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CA 331 juin 2023

NON AU SNU

samedi 17 juin 2023, par Courant Alternatif

Le service national universel (SNU) promulgué par Emmanuel Macron en 2019, vise un embrigadement général de la jeunesse pour préparer la guerre. En effet, l’invasion de l’Ukraine ne déclenche pas que des super profits dans l’armement, mais aussi des angoisses patriotiques, orchestrées par les médias des oligarques tricolores.


L’augmentation de 25 % du budget de l’armée en 2023 ne suffit pas, il faut que l’école prépare les jeunes à la guerre : toute une génération de filles et garçons doivent marcher au pas avec le SNU. La France, sous la botte des milliardaires de l’armement serait en danger, la paranoïa du SNU vise à susciter des vocations de professionnels du crime.
La mise en place du SNU provoque des dérapages, d’où une récente réorientation vers des stages en uniforme sur le temps scolaire au lycée, par classes entières. Au centre SNU 87 du lycée agricole de Limoges-Les Vaseix, ont eu lieu des « classes Défense », ainsi que dans les collèges de Haute-Vienne (animées par des policiers ou des gendarmes, cherchant à recruter). Dix départements pilotes ont été désignés pour tenter de renforcer la dynamique du SNU.

Pourtant le SNU n’intéresse pas vraiment les militaires. Le 20 avril, lors d’une rencontre sur les 31416 raisons pour abolir du SNU, des membres du Collectif limousin ont évoqué Laurent Lherbette. Commandant des Forces aériennes françaises et de la zone de défense-sécurité du Sud-Ouest, ce pilote de chasse est prêt à faire balancer des bombes atomiques sur les millions de civils désarmés. Général et numéro 2 de l’état-major, il estime que le SNU ne concerne pas l’armée, qu’elle n’a pas d’argent pour faire la « garderie » de mineurs.
Les encadrants, payés par l’Éducation se recrutent à Pôle emploi, d’autres sont les anciens gradés de l’armée. Leur formation ne dure qu’une semaine. Le public comprendrait surtout des enfants de familles de militaires ou d’ultra-droite. 60 % de filles se rendraient volontairement au SNU. Le programme devrait convenir aux militaristes (Cf encart sur la journée-type).

Une valise publicitaire avec goodies est attribuée à chaque jeune Les tailles de ces vêtements siglés ne correspondent pas à la diversité des gabarits !
Les problèmes de santé n’y sont pas maîtrisés. De nombreux de malaises de jeunes n’ont pas été anticipés par des services médicaux, de l’Armée ou de l’éducation Nationale. Par exemple tout un groupe de jeunes ont été victimes d’insolation lors d’activités extérieures dans les Hautes-Alpes.
Plusieurs affaires de harcèlement sexuel ont été révélées ces derniers mois. Il s’agit surtout de comportements de militaires envers des jeunes encadrants et encadrantes (en Île de France, dans l’Hérault). En avril une mineure a dénoncé l’agression sexuelle dont elle a été victime de la part d’un encadrant lors d’un séjour de cohésion dans la Marne.
Ailleurs, on dénonce des cas de plaisanteries douteuses et remarques racistes de la part des militaires envers les encadrant·es civil·es et les jeunes.

La « Tournée expérience du SNU » avec ses "villages du SNU" qui devait se dérouler dans 25 villes du 22 mars jusqu’au 10 juin a fait face à de nombreuses manifestations. Annulations, délocalisations, casserolades, ont grippé cette caravane publicitaire à Nantes, Rennes, Caen, Dijon… Même à Versailles, le « village » n’a accueilli qu’une trentaine de visiteur·euses alors que les manifestant·es étaient plus nombreux·ses. On peut dire que l’armée a été mise en déroute par les antimilitaristes dans la plupart des villes. La dernière manifestation anti-SNU, le 26 mai à Lyon, a été un franc succès (voir photo), l’appel du CRAAM (Collectif Régional Anti-Armement et Militarisme) ayant été bien relayé par plusieurs syndicats.

La guerre en Ukraine, après celle contre la COVID (gagnée par E. Macron ?) a ouvert un climat de répression, voire de loi martiale. Dans le contexte de la mobilisation contre le report imposé de l’âge de la retraite à 64 ans, alors que les jeunes commençaient à se joindre au mouvement, Macron a préféré battre en retraite et mettre en veilleuse la généralisation du SNU.
S’agit-il d’un joujou d’E. Macron, nostalgique de la conscription (suspendue en 1999), à laquelle il a échappé ? La dérive autoritaire du SNU pue la nostalgie des bataillons scolaires du XIXe siècle et des enfants soldats sculptés par François Rude sur l’Arc de triomphe.
L’école singe l’armée dans cet ersatz de service militaire, avec le retour du patriotisme pétainiste et l’apprentissage d’une soumission aveugle aux chefs.
Pour éviter la préméditation « d’une bonne guerre », arrêter la caporalisation des mineurs et sauver la solidarité citoyenne planétaire, éliminons le fléau du SNU.

Groupe Limousin de l’Union Pacifiste
complété par A.D.

CHIFFRES (du secrétariat d’État chargé de la Jeunesse et du Service national universel) :

  • 122 centres d’hébergements
  • 2 700 encadrants
  • 40 000 volontaires en 2022, soit seulement 1,74 % de cette tranche d’âge de 2,3 millions d’individus. Objectif de 80 000 participants en 2023 : un effet d’annonce tout comme celui de 2022 ?
  • Budget 140 M€ pour 2023 (+ 30 M€ sur 2022) pour un ersatz de service militaire, mis à la charge du ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse.

Le SNU se décompose en trois phases :
• 1ère phase : séjour de cohésion de 2 semaines en chambrées non mixtes (25 % ne terminent même pas cette phase).
• 2e phase : mission d’intérêt général non rémunérée de 84 heures (soit 2 semaines)
• 3e phase : engagement volontaire (3 à 12 mois, pour jeunes de 16 à 25 ans), bénévolat ou service civil, par priorité dans les corps en uniforme (pompiers, police, armée…).

Programme d’une journée SNU (commenté par le GLUP)

  • 7 heures : réveil au clairon
  • 8 heures : salut au drapeau et chant (raciste) du sang impur qui abreuve les sillons (incitation au meurtre)
  • 9 heures : présentation des métiers de la guerre (cyber com...)
  • 11 heures : ateliers réflexes (alerter et protéger ; se déplacer en zone à risques…)
  • 14 heures : films mémoriels sur les missions des forces en uniforme
  • 16 heures : entraînement commando, stand de tir, parcours du combattant, foot, rester au garde-à-vous pendant des heures sous les aboiements des encadrants...
  • 18 heures : jeu (comment expliquer une cérémonie militaire ?)
  • 21 heures : nettoyage des chambrées avec punitions collectives, corvées de chiottes, faire des pompes…
  • 22 heures : extinction des feux dans les dortoirs.

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