CA 344 novembre 2024
jeudi 28 novembre 2024, par
Samsung Electronics s’est établi en Inde en 2007. Elle y a deux usines : une à Chennai (anciennement Madras) qui fabrique téléviseurs, frigos et lave-linges ; l’autre à Noida, dans la banlieue de New Delhi, qui est depuis juillet 2018 la plus grande usine de fabrication de smartphones au monde. L’usine de Chennai a 1 700 employés permanents. Elle dispose officiellement de deux équipes travaillant neuf heures, la première de 8 heures à 17 heures et la seconde de 20 heures à 5 heures. En réalité, tous les employés travaillent au moins onze heures par jour, quatre jours par semaine, et gagnent en moyenne l’équivalent en roupies de 300 dollars (soit 270 euros). En 2023, l’augmentation annuelle a été l’équivalent de 41,76 dollars. Celle de 2024, annoncée en mai, équivaut à 29,83 dollars, et seul un petit nombre de travailleurs permanents l’a reçue dans son intégralité. Les salaires annuels les plus élevés des employés varient de 596,58 à 656,23 dollars.
Depuis le 9 septembre 2024, 1 500 employés permanents de l’usine étaient en grève. Ils réclamaient que leur syndicat nouvellement formé, le Samsung India Labour Welfare Union (Silwu), membre de la puissante organisation syndicale CITU, soit reconnu officiellement par l’entreprise. Ils demandaient aussi une hausse des salaires, ainsi qu’une amélioration du temps de travail. Samsung a poursuivi le Silwu devant un tribunal de district, demandant une injonction temporaire pour empêcher les slogans et les discours syndicaux à l’intérieur et autour de l’usine. Le juge s’est contenté d’appeler à une résolution rapide du litige. Samsung Electronics a averti les grévistes qu’ils ne recevraient pas de salaire s’ils continuaient à protester et qu’ils risquaient d’être licenciés, ce qui a eu pour effet d’accentuer le conflit. Le courriel de la direction disait en effet : « Vous n’aurez pas droit à un salaire à partir du 09/09/2024 jusqu’à la date à laquelle vous vous présenterez à nouveau au travail sur la base de “No work no pay”. » Cette grève était la première chez Samsung Electronics en Inde, mais, depuis juillet, plus de 30 000 travailleurs du groupe Samsung ont fait une série de grèves en Corée du Sud.
Les travailleurs de Samsung Electronics en Inde ont mis fin à leur mouvement au bout d’un mois après être parvenus à un accord. La direction « a annoncé plusieurs mesures sociales dans l’intérêt des travailleurs », selon un communiqué de T.R.B. Rajaa, ministre de l’Etat du Tamil Nadu.
Sources : Le Monde, Révolution permanente, World Socialist
A quelques semaines de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, quelque 45 000 dockers se sont mis en grève le 1er octobre, dès l’expiration d’un accord social de six ans. Ils trouvaient « inacceptables » les propositions financières faites par l’Alliance maritime des Etats-Unis (USMX), qui représente les employeurs de 36 ports disséminés le long de la côte est et du golfe du Mexique (depuis 2023, les ports de la côte ouest sont couverts par un accord social distinct qui leur interdit de faire grève). Ce débrayage, le premier depuis 1977 (44 jours), concernait environ 25 000 adhérents du syndicat ILA (International Longshoremen’s Association), sur les 85 000 syndiqués qu’il a dans ces 36 ports – travaillant dans les terminaux de conteneurs et de chargement de véhicules roulants. Les revendications portaient sur les salaires et les protections sociales, ainsi que sur l’interdiction de toute automatisation dans les ports.
Le syndicat demandait 77 % d’augmentation sur six ans (les employeurs proposaient 50 %), mais pourquoi revendiquait-il une telle augmentation ? Selon le ministre des Transports Pete Buttigieg lui-même, les transporteurs maritimes ont vu leurs résultats bondir d’environ 350 % en dix ans, tandis que les salaires des dockers ont augmenté de seulement 15 % sur la même période. L’ILA et l’USMX ont annoncé dès le 3 octobre l’arrêt de « toutes les actions syndicales en cours » et la reprise du travail. Ce dénouement rapide est intervenu « après que les employeurs portuaires ont proposé une augmentation de salaire de 62 % sur six ans ». « Les parties ont également convenu de prolonger le contrat-cadre en cours jusqu’au 15 janvier 2025 », le temps de « négocier toutes les autres questions en suspens, y compris la demande du syndicat d’interdire toute automatisation dans les ports ».
Sources : Courrier International, RFI
Les 33 000 salariés en grève depuis mi-septembre aux usines de Renton et d’Everett ont rejeté, le 23 octobre, à 64 % l’accord de principe auquel étaient parvenus 19 octobre la direction et le syndicat IAM (Association internationale des machinistes) grâce à l’« aide » apportée par la ministre du Travail Julie Su. Dans cet accord, la direction proposait une augmentation de salaire de 35 % sur quatre ans – nettement supérieure à sa précédente offre (25 %), mais inférieure aux 40 % réclamés par IAM ; et le rétablissement de l’avantageux régime de retraite supprimé en 2008 n’était pas prévu.
Les travailleurs de Boeing ont déjà été rejoints par 5 000 travailleurs de Textron Aviation à Wichita (au Kansas) et 500 travailleurs de l’aérospatiale d’Eaton à Jackson (dans le Michigan). A l’instar de Boeing, Textron est un fournisseur clé de l’armée américaine et produit également des avions civils des marques Cessna et Beechcraft. Boeing fabrique aussi des armes, et beaucoup : c’est la quatrième entreprise d’armement au monde – et la première, ces dernières années, dans la fourniture d’armes à l’Etat d’Israël –, et la fabrication d’armes représente 44 % de son chiffre d’affaires total. La direction de Boeing a annoncé une réduction dans les prochains mois d’environ 10 % de ses effectifs mondiaux, ce qui devrait affecter autour de 17 000 emplois. Les mesures de chômage technique partiel qui ont été mises en place, depuis le 20 septembre, pour préserver la trésorerie du groupe pendant la grève concernent toutes les catégories de personnel – hormis les grévistes – et affectent, par roulement, plusieurs dizaines de milliers de personnes. Affaire à suivre.
Sources : Le HuffPost, AFP, France 24, RFI, Left Voice, World Socialist.