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CA 331 juin 2023

La répression, adjoint du capital

mardi 13 juin 2023, par Courant Alternatif

La répression par l’Etat français contre les populations est dénoncée à divers niveaux par les ONG nationales et internationale, voire par certains Etats et institutions. Mais de quelles formes de violences et de répression s’agit-il ? Comment en tant que révolutionnaires s’organiser pour que toutes les formes de répression et toutes les victimes soient prises en compte ?


Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a principalement dénoncé les violences policières et les discriminations à l’égard des migrants. Les Etats-Unis et la Tunisie ont dénoncé les discriminations raciales ; la Chine s’est attaquée aux lois françaises sur l’immigration. Le Brésil, le Japon et l’Afrique du Sud ont dénoncé le ciblage de certaines populations par les policiers et les contrôles au faciès.
Les violences policières lors d’opérations de maintien de l’ordre et les manifestations ont été par de nombreuses délégations : Suède, Norvège, Danemark, Liechtenstein, Luxembourg, Malaisie, Russie, Venezuela et Irani. Au niveau des réponses de la délégation française, Sabrine Balim, conseillère juridique du ministère de l’Intérieur, a défendu contre les évidences que « l’usage de la force est strictement encadré, contrôlé et, en cas de faute, sanctionné ». Elle a également répondu que les forces de l’ordre avaient obligation de porter un numéro d’identification individuel « afin d’assurer une visibilité et traçabilité de leurs actions ». Tout·e manifestant·e français·e peut témoigner que cette obligation n’est pas respectée.

Les serviteurs du capitalisme assurant le pouvoir actuellement en France assument pleinement leur tâche de répression des mouvements sociaux. Il y a tout d’abord les violences policières contre les manifestant·es (que ces manifestations soient dans le cadre de mouvements sociaux ou de défense de biens communs, de territoires), violences avec utilisation d’armes de guerre prétendument « non létales. Il y a aussi la surveillance et la violence quotidienne contre les populations de certains quartiers populaires à l’aide de contrôles au faciès, de voitures renversant des suspects et d’armes qui partent trop vite. Il y a enfin la surveillanceii, l’arrestation et la traduction en justice de personnes ayant commis une destruction de bieniii, ou ayant, selon les polices secrètesiv, une intention de le faire (Tarnac, 8 décembre, 15juin…)

Ce que l’on peut constater d’une façon générale, c’est que les comités de soutien qui se créent dans les deux dernières catégories se situent généralement au plan individuel : comités soutenant la famille d’une personne décédée des suites de la violence policière, comités soutenant une personne ou un groupe de personnes de l’arrestation au procès… Dans le cas des victimes racisées, il y a parfois des tentatives de dénonciation plus globales ; elles dépassent rarement le niveau du quartier, mais il peut y avoir des exceptions. Le meilleur contre-exemple étant la manifestation organisée 2 juin 2020 par le Comité Adama qui a réussi à rassembler plus de 20000 personnes en manifestation contre les violences policière. Il faut dire que c’était un an après la fin du mouvement des gilets jaunes et peu après le premier confinement ; il y avait beaucoup de personnes qui voulaient dénoncer les violences policières et le contrôle étatique subis.

Face à la répression, des comités de soutien se montent par rapport à certains cas, des collectifs antirépression à visée plus générale se créent ou se réactivent, des légal-team interviennent dans les manifestations pour conseiller, aider les personnes mises en cause à connaître leurs droits et se défendre, des ONG font des rapports d’observation, des associations dénoncent la surveillance généralisée.
Comment ces différents groupes s’organisent-ils et communiquent-ils pour rendre plus efficaces ces actions complémentaires face à la répression ? Comment faire en sorte aussi que tous ces groupes prennent en compte toutes les victimes de répression ?

Il existe un outil de production et d’échange d’informations : le Rajcolv Réseau d’autodéfense juridique collective. Il relie une quinzaine de groupes au niveau national, ce qui reste peu. La plupart des nouveaux collectifs qui se créent apprennent « sur le tas » avec l’aide de certains avocats et en créant leur propre matériel d’information.

A titre d’exemple, suite aux violences policières et aux arrestations lors des manifestations de ce printemps à Limoges, s’est créé le Collectif anti répression 87 est officiellement lancé. L’objectif du collectif est de « lutter contre la répression de l’Etat et la violence policière dans le département de la Haute Vienne et de tenter de venir en aide à celles et ceux qui sont victimes de cette répression ». Il regroupe des individus et des organisations.
Le collectif souhaite assurer des missions d’observation, des actions de prévention (guides, ateliers), des actions de soutien aux personnes victimes de violences d’Etat, des actions de communication pour dénoncer les violences d’Etat.
Malgré la bonne volonté des membres du collectif, il devient opérationnel au moment où les manifestations se raréfient. Il servira au moins pour le soutien des personnes traduites devant la justice (en Haute-Vienne, les convocations vont de juin à octobre).

Le plus important reste d’arriver à échanger entre comités d’origine différentes pour lier l’ensemble des problèmes. Une tentative aura lieu le 17 juin en Haute-Vienne avec une table ronde regroupant le Comité 15 juin (invitant), le collectif antirépression87, le comité de soutien aux inculpés du 8/12, le collectif Sisme, la Quadrature du Net. Le tout avec les éclairages de deux auteurs : l’essayiste Pierre Douillard et le sociologue Michel Kokoreff.

AD Limoges

Compil de Soutien
Une compil’ de punk internationale en soutien à Serge et Micka, tous deux gravement blessés par les flics lors de la manif’ contre le projet de méga-bassines à Sainte-Soline il y a deux mois.
Elle regroupe des morceaux de différents groupes punks La fraction, Catharsis, Pirireis, Hiatus, René Binamé, Utopie, Accidente, Gurs, 1981, Petrograd et Grit.
Pour le moment, on peut la trouver là : https://pasuneminutedesilence.bandc...
Des cassettes avec livrets et des CD devraient être disponibles vers le 15 juin.
Les commandes peuvent être faites dès maintenant via cette adresse :
cybergod@stonehengerecords.com

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