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CA 336 janvier 2024

Insubordination salariale 336

jeudi 1er février 2024, par Courant Alternatif

Nous laissons dans cette rubrique une large part aux actions syndicales internationalistes qui ont tenté d’empêcher les livraisons d’armes en Israël. En février, nous reviendrons sur la grève ouvrière en cours depuis 2 ans devant le site de Chronopost à Alfortville (94).


Justice de classe

La justice a finalement condamné le 20 novembre les quatre syndicats SUD, CGT, FNCR et CFDT de Tisséo à payer ensemble une amende de 15000 euros pour avoir bloqué deux entrepôts de bus et tramway en mai dernier dans le cadre d’une grève.

Black Friday chez Amazon !

Le spécialiste américain du commerce en ligne était touché par une grève le vendredi 24 novembre dans une trentaine de pays, dont la France, les États-Unis ou encore le Japon, ses salariés exigeant de meilleures conditions de travail et de rémunérations, en plein « Black Friday ».

UBER EATS : livreurs en colère !

Les livreurs travaillant principalement pour Uber Eats étaient appelés à une grève nationale les 2 et 3 décembre pour protester contre un nouveau système de rémunération.
Selon le syndicat Union Indépendants, qui accompagne cette grève nationale avec la CGT et SUD Commerces & Services, le revenu moyen des personnes qui travaillent pour la plateforme a baissé de 10 à 30%.

Arcelor Mittal

Des salariés des sites de Dunkerque-Mardyck (59) se sont mis en grève depuis le début des négociations salariales le 4 décembre. Les salariés réclament une revalorisation salariale à hauteur de 300 euros. Mais selon la CGT, après l’échec des premières négociations, la direction du site de Dunkerque a sollicité la Préfecture pour réquisitionner cinq salariés grévistes. Une première dans l’histoire de l’usine !

Grève historique des services publics au Québec

Depuis fin novembre, l’ensemble de la fonction publique – écoles, hôpitaux, services sociaux – est à l’arrêt au Québec. Du jamais-vu depuis cinquante ans. Au total, près de 600 000 fonctionnaires ont cessé le travail ; les uns sont engagés dans une grève en continu, les autres, notamment réunis sous l’égide d’un « Front commun » constitué de plusieurs syndicats du secteur public, multiplient les débrayages.
Dans le cadre de la renégociation des conventions collectives propres à chaque branche, la question salariale est au cœur des revendications. Le Front commun réclame une augmentation de 23% des rémunérations des employés sur cinq ans.

A Ajaccio, la grève des déchets

a pris fin le 12 décembre au soir. Un protocole d’accord a été signé par la mairie, la Capa et le STC autour de la prime de pouvoir d’achat. Le STC a obtenu une augmentation de 4% sur le salaire moyen et une progression des salaires les plus faibles.

Onet au CHU de Montpellier

Après 78 jours de grève, les salariés d’Onet au CHU de Montpellier ont obtenu une prime et la fin de la traçabilité salle par salle de leur travail !
Si la négociation pour un treizième mois est toujours en cours, ils ont obtenu de la direction une prime exceptionnelle de 650 euros pour toutes et tous.
Mais ce qui avait déclenché la grève, c’était surtout la mise en place d’un système de traçabilité : les employés devaient pointer après avoir nettoyé chaque salle. Ils n’auront désormais plus qu’à badger une seule fois, à l’entrée du service.

centre de culture scientifique de Strasbourg

C’est la première fois en 18 ans d’existence que les agents du Vaisseau, le centre de culture scientifique de Strasbourg ont décidé de cesser le travail le 22 novembre. L’un d’entre eux décrit une organisation défaillante mais surtout un véritable climat de peur : « Beaucoup d’agents se sentent en situation de détresse. La direction a installé une véritable institutionnalisation de la peur. Il y a des cris dans les couloirs de manière assez régulière. Il y a des agents qui sont victimes d’agressions verbales et il y a aussi des sanctions qui sont prises de manière arbitraire. »
La direction générale des services de la Collectivité Européenne d’Alsace, dont dépend le Vaisseau, a annoncé de son côté un audit interne et l’ouverture d’une enquête administrative concernant les faits de harcèlement.

Les facteurs de Poitiers

Les facteurs de Poitiers sont en colère. Tous les lundis depuis début décembre, la plupart d’entre eux ne répondent plus à leurs supérieurs, pour alerter sur la réorganisation de la Poste courant 2024. Ils craignent de devoir distribuer de la publicité, ce qui alourdirait leurs tournées à vélo.

Les chauffeurs livreurs en hydrocarbures d'Île-de-France, sous-traitants de Total Energies, sont en grève depuis le 4 décembre. Ils demandent l'abandon d'un projet de caméras embarquées de Total Energies.

D’après les données disponibles sur le site gouvernemental, mises à jour le 6 décembre au matin, 22 % des stations-service se trouvaient en difficulté dans le Val-de-Marne, 21 % en Seine-Saint-Denis et 20 % dans les Hauts-de-Seine. Par difficultés, il faut comprendre que l’établissement était dans l’incapacité de fournir au moins un type de carburant.

Grève des sans-papiers compagnons d'Emmaüs Saint André Lez Lille

Après 147 jours de grève d’une vingtaine de compagnons, tous en situation irrégulière et qui dénoncent depuis début juillet une "traite d’être humain" et du "travail dissimulé", une vingtaine de policiers sont intervenus le 23 novembre à la Halte Saint Jean, l’entrepôt d’Emmaüs à Saint-André-lez-Lille. Selon la préfecture du Nord, il ne s’agit pas d’expulsion mais d’une opération "visant à faire cesser les troubles à l’ordre public et l’entrave à la circulation". Les compagnons grévistes sont convoqués le 27 au commissariat, ils vont être entendus un à un.
Pour rappel, le 8 novembre, le tribunal de Lille avait déjà demandé la libération et l’arrêt du blocage de la Halte Saint Jean dans une ordonnance. Six compagnons d’Emmaüs grévistes, un comité de sans-papier et la CGT avaient été assignés en justice. 
La CGT, qui soutient les compagnons grévistes, dénonce "une responsabilité" du Préfet du Nord et une "action d’intimidation". Selon la porte-parole des grévistes, deux membres de la communauté ont été envoyés à l’hôpital.

Plan social dans les transports publics à la Réunion

Le14 décembre, un protocole d’accord a été signé entre la direction et les salariés de la SPL Estival en charge du transport public dans les communes de la Cirest (Saint-Benoît, Bras-Panon, Saint-André, Salazie, la Plaine-des-Palmistes et Sainte-Rose à La Réunion). Ces derniers ont obtenu qu’aucun licenciement n’ait lieu lors du plan social à venir.
Les salariés ont pu obtenir de conserver l’ensemble des emplois de la SPL. En contrepartie, les salaires d’une cinquantaine de personnels accuseront une baisse afin de faire face aux difficultés financières de la structure. « Notre première revendication était le "zéro licenciement", indique le porte-parole de l’intersyndicale, mais les salariés ne sont pas responsables de la situation financière de la SPL Estival », martèle-t-il. Les salariés attendent maintenant d’en savoir plus sur ce qui a mené la SPL Estival à ce déficit de 3 millions d’euros de la structure. 

Les salariés des centres "Ecouter-voir" des Pyrénées-Atlantiques en grève pour la seconde fois en 30 ans !

La moitié de ces centres, gérés par Mutualité 64 (des activités d’audition, d’optique et dentaires), affiliée à la Mutualité Française, étaient d’ailleurs fermés le 18 décembre sur l’ensemble du département : à Bayonne, Cambo, Mauléon, Lons, Orthez ou Pau. La CGT dénonce un plan de licenciement et la fermeture annoncée du centre de Mauléon en 2024. 

Insubordination Salariale 21/12/23
insubordinationsalariale@protonmail.com

Actions contre l'exportation d'armes vers Israël


Suite à l’appel urgent de la fédération des syndicats palestiniens (paru dans CA 335 de novembre), nous rapportons quelques informations sur les journées d’actions internationales du 9 et 10 novembre, contre l’aide à l’armement d’Israël. Cela peut paraître symbolique, dérisoire,, mais ce sont les    outils qu’ont les travailleurs.euses pour affirmer leur solidarité de classe.    -Decaen 25 11 2023-

France

Le centre de recherche Electronics & Defense de l’entreprise Safran à Malakoff [Hauts-de-Seine], Elbitune multinationale aéronautique et militaire française, qui conçoit des drones de guerre avec la firme israélienne a été repeint en couleur vive dans la nuit du 7 au 8 décembre, en solidarité avec la Palestine, et contre le militarisme. Un tag « Désarmer la guerre, Free Palestine » est apparu sur la façade. En 2022 la France a exporté l’équivalent de 34 millions d’euros de matériel pour l’armement à Israël.

Canada

Des centaines de travailleurs.euses et de citoyen.ne.s ont fermé les sites de L3Harris à Hamilton, Toronto & Montréal, et Lockheed Martin à Ottawa, quatre usines d’armes qui commercent avec Israël. “Nous agissons en solidarité avec le peuple palestinien ici et à l’étranger, mais aussi, plus largement, contre le colonialisme et en soutien au peuple indigène de Turtle Island,” a déclaré un gréviste de L3Harris Waterdown, Canada.

Royaume-Uni

Des militant.e.s et sympathisant.e.s ont bouclé les entrées de GeoSpectrum à Dartmouth, c’est une filiale d’Elbit Systems, un des principaux fournisseurs d’armes à Israël.   
Des actions ont également ciblé les bureaux de ZIM shipping, principale compagnie de logistique israélienne, à Vancouver, et de Boeing à Winnipeg.
Plus de 400 syndicalistes ont bloqué l’entrée de l’usine de BAE System à Rochester. L’industrie britannique - qui comprend le site bloqué - "fournit 15 % des composants dans les avions de combat furtifs de la F35 qui sont actuellement utilisés dans le bombardement de Gaza".
Un millier de personnes ont manifesté devant le Ministère de la Santé et des Services sociaux au Royaume Uni, appelant à mettre fin aux entraînements militaires avec Israël et un cessez-le-feu immédiat.
Cinq personnes ont été arrêtées après qu’un groupe de manifestants pro-palestiniens a occupé le toit du parlement écossais à Édimbourg pour y accrocher une banderole : « Arrêtez d’armer Israël ». Le gouvernement britannique a livré pour plus de 400 millions de dollars d’armes à l’État hébreu depuis 2015.

Italie

Après Livourne puis Naples, ce sont les dockers du port de Gène, ainsi que des centaines d’étudiants, de pacifistes et de militants ont bloqué l’entrée du port pour empêcher le passage du navire de la ZIM et ont manifesté en solidarité avec le peuple palestinien, devant les bureaux de ZIM, avec le slogan « la guerre commence ici » « nous arrêtons les navires de la mort ».

Australie

Des syndicalistes ont empêché le chargement d’une livraison de l’entreprise ZIM à Narrm/Melbourne.
Des travailleurs.euses ont établi une incroyable ligne de solidarité à travers la terre - la mer pour perturber la livraison de la compagnies maritimes de l’apartheid ZIM, dans le port de Sydney, y compris en utilisant des jet-skis.

Perturbation des livraisons de la compagnie ZIM dans le port de Sydney

États-Unis

Des syndicalistes et des militant.e.s ont manifesté devant les bureaux de Raytheon, un des nombreux fabricants d’armes ayant leur siège dans le sud de la Californie, pour exiger que le gouvernement des États-Unis appelle à un cessez-le-feu, à la fin des contrats militaires privés entre Raytheon et le département de la Défense, et que les États-Unis cessent d’armer l’État hébreu.
Des syndicalistes et des manifestant.e.s ont fermé le site de fabrication d’armes de Colt à West Hartford, Connecticut, qui fournit des armes pour la guerre génocidaire d’Israël à Gaza.

Espagne

Des travailleurs.euses d’Airbus, Getafe, Espagne, ont manifesté à l’intérieur de l’usine avec une banderole disant “Les travailleurs.euses Airbus sont solidaires de la Palestine, non aux ventes d’armes à Israël.”
Des syndicalistes et des militant.e.s ont manifesté devant la mine de Israel Chemical Limited (ICL). Ils elles dénonçaient le rôle de l’entreprise dans les massacres perpétrés à Gaza. ICL fournit Monsanto (maintenant Bayer) en phosphate pour la production de phosphore blanc vendu ensuite à Pine Bluff Arsenal (PBA).
Des syndicats représentant tous.tes les travailleurs.euses du port de Barcelone ont signé l’appel des syndicats palestiniens, déclarant qu’ils ne transporteraient pas d’armes en direction Israël et qu’ils demandaient un cessez-le-feu immédiat.
En réponse aux Journées d’Action, Kayed Awad, le secrétaire général du Syndicat Palestinien des Transports a déclaré : “Nous saluons les dockers à Barcelone, Gène, ainsi que les ouvriers.eres du transport en Belgique pour avoir refusé de transporter et de manipuler des armes utilisées pour commettre des crimes de guerre à Gaza, et pour avoir appelé tous les syndicats qui militent pour la liberté et la justice à en faire de même. Les syndicats ont le pouvoir d’influencer et d’empêcher le commerce d’armes ainsi que les crimes de guerre commis en ce moment à Gaza. Longue vie à la classe ouvrière”.
“Les travailleurs.euses palestinien.ne.s sont en première ligne à Gaza, sauvant des vies et prenant soin des communautés au milieu des bombardements incessants et des crimes de guerre israéliens. Nous poursuivons notre devoir et nous saluons chaleureusement celles et ceux qui agissent et travaillent sans relâche pour empêcher le commerce d’armes avec Israël.” a déclaré Samira A.A. Hasanain, membre du Syndicat Général des Travailleurs.euses du Service Public – Gaza (et membre du CA du Syndicat Général des Femmes Palestiniennes (GUPW).              
« Les syndicats palestiniens remercient tous.tes celles et ceux qui ont participé aux Journées d’Action des 9 et 10 Novembre pour mettre fin aux ventes d’armes à Israël. Chaque groupe qui bloque une usine d’armes ou empêche une livraison d’armes sauve des vies.” a déclaré Nadia Habash, Présidente de l’Association des Ingénieur.es de Palestine.

Pour plus d’info :
agencemediapalestine.fr/blog/2023/11/13/des-syndicats-de-six-pays-differents-empechent-les-ventes-darmes-a-israel/

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