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CA 331 juin 2023

Luttes anti-autoroutes et autres aménagements nuisibles

lundi 12 juin 2023, par Courant Alternatif

Cette année les luttes contre les aménagements des territoires continuent à fédérer et prennent de l’ampleur. Celles contre des infrastructures routières sont les plus nombreuses.


Il y a un an, des journalistes de Reporterre recensaient 55 projets routiers de toutes sortes, contestés par des associations locales. Le nombre aujourd’hui n’est certainement pas en baisse. Comment s’organisent les luttes contre ces projets et quelles seraient les conditions pour gagner ?

Parmi les luttes actuelles, celle qui a focalisé l’attention est celle contre le projet autoroutier de la A69 entre Castres et Toulouse. Et il faut bien la dire dans ce sens là puisqu’il paraît que qu’elle se fera pour rendre service aux habitants du bassin Castres-Mazamet qui auraient absolument besoin d’aller plus vite à la métropole régionale (à 70km de chez eux) pour travailler, se faire soigner ou faire leurs courses. Evidemment, cette autoroute va servir d’abord au concessionnaire des travaux (NGE-Atosca) à se mettre de l’argent plein les poches, et ensuite aux industriels tarnais (Laboratoire Fabre en particulier) de pouvoir expédier leurs marchandises un poil plus vite…
L’opposition à cette autoroute est très ancienne, autant que le projet (1) et a été réactivé à la relance du projet pour se structurer autour de l’association « la voie est libre » avec l’appui du GNSA et de groupes locaux des Soulèvements de la Terre (Tarn, Tarn et Garonne). Dès février ils ont participé à la lutte. Un camping et des installations dans les arbres débutent dès le mois de mars. Il semble que la lutte est bien gérée localement et pas dirigée par des militants extérieurs.

La manif était annoncée comme familiale et pacifique, et autorisée par le préfet. Elle sera effectivement sans heurts. Cela tient en partie à la relative (2) discrétion de la présence policière, au fait que la voie sur laquelle les gens circulaient avait été déviée, à l’absence d’objectif particulier à défendre aussi probablement. On a vu les images sympathiques de cette manifestation avec un mur en parpaings symbolique et une course de caisses à savon. La manif rassembla 8000 personnes le samedi 22 avril alors qu’un mois plus tôt les organisateurs en espéraient un millier. On peut penser que, malgré les rodomontades de Darmanin, les consignes avaient été données aux forces de l’ordre pour ne pas rejouer la bataille de Sainte-Soline.
L’intérêt de ce rassemblement tient aussi dans l’assemblée des luttes de territoire le dimanche 23 : bilan de la manif, lutte contre la construction de 3 centrales à enrobés, contre le contournement est de Rouen (3) ; pour la défense de l’eau dans les Bouches-du-Rhône, et des dizaines d’autres. Les liens avec le mouvement social contre les retraites ont aussi été évoqués, ainsi que les luttes contre l’informatisation du monde avec l’association Ecran Total.
Dans la prolongation de cette discussion, rendez-vous a été donné pour se retrouver dans une réunion de convergence des luttes locales et globales. Sous le nom de « Les Résistantes » elle aura lieu du 3 au 6 août sur le Larzac.

Depuis la manifestation de la fin avril, les actions contre le projet de la A69 n’ont pas cessé. Des tentes et barnums ont été installés à Vendines pour créer un nouveau « camping des platanes » ainsi qu’un jardin sur les terres fertiles qui doivent être bétonisées. Hélas, le 24 mai
Sous la protection de la gendarmerie, le concessionnaire autoroutier a envoyé un employé ravager le jardin à la pelleteuse. Le militant arboricole Thomas Brail a été placé en garde à vue pour avoir tenté de défendre les platanes (pourtant protégés par décret).
Les luttes contre ces projets sont rarement victorieuses. Certaines peuvent l’être sur le plan juridique sans pour cela arrêter un projet (Grand Contournement Ouest de Strasbourg) (4). La seule victoire juridique complète est celle de la déviation de Beynac où la justice a ordonné la destruction par le département des travaux effectués, sous contrainte d’amende.
Du côté des victoires liées à une mobilisation de masse contre un projet d’ampleur, au niveau des routes, il n’y en a qu’une : la suspension en 2017 et arrêt définitif en 2020 du projet d’autoroute A45 entre Saint-Etienne et Lyon, autoroute qui se serait ajoutée à celle existante. La plus grosse manifestation contre ce projet avait rassemblé 120 tracteurs et 10 000 manifestants.

Toutes ces luttes, décentralisées, proches des lieux de vie et ancrées dans le quotidien sont aussi un moyen de refaire du lien et de créer de nouvelles cultures militantes, en dehors des temps de mouvements sociaux et des calendriers syndicaux. On peut en trouver un autre exemple avec l’encart ci-contre sur une réunion limousine. Que d’autres convergences se dessinent !

Alain, Limoges

(1) 2007, création de l’association « Pas d’autoroute Castres-Toulouse ».
(2) Avec quand même de nombreux contrôles et une présence forte autour de l’usine Fabre.
(3) Lieu les 6 et 7 mai d’une manifestation qui fut encore plus calme et naturelle que celle de l’A69.
(4) Une dizaine de cassation des autorisations de travaux pendant que l’autoroute se construisait, comme pour le pont de l’île de Ré

Réunion militante, champêtre et festive
A la suite de l’annonce par le sinistre de l’intérieur de sa volonté de dissoudre les soulèvements de la terre, cette organisation a appelé à créer des groupes partout. Sept groupes se sont créés en Limousin. Ils ont réussi à se connecter entre eux et appeler à une réunion en invitant d’autres groupes collectifs et association. Cette réunion a eu lieu dans un parc en bord de rivière le samedi 27. Elle a consisté essentiellement en une présentation des différents groupes : ceux des Soulèvements de la Terre, des groupes luttant contre des projets précis (mines, coupes rases, Zone industrielle, scierie ou porcherie industrielle), mais aussi des groupes luttant contre la répression, les jeunes révolutionnaires (lycéens). La partie festive était assurée par les chorales révolutionnaires. Les militants des SDLT sont pour une bonne partie déjà connus par leur présence dans des luttes. Après la présentation des divers collectifs, il a manqué un temps de débat global pour clarifier les attentes de chaque groupe. Mais les échanges informels et les prises de contact ont été nombreux et pourront faciliter des mobilisations ultérieures.

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