital et à l’État.
Il est possible d’identifier le début d’un cycle révolutionnaire ici avec le mouvement des Gilets jaunes, mais qui correspond à un cycle international avec Hong-Kong, le Chili... Des mouvements qui s’observent, se répondent, et reprennent des formes semblables d’auto-organisation, d’action directe. Ce cycle qui commençait avant la pandémie semble continuer et même s’intensifier. Nous sommes entrés dans une période qui pose à nouveau la question révolutionnaire car la crise du capitalisme ouvre une fenêtre intéressante.
Dans les pays centraux l’intégration par le travail semble remise en cause : discrédit des syndicats, mouvement de désertion généralisée du travail, des mouvement émergent dans l’espace public hors des lieux de travail. Ce n’est plus la lutte des classes classique du Travail contre le Capital, mais un mouvement qui cherche davantage à attaquer le Travail, l’Etat et le Capital, ce qui est intéressant quand on porte une critique radicale du travail.
L’intégration démocratique aussi parait affaiblie : les partis sont discrédités, les organisations syndicales désertées, au moins dans les pays occidentaux, ou en tout cas ne semblent plus être les formes d’organisation des mouvements actuels. Dans ce contexte repenser une politique anarchiste d’abolition du Capital et de l’État est nécessaire.
Un des points abordé dans la brochure, est le fait que les mouvements s’observent et se répondent au niveau international, et aussi ce que pourraient faire les groupes militants dans les soulèvements, pour appuyer les tendances révolutionnaires, et renforcer cette question de la révolution.
La Brochure aborde aussi la critique de la technologie, mais selon axe révolutionnaire qui évite les travers « anar-primitivistes ». Car la critique anti-industrielle n’est pas révolutionnaire en soi, et il s’agit de refuser la technologie et la société industrielle sans rejeter la technique. Ce qui importe c’est la destruction du rapport social capitaliste pour pouvoir mettre en place, dans l’insurrection, une manière de reproduire l’existence compatible avec le communisme-libertaire, à savoir le partage, l’entraide incommensurable, et rompre avec la mesure du temps de travail comme principe de l’existence.
Il y a donc 3 axes principaux de discussion :
Comment construire une force, comment construire un projet, bien qu’il faille interroger la question du projet ? A quoi sert la propagande ? C’est plutôt dans les mouvements qu’il faut intervenir même si ça n’empêche pas d’écrire des choses qui s’adressent à des petits milieux. A la différence des anarchistes classiques qui pensaient que la promotion d’un projet fédérerait les révolutionnaires, il faut plutôt que le projet se construise avec les gens en mouvement. Il ne doit pas être construit de l’extérieur avec une méthode, l’autogestion et autres, mais émerger de la lutte.
La limite aujourd’hui c’est celle du travail car les mouvements semblent en dehors du travail. Trop souvent on attaque l’Etat mais pas la production ni le travail. Ainsi avec les Gilets jaunes, les gens ont posé des congés, pour se libérer du travail et pouvoir être dans le mouvement ! Le travail est donc une limite au mouvement alors que précédemment le travail était une donnée du mouvement. Comment intervenir maintenant, si ce n’est en attaquant le travail ?
Ce qui s’est passé au Sri Lanka est important, ils ont directement fait à manger pour tout le monde ce qui leur a permis de tenir. Comment aujourd’hui dans le contexte qui nous mène vers un affrontement, une guerre sociale probable et promise (pas sûr que la France soit concernée en premier lieux) tenir jusqu’au lendemain si ce n’est en faisant que le mouvement réponde aux besoins mieux que le travail ? La même question se pose pour l’Équateur, la Colombie, le Sri Lanka, le Soudan, le Liban le Kazakhstan....
Par exemple en Colombie ils ont repéré qu’à Hong Kong la mobilisation fonctionnait par ligne : ligne de défense, ligne offensive, ligne de soins. La manif devenait une organisation de lutte. La Colombie a ajouté une 4e ligne, celle de la bouffe. La manifestation devient une organisation en soi capable, de prendre et tenir des bouts de ville. Ce qui s’est vu aussi au Kazakhstan et qui leur a permis de prendre des aéroports jusqu’à l’intervention de l’armée Russe. Quelles interventions dans le mouvement, c’est ce qui nous semble intéressant de débattre...
Le mouvement c’est « le mouvement réel » comme disait Marx, celui qui s’attaque au capitalisme, la force qui dans l’histoire se constitue et s’affronte au capital. Dans ce monde orwellien, on a gommé les antagonismes, mais il y a un mouvement qui s’affronte à l’ordre des choses, parfois de façon spectaculaire, mais qui révèle un véritable antagonisme. Il y a suffisamment de liens entre les différents mouvements pour parler d’un seul mouvement au niveau international, même s’il n’est pas facilement réalisable
Le livre reprend tout un chapitre sur le travail, qui peut se résumer par « comment la révolution détruit et nous libère du travail ? ». Cette position s’inspire de Dauvé et des communisateurs [2]. Au delà de l’exploitation c’est le rapport social du travail, un espace temps séparé de la vie, compté, numérisé et soumis à une valeur qu’il faut détruire, pas l’activité. Le capitalisme produit un rapport social qui fait que les gens vont au travail pour avoir de quoi survivre, ce que l’autogestion ne détruit pas, car elle continue à compter et à pratiquer une activité séparée de la vie, basée sur la productivité. Il faut une activité qui permette de reproduire nos conditions d’existence sans passer par le salariat. C’est l’enjeu de la révolution.
Le Sri Lanka a mené une insurrection, mais pas une révolution car ils n’ont pas détruit le travail. Dans un premier temps c’est très facile de dépasser la force publique et de la terrasser. Les flics étaient à leur maximum en France pendant les Gilets jaunes, alors que le mouvement n’était pas au maximum. Donc en fait l’insurrection peut gagner très facilement. Ce qui sera plus difficile c’est de détruire le travail, qui assure nos subsistances, l’enjeu est là : comment le mouvement va assurer notre existence sans qu’on retourne bosser ? Il va nos falloir redistribuer les pillages et nous mettre à produire. La caisse de grève n’est pas suffisante, c’est toujours de l’argent, c’est même une limite énorme qui implique que l’économie fonctionne.
Il y a donc l’enjeu d’une production matérielle non séparée d’une production subjective. C’est un peu théorique dit comme ça, mais pour à la fois détruire l’exploitation et l’aliénation, on ne peut se satisfaire de l’autogestion et de la seule limitation de l’exploitation. Si le travail subsiste comme un temps séparé du reste de la vie, la logique de la productivité se maintient comme une force extérieure qui nous dicte quoi faire. C’est aussi cette aliénation qu’on veut détruire. Le collectivisme (la collectivisation de l’appareil productif) reste prisonnier d’une mesure individuelle de la production et donc d’une compétitivité entre individu et de l’inégalité.
L’enjeu est bien d’une production matérielle qui assure nos subsistances, et d’une production subjective de la question (Pourquoi on produit ? Qui on est ?). Comment reproduire collectivement la vie dans sa diversité sans mesure du temps de travail, c’est ce à quoi a répondu le mouvement en Colombie jusqu’à l’arrivée de la répression. Quand la manifestation devient production d’une subsistance meilleure que celle du marché (logement, nourriture), le mouvement se développe.
Le mouvement révolutionnaire a une grande limite sur la question du travail, ce qui est une force et une faiblesse. Il s’y cogne sans la dépasser. Il y a des pays comme la Colombie où les gens ne bossent pas car il n’y a pas de boulot, et on est dans des économies parallèles, informelles. Ce n’est pas la même limite. Mais la question de « comment on graille ? » se pose différemment quand on est extérieur au travail et qu’on n’a pas l’idée de l’autogestion.
Le travail, c’est ce qu’on te force à faire pour survivre. Or survivre c’est pas seulement la bouffe, mais aussi le plaisir, les loisirs, c’est aussi l’amusement, et donc le problème ce serait plutôt de généraliser le travail, à savoir que l’activité travail, puisqu’il faut bien qu’elle ait un nom, ce soit l’ensemble des activités qui nous permettent de vivre, mais en dehors du salariat, de la hiérarchie et de l’aliénation [3]. Donc que ce ne soit pas une activité séparée, mais que cultiver un navet ait la même valeur (même s’il ne faut pas utiliser le mot « valeur ») que d’écrire un poème...
Ce qui est positif dans le refus de l’appropriation du travail ans le mouvement actuel, c’est que pendant 150 ans l’antagonisme de classe a été posé comme la lutte du Travail contre le Capital. Or pour mener une critique radicale du capitalisme c’est un point sur lequel ça a butté en juin 1936 comme en mai 1968. C’est un gros problème d’analyse logique et une impasse historique. Aujourd’hui spontanément les mouvements identifient la perte de sens du travail, l’absurdité de la division internationale du travail, l’impuissance des syndicats qui engendre leur effondrement etc., tout cela conduit à penser que le mouvement actuel porte en lui une critique en acte du travail comme exploitation et aliénation [4].
Il ne s’agit ni d’un optimisme naïf, ni de prendre ses phantasmes pour des réalités, ni encore d’enjoliver la situation. Un scénario d’effondrement, une restructuration du capitalisme en mode barbare reste toujours possible, mais c’est en cas de défaite ! Alors il ne faut pas promettre que l’on va gagner, le rôle des révolutionnaires c’est de miser sur la possibilité de gagner, malgré les limites de notre cycle, mais il faut essayer de penser le dépassement et s’y atteler.
Il y a un fait fondateur à la situation actuelle : la crise structurelle du capital qui explose en 2008 et ouvre une période dans laquelle des mouvements vont émerger un peu partout et mettre à mal la paix sociale dans de nombreux pays du globe, bien avant 2016. On a cité les Printemps arabes, on peut se rappeler de la Lybie, d’Occupy wall street, de la Grèce…
L’impasse ou la difficulté, c’est que cette crise structurelle illustre et démontre l’insoutenabilité du système capitaliste, et suscite des mouvements qui rentrent en confrontation avec le système et ses conséquences. Et ce avec une portée potentiellement révolutionnaire, selon des affrontements de différentes intensités. Rien de commun entre les Printemps arabes, Nuit Debout, le mouvement des places, le Soudan ou le Kazakhstan en terme de confrontation. Il y a donc bien des dynamiques sociales et internationales qui s’exercent et qui se confrontent directement au système en place, mais fondent-elles un mouvement révolutionnaire ?
Classiquement la question de la Révolution compte deux ou trois paramètres indispensables qui ne sont pas facilement identifiable actuellement :
Nous sommes dans un processus de redéfinition et de recherche qui semble clore la période de l’altermondialisme, et enterrer sa chimère d’un capitalisme à visage humain. Mais comment favoriser l’affrontement contre l’État et contre le Capital, quand l’État reste néanmoins toujours pensé comme la planche de salut face aux excès du marché ?
A partir de là, dans les dynamiques et les mouvements qui peuvent exister, qu’est que des gens comme nous, qui se disent révolutionnaires peuvent faire et en quoi peuvent-ils intervenir pour favoriser le passage de la rébellion à la révolution ?
Il y a bien les éléments stratégiques qui sont aussi important dans la façon de lutter que dans les objectifs à atteindre, et qui font que dans un mouvement les révolutionnaires doivent toujours appuyer l’autonomie de la lutte et faire en sorte qu’elle ne soit pas au final intégrée à une logique étatique. Dans la façon de lutter il est primordial de parvenir à recréer un sentiment d’appartenance et une identité de classe, pour réaffirmer l’existence de 2 camps, au moins, alors que tout cela a été gommé par 30 ans de révolution libérale et un prétendu « intérêt commun » défendu par les réactionnaires comme par les réformistes de tous bords. Pour le dire vite, l’intervention des révolutionnaires dans des mouvements sociaux antagoniques doit être de renforcer ces antagonismes pour pousser toujours plus loin les contradictions et le niveau de confrontation, tout en parvenant à construire une identité de classe en soi et pour soi. Énoncé ainsi c’est très abstrait, mais c’est quelque chose qui peut se mener depuis les luttes les plus infimes du type « pas de ça dans mon jardin » jusqu’aux mouvements plus globaux, tant dans les luttes environnementale ou de site, que sur le terrain du salariat et de la question du travail qui n’ont pas disparues et peuvent ressurgir brutalement si la « rentrée » sociale a lieu.
Notre courant politique refuse la notion du parti dirigeant qui serait la conscience éclairée des masses. Cependant il ne faudrait pas que le refus d’avant-gardisme dans un mouvement conduise à considérer que les révolutionnaires ne font pas parti du mouvement. Parce que par définition, enfin c’est notre base, quand on participe à un un mouvement c’est qu’on est concerné par ce mouvement. Nous sommes des gens qui partagent les objectifs du mouvement, et nous n’y sommes pas par opportunisme politique. A partir du moment où je suis dans un mouvement et que je partage les objectifs et la lutte, je m’autorise à y faire de la politique. C’est à dire à développer des discussions qui concernent :
L’enjeu ce n’est pas prendre le pouvoir, mais ainsi que pouvait l’affirmer Bakounine (même si ça se discute), il faut des structures de révolutionnaires décidés, qui sont en lien entre eux, et qui sont en capacité dans les mouvements de peser dans le sens révolutionnaire. Certains peuvent craindre que ce soit de l’avant-gardisme, mais non.
Car qu’est-ce qui se passe quand les gens se mettent en lutte ? Dans les mouvements qui commencent à bouger un peu, les gens ne sont plus des individus, ils arrivent en groupe, tout le monde fait ça. Et nous parce qu’on est révolutionnaires on devrait pas faire ça : se concerter et continuer a exister comme groupe ? Et bien non.
Se concerter ça veut pas dire prendre le pouvoir et diriger le mouvement, ça veut dire échanger pour comprendre le mouvement, mais comme tout le monde le fait ! Quand on va faire une manif, avec des copains ou des collègues, quand on revient qu’est-ce qu’on fait ? On débriefe, on voit ce qui a marché ou pas. Et nous pourquoi on ne le ferait pas ? Parce qu’on est révolutionnaires ? Et bien non, il faut se mettre au moins au minimum à la hauteur de ce que tout le monde fait. C’est à dire comprendre le mouvement et dire ce qu’on veut y faire ensemble. Notre but c’est pas de prendre le pouvoir, mais de soutenir des initiatives et aussi pourquoi pas de porter des initiatives.
Et pour cela il nous faut une force. Aujourd’hui cette force on ne l’a pas trop, mais pour autant il ne faut pas regretter l’effondrement de l’ancien mouvement ouvrier, des syndicats ou des directions politiques de gauche, etc. Car tout ça c’était contre-révolutionnaire de toute façon, au contraire bon débarras.
Maintenant la question c’est que le cycle actuel, c’est un cycle dans lequel il n’y a plus la force de gauche dans laquelle les révolutionnaires peuvent être la force extrême qui va jouer le dépassement. On n’a plus ce gros bloc de gauche. En tout cas dans la rue, et en capacité de mobilisation. Là il s’est un peu reconstitué avec la NUPES, mais faut voir, car c’est plutôt l’extrême-droite qui monte. Et dans la rue qu’est-ce qu’on a récemment, c’est beaucoup plus une extrême droite extra-parlementaire qui tente l’hégémonie dans les mouvements, comme elle l’a essayé avec la résistance au Passe-sanitaire, comme elle avait essayé au début des Gilets-jaunes.
Ce cycle est un peu particulier, car il est nouveau, mais il ne doit pas nous aire regretter l’ancien. Cette nouveauté nous oblige à repenser l’intervention dans les mouvements, ce qui peut en pousser la force au maximum, et l’enjeu pour les révolutionnaires aujourd’hui, c’est d’arriver à résoudre la question que les révolutionnaires se sont toujours posés dans toute l’histoire : « Comment on pense le rapport de la révolution à notre temps ? ». Sauf qu’on est à un moment de crise du Capital et de crise de l’intégration de la lutte elle-même. Donc il faut bien essayer d’avancer des billes, et ce sera pas en tentant de prendre le pouvoir, mais en prenant des initiatives fortes, en les ralliant.
Pour cela il faudrait que l’on soit en capacité de porter des initiatives au niveau national et international, ce que nous ne sommes pas encore en capacité de faire aujourd’hui. Mais est-ce qu’on essaye d’œuvrer à cela, et qu’est-ce que ça veut dire de construire cela sans vouloir bâtir un parti et sans vouloir prendre le pouvoir ? Car c’est aussi le problème du glissement qu’il y a derrière.
Ce sont les questions du moment, et dans le mouvement les gens se les posent. Les gens veulent se rencontrer, veulent réfléchir à comment on peut gagner. A nous de se les poser aussi ces questions.
Dans L’imaginaire de la Commune [5], Kristine Ross explique comment la formidable inventivité révolutionnaire des hommes et des femmes de la Commune est le produit d’une période d’incubation dans les petits cercles et clubs de discussions politiques souterrains qui ont survécus sous le joug du second empire. Nous en sommes peut-être à cette phase de ce nouveau cycle potentiellement révolutionnaire.
Synthèse mise en forme à Saint-Nazaire, septembre 2022
Illustrations
Les illustrations de cet article sont extraites de « L’Idée » de Frans Masereel, histoire sans parole composée de 83 gravures sur bois, parus à Liepzig en 1927 et diffusé alors dans les milieux révolutionnaires allemands. Le livre a été réédité en 1984 par Nautilus, et plus récemment en 2018 aux éditions Martin de Halleux.
[1] Collectif Mur par Mur, Pour un anarchisme révolutionnaire, L’Echappée, 2021... Voir CA 315, décembre 2021
[2] Sur le courant communisateur cf Qu’est-ce que la communisation. Les écrits récent de Gilles Dauvé se trouvent sur le site doutons de tout, et sur la question du travail voir plus particulièrement son texte « Travail l’enjeu des 7 erreurs »
[3] Voir le livre de l’OCL Pour en finir avec le travail salarié , Acratie, 1997.
[4] Sur la centralité du travail voir également « Reparler de révolution, sans reparler du travail ? » in CA n° 316
[5] Editions La fabrique, 2015. Cf « La commune et ses vie ultérieures » CA n° 309